Tally Hall - Marvin's Marvelous Mechanical Museum
Chronique CD album (57:22)
- Style
Méli-mélo Nawak Pop/Rock - Label(s)
Needlejuice - Date de sortie
12 novembre 2005 - Lieu d'enregistrement Stratosphere Sound
- écouter via bandcamp
Je n’ai rien contre la Pop, ni le Pop/Rock. Il existe des genres bien moins compatibles avec ma conception d’un monde musicalement idéal. Mais soyons honnêtes : en dehors des playlists consensuelles pour dimanche après-midi en famille / soirée avec des potes à esgourdes douillettes, aucune chance que des titres inscrits de plein droit dans cette branche proprette de la zic’ s’invitent entre mes oreilles. Parce que le lisse, le tiède, le gentillet : non merci. Faut que ça pulse, que ça gigote, que ça défouraille, que ça titille, que ça ose, pour obtenir le label « Lapin-approved »…
Et pourtant, Tally Hall.
… En même temps, les règles sans exception, c’est chiant.
Si je me souviens bien, c’est lors d’une session d’exploration bandcampesque, en suivant les recommandations de tel groupe pour tels autres, que, de clic en clic, j’arrivais sur Marvin's Marvelous Mechanical Museum. Et là, « Mmmmh… ». Avec 4M, effectivement : joli titre ! Et pochette joliment croquignolette, également. Voyons voir quels registres ce musée prétend nous faire visiter : Alternative rock, Indie rock, Power pop, Baroque pop… aïe, ‘font un peu peur, quand même, ces étiquettes. Ça sent la soupe. D’autant que les gugusses ont des tronches d’employés de bureau, certains portent des lunettes de comptables… et même des cravates. De couleur. D’ailleurs, dites : ‘y aurait pas comme un vague petit quelque-chose du Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band dans ce sage portrait de groupe sur fond de bordel fourmillant ?
Si, justement. Et cette puce à l'oreille nous donne une idée pas si mauvaise que cela de ce qui se passe le long de ces 15 / 17 / 18 titres (tout dépend de l’édition). Car, pour simplifier, on peut dire que Tally Hall est un reboot post-2000 des Beatles, dans une version pétillante, et doucement Nawak (« Mucka Blucka » devrait vous ôter toute moue à ce sujet). Avec le même genre de muse génialement inventive en charge de la confection des tubes… Sans oublier un sacré nom de petit vélo dans la tête. Du genre de ceux qui conduisent à créer la vidéo de « Love is All ». À composer « Cuban Pete ». Ou à se lancer dans un marathon Toehiderien.
Un régal.
Dans ce contexte particulièrement propice aux sourires, il ne faut pas longtemps pour se laisser happer dans l'univers tourbillonnant, certes indolore, mais pas insipide, des Américains. Quelques dizaines de secondes maxi, montre en main. OK, certains titres sonnent un peu Disney-friendly (tiens : l’introductif « Good Day »). D’ailleurs, après le split du groupe en 2011, il semble que certains membres aient collaboré de loin avec Playhouse Disney et Disney Junior. Par contre il s'agit plus souvent d'ambiances à la Roger Rabbit / Aladin & son génie, que de grosses débauches de sentiments sirupeux qui collent aux doigts.
Et puis, nom de nom : il y a du gros hit renversant sous le capot de cette Coccinelle ! On ne les citera pas tous, mais pour tremper vos orteils là où l’eau est la plus chaude, visez tout d’abord « Welcome to Tally Hall », son côté forain, son Rap pince-sans-rire, ses épices 8-bits, ses multiples détours, et au final sa démesure joyeusement amicale. Puis enfilez-vous les deux titres suivants : « Taken for a Ride », qui oppose couplets Pop/Rock robotiquement sautillants et grandiose refrain cuivré à la Bowie, puis « The Bidding », la grosse tuerie de l’album si l’on en croit mon thermomètre perso', qui mêle chœurs murmurant, Ska Rock et Beatleseries joyeuses. À noter que « Be Born » vaut également le détour, celui-ci vous emmenant gambader dans la prairie en compagnie de Toehider et Laura Ingalls. Mais aussi « Banana Man », qui vous invite à découvrir un improbable duo Joséphine Baker / Henri Salvador, sans oublier « Ruler of Everything », qui déroule une comptine de Noël façonnée par un Tim Burton plus Nawak que dark…
C'est que ça pétille de partout sur cet album ! Même si, c’est vrai : le groupe ne déborde que rarement des lignes avec ses crayons de couleur. Et si – autre difficulté à surmonter pour certains d'entre vous – le gros matelas cotonneux, tout propre, tout clean, qui accueille l’auditeur durant cette petite heure pourrait bien irriter le fessier rugueux du metalhead. En tous cas, de ce côté-ci de l’écran, votre interlocuteur s’est fait tallyhallifier de fond en comble. Jusqu’au trognon. Et la dernière fois que cela était arrivé dans un contexte aussi peu Metal que Funk, c’était avec le Self-ish de Will Wood & The Tapeworms. Ce qui remonte quand même à un bail.
Alors ouvrez vos chakras, essayez… et adoptez !
La chronique, version courte : Marvin's Marvelous Mechanical Museum, c’est un peu la musique qu’auraient pu composer les Beatles s’ils étaient restés au top jusqu’en 2005, et qu’ils avaient laissé le vent du Nawak souffler dans les naseaux de leur muse. Si vous aimez qu’un album vous laisse en héritage une pluie de tubes, et que vous ne jurez pas que par le Metal qui tâche, tentez l’aventure : vous aurez l'impression de découvrir un classique oublié.
6 COMMENTAIRES
Tookie le 24/08/2024 à 17:31:20
Voilà qui est marrant de recroiser ce nom, cela faisait bien une décennie que je ne l'avais plus vu (et je découvre ainsi que le groupe n'existe tout simplement plus du tout) ! Si je peux me permettre un petit ajout aux influences citées dans cette chronique, il en est une qui me semble inévitable et essentielle : WEEZER !
Pour le fond musical mais pas que : il y a tant de liens entre les deux que certains se sont même amusés à faire des mashs-up, à capillotracter (absolument pas sérieusement) des théories selon lesquelles Weezer et Tally Hall seraient le même groupe.
Une petite recherche Google : "Tally Hall + Weezer" t'ouvrira les portes d'un gentillet (ça reste de la pop) petit n'importe quoi (avec du shipost pas toujours sympa pour l'un et l'autre).
cglaume le 25/08/2024 à 00:32:08
Allez zou, je me regarde ce demain (trop tard là…). Merci Tookie !!
cglaume le 25/08/2024 à 08:48:13
(… « ça » !)
Bon alors oui, bien vu le crossover avec « Island in the Sun ». Par contre j’avoue ne pas connaître Weezer en dehors de ce « tube » qui, je dois dire, m’a toujours semblé un peu trop gentillet.
Je ne sais pas si sur ses autres compos Weezer est plus pétillant, en tous cas depuis mon fauteuil - avec une solide connaissance de ce premier album de Tally Hall et une vison très superficielle du répertoire de Weezer - je trouve les Tally plus joyeusement farfelus et moins soporifiques
Tookie le 25/08/2024 à 11:20:19
Weezer ça va bien au-delà de ce fameux tube (ennuyeux à crever). Tout n'est pas bon, mais c'est parfois génial et parfois nullissime. Comme le feraient sans doute beaucoup de fans, je te recommande de commencer par le début : le Blue album (1994) et Pinkerton (1996).
cglaume le 25/08/2024 à 13:22:54
J’essaierai, merci !
pidji le 25/08/2024 à 23:29:19
Ces 2 albums sont d'ailleurs les meilleurs, pas besoin de se fader la suite 🙂
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