Sworn - Tended High

La vie en Arménie n’est pas facile tous les jours. Entre les vieux réflexes hérités de la période soviétique, la corruption endémique, les conflits militaires fréquents (en particulier en Artsakh), le séisme de 1988 qui n’en finit pas de laisser des traces, le manque de structures… Il est compréhensible que faire du Rock, et en particulier du Metal, ne soit pas la priorité des habitants de cette très vieille République. Pourtant, avec force abnégation, motivation et passion, certains, comme Iohan Costani ou Rudolf Kaslousdian, font vivre une scène perpétuellement balbutiante. Tout cela, et plus encore, je l’ai appris à la lecture de Furie arménienne, la scène metal d’Arménie par Maxence Smaniotto et François Martin, publié aux éditions Flammes Noires, que m’a offert un très bon ami pour mon anniversaire.

Les très grandes difficultés pour donner des concerts et trouver un label compétent ou un studio d’enregistrement font que les sorties estampillées « Metal » se font rares en Arménie, malgré une très forte culture musicale. Beaucoup de Black Metal, mais très peu de Death. Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler de l’un des albums les plus intéressants en provenance de cette petite république : le seul LP de Sworn, Tended High, un groupe qui évoluait dans le Black Metal symphonique, tendance Emperor. Actif entre 2005 et 2010, le groupe a eu l’opportunité d’enregistrer deux démos, un live et cet unique Tended High, sorti de manière indépendante.

Cet album est en tout point professionnel, que ce soit au niveau de l’écriture, de l’interprétation, de l’enregistrement ou de la production. Et cela, dans un contexte où jouer du Metal relève plus du sacrifice que du simple hobby, et où acheter une guitare constitue un véritable parcours du combattant. Le riffing est particulièrement solide, évoquant indéniablement In the Nightside Eclipse, mais sans jamais tomber dans une simple copie. Trois instrumentaux côtoient quatre longs titres chantés en anglais, pour un total de plus de quarante minutes. Les paroles, elles aussi, témoignent d’un réel travail fouillé, s’inspirant des travaux de philosophes comme Viktor Frankl et Carl Jung.

Par moments, au détour d’un arpège léger de guitare sèche ou d’une mélodie de claviers, le groupe nous rappelle qu’il vient du Caucase et non de Scandinavie. Ces éléments apportent une touche épique, bien plus marquée ici que sur les deux démos. Ces dernières, réunissant onze titres, ont eu la chance d’être réenregistrées et remastérisées sur Twilight. Cependant, cet album reste moins abouti que Tended High : moins personnel, moins enflammé.

Xuaterc

le 01/12/2024