Will Wood & The Tapeworms - Self​-​ish

Chronique CD album (33:24)

chronique Will Wood & The Tapeworms - Self​-​ish

Bienvenue Mesdames et Messieurs dans le monde merveilleux de Nawak Luna Park! Approchez, approchez, n’ayez pas peur: la femme à barbe ne mord pas, ni l’homme-tronc ne cogne. Vous aimez les grands-messes de l’Eglise de St Bungle? Vous faites la moue mais cédez à l’insistance des groupes de Prout/Parodic/Nanana Metal? Vous n'aimez rien tant que découvrir de nouvelles saveurs sur les ondes du Tutti Frutti Metal Radio ('y a bon l’Afro/Rap/Disco/Klezmer!)? Par contre vous commencez à ressentir comme un manque sous le chapiteau du Cabaret Decadent Burton Metal… Pas vrai? Eh bien Mesdames et Messieurs, séchez ces larmes, allumez une cigarette en chocolat, servez-vous un Scotch-Fanta et prenez place derrière le piano: la direction de Nawak Luna Park est heureuse de vous annoncer que Will Wood et ses ténias s’apprêtent à vous coller le Youpimètre dans le rouge cerise foncé!

 

Si je vous dis Stolen Babies, Major Parkinson, vous situez? Continuons à tourner autour du pot willwoodien en évoquant une version peu metalisée d’Avatar, auquel on aurait adjoint du saxo, ainsi que des gouttes de trompette, de kazoo, de thérémine, et même de perceuse électrique si l’on en croit les credits de l’album. Ajoutez à cela une forte dimension Opera Rock / Comédie musicale qui rappelle un peu Queen, un peu Toehider, plus une occasionnelle folie toonesque qui lorgne vers l’Etrange Noël de Mr Jack. Et là vous y êtes presque. Ne manque qu’une bonne vieille gouaille Punk/Folk/Ska typiquement british (… ceci malgré des origines situées plutôt du côté du New Jersey) qui ajoute un petit arrière-goût The Pogues / The Clash / Madness pas crado. On pourrait encore citer Gogol Bordello, ou le « Surfin Bird » de The Trashmen pour compléter le tableau, mais vous devez déjà commencer à avoir une bonne image du joyeux bordel proposé sur Self​-​ish.

 

Mais avoir une palette bien fournie en pigments de toutes sortes ne suffit pas, encore faut-il savoir dompter l’arc en ciel pour que les couleurs chantent sans vriller la rétine. Et dans ce domaine, Will Wood s’avère bluffant. Car pris en étau entre une intro (« Self- ») et une outro (« -ish ») jouant aux chiens de faïence tout de classe et de piano vêtus, ce sont pas loin de 6 tubes hautement énergiques que le groupe nous offre. Dès l’entêtant « 2012 » un sacré bon sang de refrain (I don’t remem-ber twentytwèèlv’) vient s’installer pour longtemps dans notre caboche. « Cotard's Solution » mise déjà plus sur le collectif, et fait émerger d’affriolantes images foraines, que l’orgue de barbarie et les Never-never sautillants démarrant « Mr. Capgras … » viennent immédiatement renforcer. C’est la folie furieuse, on voit des trapézistes grimaçants sodomiser en vol des toons alcoolisés, et des danseuses borgnes couvrir de Nutella d'imposants Mr Muscle maquillés à outrance. Il faut par contre attendre l’excellent « Hand Me My Shovel, I'm Going In!  » pour voir le groupe ajouter de nouveaux ingrédients dans son shaker: quelques accords secs et un sifflet distant, et c’est un parfum d’Ennio Morricone qui vient s’insinuer dans la sarabande. Mais cela ne leur suffit pas, et tels les dignes petits frères de Russkaja, nos joyeux zigotos ajoutent une bonne rasade de Ska/Polka/Youpla dans leur démentielle kermesse – l’ensemble étant suffisamment chargé en géniales zouaveries pour alimenter les rêves humides de tout amateur de Circus Metal qui se respecte. On touche alors au but, et c’est sur les déhanchements plus latins de « Dr. Sunshine is Dead » que Will Wood tire une dernière fusée pétaradante dans la direction de Diablo Swing Orchestra. N’en jetez plus…

 

… Rhaa Lovely!!!!!!!!!

 

En dehors d’une euphorie monumentale et d’une incoercible envie de claquer des doigts, ce que l’on ressent donc avec évidence à l’écoute de cette pétillante généreuse demi-heure, c’est à quel point un tel album mériterait qu’un metteur en scène de talent en fasse l’une de ces Comédies Musicales à gros budget qui font le bonheur du West-End londonien et de Broadway. Parce qu’il suffit de fermer les yeux et de se laisser aller pour voir une multitude grouillante transformer l’une de ces vastes scènes en joyeuse et grouillante Cour des Miracles. C’est d’ailleurs tout le mal que l’on souhaite à Will Wood & The Tapeworms, et c’est ce qui va séance tenante nous pousser à vérifier comment la chose sonne en live en essayant The Real [LIVE], sorti un an et demi après le présent album... On reparle de tout ça dès que possible!

 

PS: puisque des infos factuelles il faut aussi donner, sachez que Self​-​ish est le second album de Will Wood & The Tapeworms. Promis on essaiera de vous parler également du premier.

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Tim Burton, Major Parkinson, The Pogues, Queen, Diablo Swing Orchestra, Gogol Bordello, Toehider, Stolen Babies… Si l’un quelconque de ces noms (… ou, plus encore, la combinaison de ceux-ci) vous met dans le même état qu’un bambin devant un sapin de noël, allez immédiatement écouter Self​-​ish!

photo de Cglaume
le 17/02/2020

4 COMMENTAIRES

8oris

8oris le 17/02/2020 à 13:01:32

Je découvre cet ovni. Assez dingue et hyper entraînant/dansant. Je le prévois dans la playlist de n'importe laquelle des prochaines soirées festives!

cglaume

cglaume le 17/02/2020 à 14:27:35

<3

Theodore

Theodore le 17/04/2020 à 07:49:55

Whoaaah merci pour la découverte, longtemps que j'avais plus eu une telle 
claque !
Le premier album bien qu'un peu plus sage, est également très bon !
Nouvel album "The Normal Album" le 10 juillet !

cglaume

cglaume le 17/04/2020 à 10:08:23

J'ai récupéré le premier album (on va essayer de le chroniquer...).
Et je suis dans les starting blocks pour le prochain ;)

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