Somalgia - Inverted World

Chronique CD album (34:46)

chronique Somalgia - Inverted World

Il n’y a pas que du Black Metal dans le roster de Repose Records, le généreux label (qui n'hésite à à régulièrement offrir des codes de téléchargement de ses albums) et Somalgia en est la meilleure preuve. Le duo anglais, épaulé par une chanteuse de session, Kat Elizabeth (sur le dernier titre acoustique), publie ici son premier album. Tom Collins et Ryan Stevenson sont inconnus de nos services, mais gageons qu'ils ne le resterons pas longtemps, tant leur entrée au sein de la scène musicale est fracassante. La manière dont j'ai rédigé cette chronique ressemble un peu à la façon dont est construit Inverted World : j'ai pris des p'tits bouts trucs et les est assemblés ensembles.

 

Car c'est un vrai patchwork qui nous est offert là. Avant-garde, certes oui, mais pas que. Post-genre comme se définit le groupe, pourquoi pas. Jamais il ne n'avait été donné d'écouter un album aussi versatile, aussi varié, proposant un tel grand écart stylistique. Même Vivalavida de Carnival In Coal passerait pour un modèle de cohérence à côté. Mais, malgré cet état de fait, tout se tient, même si le duo nous fait en permanence sauter du coq à l'âne, comme une partouze à la ferme. L'esprit de Solefald, autre duo iconoclaste, n'est jamais loin. On devine des origines à la fois du côté du Black Metal mais aussi du Jazz (la batterie ne laisse pas planer de doutes là-dessus), deux genres diamétralement opposés mais qui se marient plutôt bien, qui servent de terreau aux expérimentations incessantes des deux musiciens. Du Post-rock, il y en a ; du Death, il y en a ; du Prog, il y en a ; du Trip-hop, il y en a ; du Funk, il y en a aussi. Bref, un joyeux bordel musical qui ne tient qu'à un fil en permanence, fil qui ne se rompt pas grâce au concept tenu de bout en bout Concept qui repose en majorité sur des thèses conspirationnistes et complotistes. Mais n'est pas The Bombs Of Enduring Freedom qui veut, on sent que certaines de ces thèses manquent parfois de maturité, je pense en particulier au sample extrait d'un (faux ?) journal télé autour du port du masque pendant « The March Of Tyranny ». Les claviers et les guitares jouent à jeu égal tandis que les vocaux font eux aussi preuve d'une grande variété.

 

Sans tomber dans le piste à piste, prenons quelques titres afin de mieux cerner la (les) proposition(s) musicale(s) de Somalgia. De manière assez surprenante, les morceaux sont plutôt courts.

- « Recalcitrant » placé en deuxième position sonne un peu un manifeste de intentions du duo, à la fois mélodique et technique, avec une première partie qui verse dans le Metal Extrême alors que la seconde se rapproche du Krautrock.

- « Consumer », malgré sa durée en dessous des trois minutes, est certainement l'un des titres les plus solides de l'album, avec son orientation très nette vers l’Électro et le Trip-Hop.

- « Dear Ruler » possède un parfum de Pink Floyd, Rock Prog des seventies, avec des paroles que ne renierait pas Roger Waters. Arrivé à ses deux tiers, et jusqu'à se conclusion, le morceau prend une tournure typiquement Black Metal.

 

Avec Inverted World, Somalgia frappe un grand coup avec un premier album bluffant, même s'il n'évite pas certaines erreurs de jeunesse, tant dans le fond que dans la forme. Car il en faut du courage pour proposer un tel contenu musical si hétéroclite en guise de carte de visite. Cela en tout cas, colle bien avec sa volonté de décrire une société moderne à bout de souffle, empêtrée dans sa paradoxes et ultra fragmentée et composite, comme sa musique. Et c'est peut-être là sa grande force.

photo de Xuaterc
le 04/07/2022

4 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 04/07/2022 à 13:28:48

Je ne comprends pas ce que je vois dans la pochette!
Est-ce que ce sera le même effet concernant la musique?

Pingouins

Pingouins le 04/07/2022 à 14:05:49

Gep : a priori des antennes relais dans un palmier.
Quant à la musique, pour le moment les quelques morceaux que j'ai pu entendre sont plutôt intéressants, je m'y replongerai volontiers !

Xuaterc

Xuaterc le 05/07/2022 à 09:36:07

Effectivement, ce sont des antennes relai dans un palmier. Aussi improbable que la musique du groupe

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 05/07/2022 à 19:33:20

"God is dead" - single de l'année ;)

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