S.n.a.f.u. - Exile//Banishment

S.N.A.F.U. est un acronyme anglais signifiant Situation Normal: All Fucked Up.

Ou, en langue de Zemmour « Situation normale : c’est le bordel ».

Acronyme issu du jargon militaire ricain, il est utilisé pour exprimer que la situation est merdique, mais qu’elle l’a toujours été et qu’il n’y a donc pas matière à se faire du mouron ou à s'en étonner. C'est une manière soit de déconner soit d'exprimer sa frustration de FDP. Un peu comme une primaire de droite à la télé.

S.N.A.F.U., c’est aussi un groupe de Détroit qui pratique un crossover ô combien ravageur. Le combo a débuté comme tout groupe de Punk HxC vénèr, en 2013 : tout à fond, en postillonnant des glaviots bien politiques. Pas de droite, par contre.

Ensuite, les gaziers, étant des keupons au sens large du terme, n’ont pas hésité à évoluer. Précédés d’une grosse reput’ en live et d’une cool attitude backstage, le label de Phil Anselmo ne s'est pas trompé en les signant pour leur troisième album.

Cependant, le changement ne se fit pas pour produire de la daube intello à deux boules (communément appelé post-punk en ces pages) ou électro à deux balles (communément appelé bouse par votre serviteur). Mais pour amplifier le son et lorgner du côté du Black Metal. C’est pour la rime car en réalité, malgré la pochette du skeud, le brouet des mectons se promène dans la rue d’une cité post-apo et pas dans un sous-bois hivernal.

Avec comme point d’accroche une urgence fielleuse de chaque seconde, S.N.A.F.U. lorgne du côté du copain de la niche d’en face, celle du Crust américain typique à la Behind Enemy Lines sur l’ultra furax "Close Casket Habits", notamment. Mais le riffing à la Slayer se pointe aussi régulièrement. Saint Hanneman priez pour eux.

Car la semelle thrash laisse son empreinte un peu partout sur le tapis de bombes étalé par le groupe. "Choking Victim" devrait alors ravir notre Lapin jaune préféré qui se fait des cures de Thrash ‘n’Roll en ce moment (et de pochettes flashy les dégueulis).

Le basique "Soil Of Blood" lui fera aussi dresser le poil, assurément.

Sauf que le chant des clébards ici présents, parfois double ou triple, développe une hargne typiquement HxC voire presque Death dans sa rugosité.

La courte durée des morceaux fait aussi demeurer les gaziers dans la ZAD keuponne. Et fait retourner chez maman, des pop stars comme Trap Them.

Malins, les S.N.A.F.U. ne se contentent pas d’être méchants, car c’est galvaudé. En effet, le combo pond de vrais hymnes constamment sur le fil du rasoir. Prenons "Bring Suffering" au groove simpliste à même de séduire n’importe quel amateur de musique suante et fiévreuse.

Simpliste ? Absolument Mon Capitaine. Fracassant ? Totalement Mon Colonel ! Ou encore "No Rites (for the less dead)" qui martèle sa brutalité presque ritualiste et termine de faire rentrer S.N.A.F.U. dans la case des grands furieux de l’année.

Crom-Cruach

le 15/12/2021