Smoking Pistols - Sip It For Free

Chronique CD album (22:24)

chronique Smoking Pistols - Sip It For Free

Smoking Pistols nous vient d’Auvergne, là où quand les volcans s’éteignent, des êtres s’éveillent. Justement, il y en a 4 qui se sont réveillés en 2020 et ont sorti deux EP. Un éponyme en novembre 2020 et Sip It For Free en septembre 2021. C’est de ce dernier dont il va être question aujourd'hui. Côté style, les Smoking Pistols hésitent mais ne choisissent pas, s’en fichent et ça leur va à merveille. Rock? Grunge? Garage? Pop? Punk? Folk? Balek! Quand un riff est bon, il est bon et ce, peu importe le style; et chez Smoking Pistols, le riff est vraiment bon, catchy ("Glass Of Patience"), simple, efficace. On adhère tout de suite sans aucun besoin de réfléchir, ni jugement, tout cela s'étiole au fil d'une musique intuitive et satisfaisante. Sur une base rock faussement minimaliste, Smoking Pistols brode des structures inspirées et plutôt bien arrangées  et qui ne déplairaient pas aux fans des Pixies, de Devo ou The Kills ou plus généralement de la scène Rock Alternatif poilu des années 90-2000.

Leads déguisés en mélodies, solo déguisés en mélodies, progressions d’accords déguisés en mélodie, chez Smoking Pistols, on écrit des bonnes chansons avant tout, même quand les guitares partent dans des logorrhées noisy ("Isolation"), l'auditeur n'est pas perdu. Bref, un véritable album digital avec dix doigts qui ont bien bossé.

Côté baguette, ça manque parfois un poil de modulation dans les patterns mais ça tient clairement la baraque en place, ça joue quand il faut jouer, ça massacre la crash quand les copains partent en cacahuètes, ça sait se faire plus discret quand il le faut. En somme, une batterie tout ce qu’il y a de plus Rock. On en demande pas plus pour le style.

Niveau larynx, ça travaille bien aussi. La base d’El Tat, le chanteur, est plutôt un registre clean mais qui ne manque pas d’énergie, ne tombe jamais dans la mièvrerie ringarde et a un grain de voix déjà très mur, prêt à être cueilli par les notes amplifiées de ses compères. J'ai bien aimé son flow un peu "parlé froid" qui nous ramène de temps en temps à la pop réverbérée des années 80. Mais…Rahhhh…Mais on a l’éternel problème du rock français, à savoir: un accent qui sent un peu trop la potée. Restons mesuré car la potée, c'est quand même très bon et que l'on est seulement à 2/10 sur l’échelle de Michel Drucker. Autant cela a parfois un certain charme, un côté kitch finalement sympathique ("Cut Me Some Slack") autant des fois ça gratte un peu trop ("I’m just not good at it"). Il est évidemment question de sensibilité et certains trouveront que cela rend les paroles plus facile à comprendre. Objectivement, ça ne gâche pas absolument les morceaux mais disons que si la musique nous fait voyager, la voix nous rappelle là d’où on vient.

Côté esgourdes, on est bien servi. Les fans de sons un peu "raw", un peu sec, vous serez à l’aise. C’est un peu moins mon cas mais soyons honnête, le mixage est très propre malgré ce côté un peu trop droit pour moi, notamment la batterie très compressée et qui aurait pu être plus aérée, un peu moins devant. Mais le trio magique voix, guitares et basse est traité aux petits oignons et rend l’ensemble très vivant.

 

Malgré quelques défauts imputables à un possible manque d’expérience et de moyens, Sip It For Free est un album tout à fait sympathique, facilement labelisable “Attention: gros potentiel (encouragez les)”. Court mais suffisant, déroulant des titres aux vibes très cools, sans faiblesses d’écritures et qui ne se bornent pas à un seul style malgré une ligne artistique clairement établie et définitivement Rock (avec un grand R). Au-delà, il dégage une véritable impression d’un groupe qui a cherché à se faire plaisir tout en faisant les choses sérieusement avec le plus de professionnalisme possible. C’est tout à leur honneur, preuve que le manque d’expérience n’est pas toujours synonyme de manque de maturité. La suite est attendue avec beaucoup de curiosité.
 

 

On aime bien: les vibes, le côté Rock varié, le riffing

On aime moins: la batterie un peu trop linéaire parfois, le mixage très droit, l’accent parfois un peu trop français

photo de 8oris
le 18/01/2022

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