Serpent Venom - Carnal altar

Chronique CD album (56:04)

chronique Serpent Venom - Carnal altar

Serpent Venom s'avance comme un digne héritier de Black Sabbath, dont la vertu s'arrête là où leur âme a lâché prise dans les mains de l'ennemi, le malin, le grand Satan. En effet, il est rare de trouver un groupe qui reprenne aussi bien les clichés des films de la hammer et de leurs dérives Sataniques. La mise en scène est donc à la messe noire, et le visuel vient compléter cette vision macabre et kitsch à la fois, cela va jusqu'à la dernière page du livret, immitant la dernière page d'un magazine où sont publiées des annonces bidons sorties tout droit d'un Halloween sur leur livret, un peu comme on en faisait sur les vieux magazines des 70's.

 

Arrêtons nous un instant sur l'aspect graphique de l'objet : il s'agit d'un livret de taille type DVD, en gros des feuilles A4 (mais épaisses) pliées en deux, et c'est seulement à la dernière page que l'on trouve le CD. L'effort pour la mise en forme est là, et il exagère gentillement sur l'aspect vintage : le livret semble déjà abîmé alors qu'il arrive neuf dans mes mains... C'est un peu comme ces jeans faussement vieillis que l'on vend à prix d'or en fait. Mais le pire dans tout ça, c'est qu'il s'avère inutile de m'abîmer à l'avance un disque, je sais très bien le faire moi-même !

 

Et encore, je le fais même pas exprès.

 

La musique quant à elle se veut Doom avec un grand D, lente, incantatoire et poussiéreuse, culte. Black Sabbath, mais aussi Coven sont en arrière plan, Iommi surveille de près les riffs et Ozzy braque le chanteur pour qu'il imite sa signature nasillarde. Oui ces gars sont de Londres, et cela dégage toujours chez moi une forme incompréhensible de respect dû au prestige de ce pays et des groupes légendaires qui en sont sortis. Mais concernant Serpent Venom, je dois bien reconnaître qu'ils font figure d'outsiders, encerclé par l'ombre d'un omniprésent Electric Wizard, et au final il ne se dégage pas grand chose de particulier dans ce Carnal Altar, les structures de morceaux sont bien trop basses du front, les riffs me font penser au premier album de The Wounded kings, perdus dans une rythmique binaire interminable, et le son, se voulant soigné mais fort à la fois, ne gagne mon estime qu'uniquement lors des trémolos rajouté par les guitares aux passages plus épiques, donnant ce côté mélodieux bienvenu dans cette soupe de poussière.

 

D'où toute la difficulté qu'il y a à retransmettre quelque chose de vieux dans du neuf ; en effet, toute la question est là, faut-il abîmer l'objet et la musique, faut-il accélérer leur vieillissement pour obtenir un aspect vintage et donc authentique ? Casser pour créer ? Je vote contre, cela ne me semble pas logique. Car l'on souhaite créer du vieux, c'est bien cela l'idée n'est-ce pas ? Soit. Cela dit, si l'on considère ce qui est vieux, vintage, par exemple ce magnifique album de Neil Young, Harvest, eh bien à l'époque où il a été enregistré, on souhaitait alors le faire de la manière la plus propre possible, la plus lisse et belle qu'il soit. C'est uniquement après, avec les années, que les coins de la pochette s'écornent, brunissent, que ces cracs sur le vinyle apparaîssent, ce qui donne à l'oeuvre cet aspect poussiéreux, authentique... Inutile donc de forcer sur l'aspect et le son, cela viendra naturellement... Ou pas !

 

Un album trop long au vu de son contenu, un objet soigné cependant, mais surtout une éternelle marque de sous-groupe gravée sur leur front, représentative de l'actuelle exploitation vintage du Doom. Je vois mal comment ce groupe peut proposer quelque chose, sinon de nouveau et d'original, au moins de fort, d'expressif, de marquant. L'avenir le leur dira sans doute dans une partie de Tarot.

 

 

Achat ou pas achat ? Pas achat.

photo de Carcinos
le 21/01/2013

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