Stolen Kidneys - Ruin

Chronique CD album (35:07)

chronique Stolen Kidneys - Ruin

Voilà un 1e album qui propulse directement ce groupe finlandais dans les hautes sphères du monde merveilleusement torturé du post-hardcore teinté de sludge. Avec Stolen Kidneys, on transgresse la règle des 3L (long, lent, lourd) communément rencontrée sur moult albums du genre : ici, les titres ne dépassent guère les 7 minutes de longueur, la plupart expédiant leur propos en 3 ou 4 minutes. Du reste, l’album ne comporte que 7 pistes, autant dire qu’on en vient à bout rapidement. Raison de plus pour relancer une nouvelle écoute. Si la violence, la rage et la nervosité s’avèrent au rendez-vous des compositions, celles-ci adoptent plutôt des tempos plus excités que la moyenne. Témoin, le morceau qui donne son nom à l’album. Ruin démarre avec un groove bondissant et saccadé avant de s’accorder, seulement sur sa fin, une envolée plus calme, toute proportion gardée. On l’avait compris dès l’entame de l’opus. « Lone » ne se repose pas sur une certaine lourdeur, même si celle-ci se trouve bel et bien présente. Au contraire, la chanson rebondit sur sa propre structure nerveuse. D’ailleurs, qu’on ne s’y méprenne pas. Ce n’est pas parce que les chansons sont relativement courtes qu’elles n’ont rien ou peu à raconter. En ce laps de temps, un titre comme « Ruin » peut emprunter différentes directions, bifurquer, et surprendre l’auditeur au détour d’un virage négocié sans préavis. On peut alors parler de richesse de composition.

 

Adonc, les 2 premiers titres de l’album ne laissent guère de répit, prennent à la gorge, déchiquettent sans retenue, histoire d’annoncer la couleur. C’est seulement avec « Trail the bliss » que Stolen Kidneys se pose un tantinet, mais jamais sans se déprendre du groove insensé et sensuel déjà présent au début de ce voyage ni de la rage languide de la voix ni de la lourdeur sous-jacente des assises rythmiques. Il s’agit de l’un des 2 plus longs titres de l’album, tellurique à souhait, avec ses coulées successives de lave sonore. Un délai pleinement exploité pour explorer les chemins de traverse au détour desquels on tombe sur des trésors d’arrangements. On pense évidemment aux papes du genre, Neurosis, mais rien que sur « Trail the bliss », le groupe explore autant les territoires du sludge que celui du post-metal, tout en chatouillant celui du black metal.

 

Si vous n’êtes pas convaincu par la richesse de cet album, c’est que vous avez stoppé son exploration avant des titres comme « Broken silence » ou « Like predators », qui incorporent des passages de hardcore pur, leur rage intrinsèque confinant à la sauvagerie, sans que jamais celle-ci n’éclipse les nappes inquiétantes venant recouvrir l’ensemble. Les arrangements emplissent l’espace et en débordent même pour déverser leur fiel dans l’espace et le néant. En clair, si Stolen Kidneys ne réinvente pas le genre, il se l’approprie tout de même en explorant suffisamment d’univers différents et en les faisant intelligemment cohabiter pour servir un 1e album inspiré fort prometteur pour la suite de sa carrière. Coup de cœur.

 

photo de Moland Fengkov
le 01/06/2021

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