Soften The Glare - Making Faces

Chronique CD album (53:37)

chronique Soften The Glare - Making Faces

Hier soir, tranquillou dans mon plumard, je jette un coup d'oeil sur ma trop longue timeline Facebook. Tiens une publication de Soften The Glare. Et là, je me dis "tiens, je vais aller lire sur Core And Co la chronique de leur album Making Faces, l'imaginant joliment narré par un Tookie imaginatif, habilement décrypté par une Margoth analytique ou follement métaphorisé par un lapin jaune inspiré. J'utilise donc la puissance ultime du moteur de recherche du site et là, rien ! Attends, j'ai dû me gourer dans l'orthographe du groupe. Peut-être que le moteur du site n'assure pas la fonction de correction automatique des termes de recherche. Patriotique, je tente avec Qwant: rien ! Pragmatique, je demande à Dieu...à Google: rien ! Nom d'un EP de black-funk-disco, c'est incroyable...littéralement.

 

Me voilà donc investi d'une mission prophétique. Prophétique, le terme est mal choisi car avec Soften The Glare, il n'est pas affaire de foi, de croyances. Avec Soften The Glare, tout s'explique. Avec Soften The Glare, les cartésiens sont au anges. Avec Soften The Glare, c'est factuel, démontrable, à la fois empirique et théorique.

 

Pour commencer, Soften The Glare, c'est Ryan Martinie à la basse. Et Ryan Martinie, c'est le Paul Bocuse de la basse, c'est le Klimt de la 5 cordes, le Picasso du groove, un genre de Les Claypool en moins cartoonesque, en plus sportif. Pour les non-connaisseurs, Ryan Martinie a fait ses armes au sein de Mudvayne qui n'avait pas grand chose d'intéressant à part deux choses: Ryan Martinie à la basse et les lignes de basse de Ryan Martinie (regardez le live de Dig au Ozzfest, ce mec est un monstre scénique dont la prestance relègue bien des bassistes au banc des ridicules pantins). Mais dans Soften The Glare, Ryan Martinie a mis de côté ses penchants métal pour développer son aspect mélodique et mettre en avant sa maîtrise parfaite du groove, des constructions harmoniques ("Mission Possible"), des techniques de slap ("March Of The Cephalopods"), de tapping, et même de ghost notes ("Segue"). Bref, si vous aimez ce bel instrument si peu mis en avant qu'est la basse, vous serez servi et sur un plateau doré.

 

Pour continuer, Soften The Glare, c'est Bon Lonzaga de Gong à la guitare. Et si le pépère n'est pas aussi connu que d'autres pistoleros de la 6 cordes, il a son petit style, sa petite touche et cette dernière n'est vraiment pas dégueu. Écoutez donc les chorus de "Two Dozen". Son travail nous rappelle celui de l'excellent Larry LaLonde au sein de Primus. Jamais vraiment devant, jamais vraiment derrière,  il apporte ses ambiances et ses interprétations, déroulant toutes les graduations de l'échelle d'un jazz-rock pas pantouflard (le solo de "Funky Lady") à grand renfort d'effets parfois barrés ("All Mixed Up"), de riffs organiques et d'accords enrichissant les approches harmoniques de la basse.

 

Pour finir, Soften The Glare , niveau baguette et fûts, c'est Mitch Hull et on ne se plaindra pas de son travail de technicien qui n'abuse pas de technicité, promeut l'efficacité et nous rappelle ainsi beaucoup Tim Alexander.

 

Et comme les trois compères font merveilleusement chanter leur instrument respectif, ils se passent aisément de chanteur et à aucun moment cela ne manque.

 

Bref, Soften The Glare est à rapprocher, mais pas trop près, de Primus avec un style plus progressif qu'(anti)pop, plus jazz que funk mais tout aussi délectable.

 

En résulte ce Making Faces, joli mélange de jazz-rock progressif tendance calme, galvanisé de funk dansant ("All Mixed Up"), émaillé de jazz ("Funky Lady"), riveté de rock poilu jamais velu (le final de "What Chandra Sees").

L'album est un peu long (53:37), et pas toujours accessible du fait des structures extrêmement riches des morceaux, de son caractère instrumental et des tempos (ou des tempi? Je ne sais plus, tant pis) plutôt calme. Certes, quelques passages sont à la limite, mais très lointaine, de la musique d'ascenseur car presque trop élaborés, mais il contient des moments musicaux absolument géniaux. L'inspiration est belle, et bien là; et le travail d'arrangement est d'un niveau ahurissant.

 

Espérons que cet album sera le premier d'une longue discographie qui saura conserver cette qualité d'écriture en s'offrant encore plus à ceux qui trouvent la musique progressive parfois ennuyeuse.

 

 

On aime: Ryan Martinie, Ryan Martinie, le travail d'écriture, Ryan Martinie, la technique des musiciens, les ambiances, Ryan Martinie, le groove

On n'aime pas: un album un peu long, peut-être trop élaboré pour certains.

 

 

 

photo de 8oris
le 31/12/2019

1 COMMENTAIRE

cglaume

cglaume le 31/12/2019 à 11:16:51

Le Black / Funk / Disco vaincra !!

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