Starkweather - Croatoan

Chronique CD album (54:09)

chronique Starkweather - Croatoan

Starkweather, ce nom ne doit certainement rien évoquer pour 90% d'entre vous et pourtant... Ce groupe qui existe depuis maintenant quinze ans a fait partie de la toute première vague, des pionniers, qui ont « osé » - le terme n'est pas trop fort puisqu'à cette époque cela pouvait être considéré comme une hérésie - mélanger hardcore et métal extrême. Et ces quinze années durant, le groupe, ou plus exactement son frontman Rennie Resmini, a fait le choix délibéré de rester dans l'ombre des immeubles gris et mélancoliques de Philadelphie d'où ils sont originaires. Underground jusqu'au bout des ongles et tenant un discours radical, Starkweather continue sont petit bonhomme de chemin sans trop faire de vagues, même si Candlelight (label au catalogue plutôt orienté black métal) leur a mis le grappin dessus pour sortir ce Croatoan, et ils ont eu le nez fin à la lueur de leur bougie...

 

A l'écoute de 'Slither' on comprend rapidement pouquoi Candlelight a choisi de prendre sous son aile ce groupe qui n'a pourtant, a priori, rien à voir avec ce que le label propose habituellement: cette voix. Enfin, tout du moins, une partie des vocalises de Mr Resmini se rapproche de certains groupes de black, pour le reste Starkweather fait selon ses propres règles à base de métal heum « testiculaire » dirons-nous mêlé à du HxC lorgnant certaines fois vers du Breach (les passages avec guitare accoustique renforçant cette sensation), en tout les cas on est constamment en présence de cette voix au bord de l'asphyxie (tant le flow est soutenu). Le chant étant relativement varié; et constituant un peu (il faut le préciser) une des singularités du combo; il passe par divers état dont un chant clair qui me rappelle un obscur groupe qui ne doit plus exister désormais qui s'appelait Factory 81 (au milieu 'Machine Rhythm confessional' par exemple), on a également le droit à ces arrachements de larynx blackeux (qu'utilise aussi le chanteur de Comity dans un registre différent) mais aussi à des cris plus graves (comme pour la fin de 'Verpertilian'). D'un point de vue rhytmique Starkweather ne s'éloigne que très peu du mid-tempo – respectant ainsi son origine plus metal – soutenu par une double bien présente, leurs compos ne nécessitant pas d'acclélerations supersoniques on ne s'en étonne pas plus que ça, malgré cela l'utilisation de percus sur la fin 'The Silken Garotte/The Infiniy Coil' nous rappelle que le groupe sait toujours ajouter une petite touche inattendue quand on croit avoir cerné leurs intentions. L'atmosphère sur cet album demeure bien noir, chargée d'énergie - avec des grattes au son très lourd pour renforcer le tout - et d'émotions, mais dans des teintes très disparates: l'enchaînement de 'Hushabye: Goodnight'/'Bitterfrost' qui a de quoi laisser perplexe au premier abord. 'Bitterfrost' qui renferme d'ailleurs à lui seul une palette de plans, humeurs, directions vocales et mélodiques qui est assez scotchante, je conseille d'ailleurs vivement ce titre pour ceux qui voudraient rapidement se faire une idée de ce que représente ce fabuleux « Croatoan ». Et il faudra finalement le très glauque et magnifique à la fois 'Wilding' pour pondérer (et ce, malgré une fin bien hardcore) cet album qui suinte la hargne et l'envie de frapper fort nos pauvres petites oreilles formatées par des styles trop stéréotypés et « clichéesques » - ce que Starkweather n'est définitivement pas...

 

Ce Croatoan pourra en rebuter certains à la première écoute car il n'est certes pas facile à appréhender, ayant un abord un peu fourre-tout. Mais c'est justement là que réside l'intérêt et la qualité de cette galette, il m'aura fallu moi-même plusieurs écoutes pour me rendre compte de toutes les bonnes choses qu'il recèle et de la place importante qu'il tiendra désormais dans ma playlist. Un putain de « must have », assurément.

photo de Mat(taw)
le 01/02/2007

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