Sieur Et Dame - Amour et Papouasie

Chronique Vinyle 12" (37:15)

chronique Sieur Et Dame - Amour et Papouasie

Sieur et Dame, qui nous occupe aujourd'hui, aurait vu le jour dans le dernier râle de plaisir d'une couchette moite, au fin fond d'un camping de vacances. Entre l'apéritif dominical qui s'attarde et en fond sonore, la rediffusion des cinq épisodes de Plus Belle La Vie provenant de la salle commune libérée par le taulier du parking des triangles à toile. Les plus beaux prémices d'un roman d'amitié qui commence...
Nous sommes en 2005, lorsque le couple se déforme et que le duo musical se forme. Une éternité, quelques apparitions sur des compilations de la maison-mère nantaise, un premier jet et un vrai premier album plus tard, on les retrouve, plus auteurs que jamais dans cette livraison 2013 qui répond au doux nom de Amour et Papouasie.

Voilà bien un album de musique où le sujet principal est si insaisissable qu'il amène, l'auteur (ma pomme en l’occurrence) à prendre des chemins détournés pour essayer de vous raconter cette pièce. Oh, il y' a bien de la batterie, un peu de guitare, des claviers et même des reprises, mais bon...

 

Rock- Addict depuis 1984, je me dois une remise en question sérieuse sur ce qui fait ce disque m'habite à chaque écoute. Oui, je vous raconte ma vie et alors ! J'ai bien commencé par vous plonger dans la leur. C'est juste que tout ce disque en transpire... de la vie. La faute aux moyens chiches utilisés pour construire la pièce ; aucun effet de studio malvenu, non, on navigue dans le brut, dans le cru. Et de réussir, à mon sens, le grand écart entre le réel nu et la fantaisie la plus habillée. Ce disque est terrifiant de justesse.
Il est fort à parier que la plupart des raconteurs de disques vont aussi se sentir obliger de parler de leur passion, de leurs amours, de leur sexe ; histoire de faire des effets stylistiques pour dissimuler maladroitement le silence chaleureux qui accompagne la fin de l'écoute de cette pièce fascinante.

 

C'est du côté des italiens d' Ataraxia qu'il faut se tourner pour entrevoir des pistes qui ont nourris les nantais. Si vraiment, vous ressentez le besoin d'asseoir une inspiration. Les modanais ont sortis une bonne vingtaine d'albums depuis le début des années nonante. Et leur remarquable opus – Simphonia sine nomine – de 1994 entre lyrisme hanté, aspirations médiévales et cold-wave décharnée reste un must absolu dans le genre.
Point de Cold-Wave ici, on rencontre davantage les sursauts malsains évoqués dans certains albums des Residents. Lui (Sieur) apportant un souffle malin sur l'ensemble et Elle (Dame) illumine et grandit toutes leurs réalisations malingres issues de quelques touches de claviers, quelques rythmes (martiaux) et des instruments anciens. Tiens oui, en parlant de Cold-Wave, ils en possèdent tous les éléments, mais pas de méprise. Sieur et Dame, repose sur la rencontre de deux univers distincts qui allie lyrisme et dépouillement avec une folie contenue mais omniprésente.

Au rayon reprise, ça reste en famille (Kythibong) avec « Ours Molaire » de Piano Chat.et limite ça frôle l'inceste. « Cavaliers » est un titre originel du duo Mansfield TYA (Nyx chez Vicious Circle). Ce disque démarre quand même sur les notes de "Frère Jacques", comptine liturgique composée, il y' a des siècles et traduite dans au moins 35 langues. Eux chantent en anglais, en français, en latin, en allemand et dieu sait quelle autre verbiage. De surcroît, les titres sont étonnamment courts et font référence à la Condition Humaine (pour faire simple).

C'est peut-être Ataraxia qui résume le mieux, l'entreprise de Sieur et Dame – We return in music what we received in silence-
Sur ce, j'en ai probablement trop écrit.

 

photo de Eric D-Toorop
le 29/03/2014

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