Smoking Pistols - Raw Troubles

Chronique CD album (44:08)

chronique Smoking Pistols - Raw Troubles

Smoking Pistols est de retour et je me fais un certain plaisir d’assurer les chroniques de ce petit groupe amateur qui continue son bonhomme de chemin sur la route du rock inspiré et énergique. Dans la ligne de leur précédent EP, les drômois continuent doucement mais sûrement la maturation de leur daddy rock vers un dandy rock de plus en plus classieux et de mieux en mieux amené, écrit, interprété. De moins en moins timide, le groupe porte son slip bien haut et sans plus aucune bretelle ni ceinture. C’est entraînant, rythmé, chaloupé, enjoué, expressif.

Du vrai rock de scène qui serait très à l’aise en live, presque taillé pour. Du rock de repèt aussi, pondu à l’ancienne, un samedi aprèm autour d’une binouze. Ca n'est probablement pas la vérité mais donnera l'esprit de l'album. Les guitares sont moins consensuelles, s’enivrent de riffs plus expérimentaux, sonic youthien sans jamais fouler les terres casse gueule du prog ou du post-rock. Du rock terre à terre mais qui n’empêche aucunement de sauter en l’air.

 

Les voix sont plus travaillées, avec des harmonies mieux mises en avant et qui donnent de la profondeur; des lignes vocales plus recherchées, assez modernes, presque arty parfois, qui joue avec les bruits de bouche, le souffle, l’interprétation; une approche presque théâtrale en un sens, vraiment intéressante et tout à l’honneur du chanteur et qui lui confère un certain charme très rock…Dandy que je vous dis! Mais Dandy sympa, pas du genre qui se la pète, du Dandy nature peinture.

La batterie est toujours un peu basique et laisse un peu sur sa faim. Elle tient la route, ne faiblit pas mais pourrait parfois s’exprimer un peu plus, se repaître de quelques fills plus déclinés, plus fournis. Mais globalement, la qualité d’écriture du groupe l’écarte de plus en plus du statut de "groupe amateur constitué d'amateurs".

Par contre, l’album est un peu long…44 minutes pour 11 titres, le groupe prend son temps, se fait plaisir, ça s’entend et même si les pistes sont toutes plutôt bonnes, il faut avouer que ça tire un peu sur la fin. Les titres n’auraient pas perdus en cohérence en étant raccourcis ici ou là. Cela s’explique aussi par une importance très prégnante donnée aux textes. Très écrits, jouant avec les sons, ils sont clairement mis en avant, déteignent de leur logorrhée sur les instrumentation et mènent la danse. Comme ils sont loquaces, la danse est parfois longue. "Raw Troubles", le titre éponyme, aurait pu se dégrossir d’une bonne minute et nous offrir cette outro très cool bien plus rapidement. L’album aurait pu aussi faire l’économie des deux titres que l’on trouvait déjà sur Cooking Rice, leur précédent EP. Ca nous aurait évité d’attendre pour l’excellent "Malls Walls" qui clôture l’album avec sa musique aqueuse noyée d’intelligentes reverbs et son chant très torturé, un registre dans lequel on découvre un chanteur impressionnant. Surprenant.

 

La prod est correcte, avec toujours ce côté un peu sec, très rock, très brillant et un peu froid parfois. Disons que le rock très dansant et énergique aurait peut-être bénéficié d’un peu plus de chaleur et d’ampleur. Mais les amateurs de ce son un peu old-school étriqué apprécieront.

 

Raw Troubles est un album vraiment sympathique, porté par des musiciens qui évoluent gentiment vers des choses de plus en plus travaillées, de plus en plus mûres mais qui souffrent encore de quelques défauts un peu frustrants. Frustrant mais rarement bloquant…

 

 

 

On aime : une évolution vers un rock de plus en plus ouvert et généreux...

On aime moins : une production un peu froide, un album un peu long...

photo de 8oris
le 23/01/2025

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