Primordial - Where Greater Men Have Fallen
Chronique CD album (58:41)

- Style
Celtic Metal - Label(s)
Metal Blade - Date de sortie
25 novembre 2014 - Lieu d'enregistrement Grouse Lodge studios
- écouter via bandcamp
Quatre ans après un fantastique Redemption at the Puritan's Hand, les Irlandais de Primordial remettent le couvert avec une nouvelle tartine qui ne manquera pas de nous donner quelques frissons à l'âme. Where Greater Men Have Fallen réponde en grande partie aux attentes et appétits que l'on peut nourrir face à ce groupe qui nous offre - une fois encore - une démonstration de majesté mais qui cependant se voit insidieusement alourdie par quelques légères lourdeurs...
En posant l'oreille sur un album de Primordial, on est toujours un peu inquiet, leurs précédentes réalisations sont tellement somptueuses que l'on ressent toujours une angoisse nous étreindre les tripes... vont-ils pouvoir rester à flots? Seront-ils capables d'aller encore plus loin? Dès les premières déflorations de Where Greater Men Have Fallen, on voit ces doutes balayés dans un puissant souffle de grâce et d'élégance. L'album se dévoile et s'ouvre sur une musique éblouissante de noirceur, Primordial reste ce qu'il est: grand, tragique, poignant, glorieux... épatant.
Là-dessus, on est rassuré.
On explore les huit titres avec grande délectation, Primordial nous entraîne dans son monde, dans son univers, dans son Irlande où s'entremêlent la plus féroce hargne et la plus suave mélancolie. Un monde en clair-obscur qui catapulte l'auditeur dans des entrelacs Celtiques où l'Histoire, les Légendes et les rêveries s'entrecroisent et se fracassent sur les falaises de l'amertume la plus profonde. On écoute le disque, on est bercé par une violence latente qui exprime toute la beauté minérale de l'Ile d'Emeraude. Poignant...
On remarquera vite que l'album se veut plus rentre-dedans, plus agressif, et cela se note dans le son et la saveur des riffs qui sont nettement plus abrasifs. Sans jamais jeter aux orties son aspect plus mélodique, Primordial réussit à renforcer la noirceur qui habite sa musique. Nemtheanga s'égosille tout explorant toute sa palette vocale pour draper la musique hypnotique et lancinante que ses petits camarades nous crachent à la gueule. Triste, tragique et pourtant fière et puissante, la musique de Primordial est une véritable merveille qui nous titille l'âme. On écoute ces huit titres aussi pieusement que lorsqu'on admire un océan déchaîné...
A la croisée des mondes entre Black Metal, Doom et musique Celtique, Where Greater Men Have Fallen comble les espérances, le nouveau Primordial est grand. Néanmoins – et là je chausse mes pantoufles pour marcher sur des œufs - cet album laisse un léger goût d'inachevé. Les débuts de l'album sont somptueux, mais vers la moitié du disque, le soufflé retombe, la tempête se calme et l'on glisse vers une popote assez quelconque. Mais attention!!! Le "quelconque" de Primordial vaut les sommets de la grande majorité des autres groupes, donc, on navigue toujours sur du très bon. Lorsque la tension s'apaise, lorsque le groupe part en roue libre, on découvre un Doom très classique, très académique qui peine à se hisser au niveau des premiers titres de l'album.
C'est là, le seul et unique petit bémol qui freinera mon enthousiasme face à cet album. Une première moitié orgasmique, une seconde plus essoufflée qui parfois dérape dans l'anodin... Certes ce bémol n'ôte rien à la qualité globale de l'album mais il est là...
Quoi qu'il en soit, Where Greater Men Have Fallen est une véritable merveille qui fait d'ores et déjà partie des sorties les plus excitantes de 2015, ruez-vous dessus! Et si la fin de l'album vous émoustille tout autant que son début: bah... vous aurez tous gagné!
2 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 06/02/2015 à 12:31:57
Loin de partager ton enthousiasme, passés les 3 premiers morceaux : la suite est un peu léger pour du Primordial comme tu le précises. Sauf que pour moi, la popote vient un poil plus tôt.
Tookie le 10/03/2015 à 12:24:35
Mouais, je sais pas, il lui manque un truc pour moi...
Dans "Redemption..." il y avait un truc à la fois épique, mélancolique, un je-ne-sais-quoi qui prenait (et qui prend encore) aux tripes.
Cette fois, j'ai l'impression que ça force, ça tire sur la corde et qu'on en voit pas le bout.
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