Retromorphosis - Psalmus Mortis

Chronique CD album (42:13)

chronique Retromorphosis - Psalmus Mortis

Des génies de la com sous-terraine, ces Retromorphosis. Je ne crois pas avoir le souvenir d'un mail promo pour nous le streamer, ni d'un post sponsorisé sur les réseaux sociaux... Mais rhoa, quoi ; bientôt quatre mois qu'ils trustent les tops de mon radar des sorties sur Spotify, les gnaces. Résultat : une moyenne (parfaitement bullshit mais y a l'idée) de 20-25 000 streams sur ladite plateforme pour le premier album de cet énigmatique quintet de techdeath suédois formé en 2025. Balèze, Blaise !

Eh bien on pourrait trouver à cet étrange phénomène un petit début d'explication en se penchant sur le line-up du groupe en question, composé de quatre des cinq membres aux commande de feu Spawn Of Possession. Qui a splitté, rappelons-le, en 2017. Et vu que ça me prendrait trois paragraphes de lister l'intégralité de ce dans quoi ils ont pu tremper sur l'ensemble de leur carrière, voici généreusement offert un screenshot à cet effet :

 

Listing de groupes. Beaucoup.

Par voie de conséquence, la première question à se poser toucherait aux affinités qu'entretient Retromorphosis avec les cendres sur le groupe desquels il a émergé. Psalmus Mortis ne sera-t-il, au plus grand des finals, qu'une continuation de la triplette d'albums de Spawn Of Possession (que je n’aime pas, au demeurant) ? La patte des double-pédales de KC Howard (j'allais lister son CV mais jviens de me souvenir du screenshot que je vous ai laissé. Faites un p'tit effort quoi, bande de fainéants !) martelées sur les caisses aussi grosses que son talent pour les martyriser apportera-t-elle une dimension nouvelle aux frasques techdeath de la bande à Jonas Bryssling ?

Spoilers : oui et non.
Aux deux questions, s'entend !

Forcément déjà, nonobstant toute la meilleure bonne foi du monde, celle qui ferait douter a Sylvain Durif de son grade de Christ Cosmique, faut voir que quand un jeune groupe dont quatre des membres d'une formation d'origine ayant splitté pour cause de – raison officielle – « plusieurs problème, notamment du fait qu'on s'est rendu compte de notre incapacité à mener à terme aussi bien un album masterclass que quoi que ce soit d'autre avec SoP » se forme en temps de COVID (ahaaa, vous l'aviez oublié hein çui-là ?), il pouvait potentiellement y avoir un genre de manque à combler. Qu'on – moi, vous lecteurs, la CoreAndTeam, Retromorphosis eux-mêmes, Dieu ou encore Chuck Norris – le veuille ou non, il y aura forcément un peu de Spawn Of Possession dans le bousin.

 

Ce qui, à mon propre grand étonnement, donne finalement toutes ses lettres de noblesse à Psalmus Mortis. Il faut dire que le riffing technique dans lequel se vautrait le grand frère en question d’album en album suintait d’une crasse auditive, assez gerbante en plus de devenir redondante, qui le faisait dangereusement flirter avec le slamming death. Si Retromorphosis n’en a pas fait table rase (« Never To Awake » et ses inflexions presque liquides), le groupe les édulcore dans une sauce de breakdowns infiniment mieux maîtrisés et largement plus digestes. Et surtout en colorant son premier skeud d’une splendide défouraillerie de mélodies palm mutées (« Retromorphosis ») plus death brutal que nature. Y a quand même déjà un sacré progrès dans l’identification des sonorités.

 

Et pas que, rassurez-vous ; si discrètes soient-elles, les petites touches symphoniques que Spawn Of Possession parsemait ça à là dans ses compos profitent elles aussi d’un équilibrage à la mesure de la confirmation de ses singularités. Ainsi, « Vanished » disperse ses doigtés de piano et même ses chœurs orchestraux dans une alchimie de brutalité perturbante, ponctuée d’un solo de gratte chuckshuldiniesque à coller la trique au zombie d’Alain Robbe-Grillet.

 

Sur absolument tous les plans, Retromorphosis s’impose comme l’héritier le plus méritant de Spawn Of Possession, le genre de fils à papa bien studieux à la fac qui se fait un devoir de prendre la succession de l’entreprise familiale. Ce qui jamais ne l’empêchera de s’évader un soir sur trois pour décapsuler une binche ou deux avec les dents en compagnie des joyeux drilles tamponnés lors de ses premiers pogos. Season Of Mist oblige, la production est impeccable, et insiste ainsi mieux sur la pugnacité entêtante de blast beats fulgurants et accrocheurs, à te faire lacérer l’écorce d’arbre la plus proche en plein milieu de ton parcours d’acrobranche. Cryptopsy, Dying Fetus et Disentomb ne sont jamais très loin du flamboiement rythmique et sensoriel qu’impriment les compos fracassantes mais non moins jouissives de Retromorphosis (« Exalted Splendour »). En termes purement tech death, le tempo des guitares enchaîne des floppées d’accords sur des hauteurs dignes de l’Himalaya, fondant ses aspérités techniques et mélodiques en un fascinant patchwork d’intensité musicale de tous les instants (« The Tree »).

 

Quand je pense que, s’il connaissait vraiment mes goûts, mon algorithme Spotify était censé imprimer le profond dédain que j’éprouve envers Spawn Of Possession, il aurait dû en toute logique me tenir loin de ce qui n’en est rien de moins que le petit frère portant aux nues son aîné de toutes les manières que ce soit. Ainsi n’oubliez jamais, les amis, que l’élève bien entraîné peut toujours dépasser le maître s’il s’en donne les moyens… En la personne de KC Howard, on dirait bien que Retromorphosis a ouvert la boîte de Pandore. Ou trouvé l’Arche d’Alliance ou je ne sais quelle connerie archéologique porteuse de moult secrets interdits. Après, si ça ouvre à ce genre de monstres de technicité mirobolante (« Machine » et ses neuf minutes de pure démonstration de déchaînement auditif), il y a de quoi relativiser les malédictions censées s’ensuivre. J’dis ça, j’dis rien ; à part le Covid, l’alliance Trump-Musk, le réchauffement climatique et la guerre en Ukraine ou en Palestine, je ne vois rien de significatif avec quoi la naissance du groupe en 2020 pourrait coïncider…

 

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La chronique, version courte© et en vidéo, disponible sur Instagram et TikTok !

photo de Aldorus Berthier
le 26/03/2025

11 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 26/03/2025 à 10:33:39

Oh le joli petit lien de fin de chronique qui va bien !! :)

Perso j'ai beau aimer le Death technique, j'ai toujours eu un peu de mal avec le manque d'aération de groupes comme SoP. Et les tentatives d'écoutes rapides que j'ai faites de ce rétro mofo n'ont guère être plus concluantes...

Black Comedon

Black Comedon le 26/03/2025 à 11:34:52

Je dois bien avouer que c'est un peu compliqué de faire un commentaire sur ce genre de Chronique, devoir réécouter tout SoP, puis Retromorphosis pour être cohérent dans mes propos et répondre factuellement et non pas sur base de mon ressentie. Je n'ai jamais vraiment considéré SoP comme un groupe indigeste, ultra technique ça s'est sur, mais pas au point de les ranger dans la case des groupes dont seul le titre permet de différencier les morceaux, mais peut être que ceci n'est qu'un point de vue fantasmé et idéalisé, suite à l'ennui profond que m'a procuré l'écoute du dernier Obscura.

Je me permets malgré tout de faire une remarque sur la chronique en elle même, très bien écrite évidemment, mais je trouve ça un poil ironique de pointer la complexité, artificielle ?,d'un groupe en écrivant une chronique aussi alambiquée. Je ne suis pas un littéraire c'est d'ailleurs la raison pour laquel chaque commentaire est une épreuve, mais dis donc elle est touffu cette chronique !

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 26/03/2025 à 12:52:10

@lapin Les mêmes liens a suivre en fonction des aléas de ma création de contenus, cher collègue-dont-décidément-je-pique-honteusement-le-fruit-de-quinze-ans-de-rédac... Allez j'abuserai pas non plus du copyright ;)

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 26/03/2025 à 12:56:05

@Comedon Arf ça prouve un peu l'étendue des efforts qu'il me reste à faire pour être au mieux de mon intelligibilité... Promis, j'y travaille !

A minima j'espère au moins que ma position sur ce skeud est assez claire ? 

el gep

el gep le 26/03/2025 à 13:52:32

Moi j'essaie même pas d'être intelligible, j'en ai rien à carrer, suis pas un littéraire non plus, p't'être, ahah.

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 26/03/2025 à 14:01:54

@gep Ah bah moi ayant fait sept ans d'études littéraires, le moins que je puisse faire c'est assumer...
Et c'est même pas ce qui m'empêche de trouver la plupart de tes chroniques meilleures que les miennes ; comme quoi, le talent ça se trouve ailleurs que là où on serait le plus en droit de s'attendre à le trouver !

el gep

el gep le 26/03/2025 à 14:06:11

Arrête voir t'exagère !

(en vrai chuis un ''littéraire'', j'déconnais)

Pingouins

Pingouins le 26/03/2025 à 15:09:36

Pour le coup j'aime beaucoup Spawn of Possession, mais j'ai beau avoir écouté quelques fois cet opus de Retromorphosis, y'a un truc qui manque quelque part pour moi, je le trouve bien foutu mais un peu sans âme. Faut que je le réécoute, mais du coup je suis bien content que tu te sois collé à la chronique à ma place !
Par contre d'accord avec toi Black Comedon, le dernier Obscura est particulièrement boarf/10.

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 26/03/2025 à 15:29:40

Ah bah vous me faites me sentir moins seul côté Obscura... J'avais peur d'avoir viré vieux con :/

Black Comedon

Black Comedon le 28/03/2025 à 13:01:35

@Aldorus : J'ai compris que SoP c'était pas ta came , et que donc Retromorphisis ça allait dans le bon sens !
T'es plaisant à lire, parfois ça va un peu loin pour que je comprennes à la première lecture, mais comme dirait Doc Gynéco 'je ne m'exprime que pour ceux qui cherche à me comprendre" et je cherche à comprendre !

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 30/03/2025 à 20:55:03

@Comedon Je dois dire que ça résume bien ma méthode d'écriture x) J'espère dans tous les cas, toute appréciation extérieure mise à part, que le présent album t'a apporté pleine satisfaction 👌

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