Spellbound Dazzle - Unreal Fairytales

Chronique CD album (49:53)

chronique Spellbound Dazzle - Unreal Fairytales

Je suppose que vous parlez couramment le langage des acronymes, et que si je vous dis S.T., T.D.E.P., I.W.A.B.O. ou S.O.A.D. vous voyez tout de suite de qui qu'ça cause? Eh bien vous pouvez d’ores et déjà rajouter à la liste S.B.D.. Non, cela ne veut pas dire Spaghettis à la Bolognaise al Dente, ne tombons pas dans le cliché minable tout ça parce que Spellbound Dazzle nous vient d’Italie. En tout cas on peut dire que le groupe sait y faire pour mettre en avant les 3 consonnes qu’il porte en étendard: en effet, c’est un euphémisme de dire que le titre « S.B.D. » est accrocheur et jouissif, et je peux vous dire que depuis que j’ai commencé à me nettoyer les tympans au son de Unreal Fairytales, il n’en finit pas de m’arracher sourires de contentement et CRAC!s au niveau des cervicales. 'De dieu cette incoercible envie de taper du pied en rythme avec les gugusses, ce riff à effet ricochet allant crescendo, ce côté fusion délire à débit vocal speedé façon System Of A Down, ce côté foncièrement rock’n’roll, mais déconnant - mais profond quand même. Aaaaaargh'n'slurp!

 

Heureusement, Unreal Fairytales ne se contente pas d'être un album botox gonflant artificiellement la durée de vie d’un seul titre, mais est bel et bien un bon petit chargeur plein de cartouches qui vont se planter bien profond dans l’oreille de l’auditeur. Mais essayons quand même de vous brosser un tableau d’ensemble un petit peu plus factuel. Spellbound Dazzle joue sur beaucoup de tableaux: hard rock classique « end’jeunisé », fusion délire, hardcore, heavy mélodieux, rock, néo, un peu de thrash aussi… Il y en a pour tous les goûts, extrêmes exclus. L’influence majeure reste clairement le groupe de Serj Tankian, les attaques multi-vocales, le décalage grosses grattes / joyeuse déconne et les « Nanana-Laï-lalalaï » vaguement orientaux évoquant en de nombreuses occasions les américano-arméniens de System Of A Down. Mais Spellbound Dazzle déborde largement de ce registre. Ainsi « Monster », outre quelques pointes rappelant Faith No More, tape dans le gros hardcore croisé à des influences plus classic hard rock. L’excellent « Ruska » fait dans le folk youplala à accordéon tzigane sur fond de rythmique ska, mais également dans des poussées mélodiques rappelant le Helloween de Masters of The Rings, voire Queen dans quelques recoins plus osés. Et puis l’« Intro » nous accueille sur un mélange flamenco / ambiance westen (-spagghettis!), tandis qu’« Outro » envoie les mandolines scintillantes et le flutiau pour des adieux pleins d’emphase world mélancolique. Bref, Unreal Fairytales, c’est une friandise de metal tutti frutti pétillant!

 

Par contre, cela reste un premier album, et outre un côté parfois un peu « d’jeunz metôl », on a parfois l’impression que le groupe réalise qu’il a un putain de potentiel commercial, et qu’il serait peut-être bon de donner des gages aux guignols à cravates et gros chéquiers (satanés web-chroniqueurs vndergrovnd qui tiquez à l’idée qu’un groupe puisse vendre!!), ce qui entraîne une certaine schizophrénie entre purs moments de free metal délirant & inspiré et grosses louches de rock burné lorgnant vers la pop accrocheuse qui ne va pas chercher midi à quatorze heure. Exemple flagrant de ce travers: sur « In My Room », le groupe nous propose une pure ballade cliché faisant le grand écart entre passages classieux à la Savatage et gratouilleries sèches type Mr Big / Extreme. Sur « W.I.T.M. », on est dans le rock ado à grosses guitares calibré pour les radios US (et ma foi ce n'est pas mauvais pour autant, malgré ce gimmick « Everybody clap your hands! » exaspérant à 2:40). Autre petit défaut: le déséquilibre certain de la tracklist qui est blindée de bombes jusqu’à « SBD », puis qui continue en terrain plus accidenté, jusqu’au moment où elle raccroche le wagon de « Ruska » pour finir en beauté. Tout ça gâche un peu le plaisir des vieux grincheux de ma trempe… M’enfin rien de rédhibitoire non plus!

 

D’autant que le groupe dégaine régulièrement les guitares twin (mais également le clavier) pour des leads et soli vraiment pas dégueu’ - et qui plus est pas inutiles (cf. les envolées héroïques de la 2e moitié de « Spacemen », où les merveilleuses twin et les échanges grattes / piano vers 2:35 sur « Goodbye My Love »)... Et puis bon, le résultat est là: on finit l’écoute de l’album avec une grosse banane, et l'envie de remettre ça vite fait... Alors roule ma poule!

 

Certes la pochette de l’album est … « spéciale ». Certes, un bon chapitre est nécessaire pour évoquer les quelques "maladresses" de l’album. Certes, certes, certes … Mais que voulez-vous: on peut tout à fait voire les défauts objectifs d’une personne ou d’un groupe, mais néanmoins complètement craquer sur cet être imparfait et en même temps si exceptionnel. Et croyez-moi que si le groupe réussit à ne pas bêtement sombrer dans la soupe MTV que les « conseillers artistiques » des gros labels ne manqueront pas de les inciter à écrire, il a tout ce qu’il faut pour devenir gros ET respecté. Vivement la suite donc!

 

 

 

 

 

La chronique, version courteUnreal Fairytales est un mélange foufou et inspiré de fusion à la S.O.A.D., de hard rock, de heavy, de hardcore, de pop et de thrash … Et de bonne humeur.

 

photo de Cglaume
le 23/03/2012

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