Tardigrade Inferno - Burn the Circus
Chronique CD album (45:07)

- Style
Psycho Circus Metal / Nawak Cabaret Metal - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
10 octobre 2023 - écouter via bandcamp
En mai dernier, Tardigrade Inferno débarquait sans crier gare (blaaaague) avec un EP Arrival of a Train embarquant dans ses wagons 4 titres taillés pour arracher des sourires aux malheureux fans abandonnés par des Stolen Babies décidément aux abonnés absents. Si l’appellation « Dark Cabaret Metal » (sous-genre officiel du Nawak Metal, si si, c’est moi qui écris, c’est moi qui décide) s’appliquait alors à merveille à ce joli bolide ferroviaire, sur Burn The Circus, le doute n’est plus possible : c’est « Circus Metal » (désignation jusqu'ici exclusivement australienne) qui devient sans conteste l’étiquette officielle à accoler au groupe. « Psycho Circus Metal » même, étant donné le nombre de fusibles céphaliques que semble avoir cramé Darya, la « Madame Loyale » en charge du boniment. Mais ne chipotons pas : chacune des ces nuances de wadafuck s'inscrit naturellement dans la case « Nawak forain », cette sous-branche relativement peuplée du genre que vous chérissez plus que tout, vous aussi, j’en suis sûr : le Nawak Metal (… que les USAziens appellent plutôt Sporkcore, de leur côté… Mais desserrez donc cette camisole bordel : vous voyez bien que j’ai besoin de me gratter le nez !!).
« Hormis le déménagement de la gare ferroviaire vers le chapiteau de Zavatta, il y a du neuf chez les Tardigrade aux Fourneaux ? »
Pas du neuf : du onze titres nouveaux, pour trois quarts d’heure de fanfare psychotique, de piste aux étoiles noires et de plaisirs contorsionnistes. En si peu de temps les Tardi’ n’ont évidemment changé ni l’équipe, ni la formule qui gagne. On se retrouve donc une fois de plus en présence d'un improbable jumeau des Stolen Babies qui aurait troqué Dominique Persi pour Harley Quinn. Au programme, deux grosses poignées de comptines où les poupées sont tueuses, les dompteurs se font croquer les moignons, et les porteurs de nez rouges ont un faux air de Art, le « héros » de Terrifier. La différence avec la grande majorité des groupes qui pratiquent le Bunglecore, c’est que ces Russo-australiens envoient fort et régulièrement le pâté, notamment lors de mosh parts grassouillettes et d’accélérations véhémentes (cf. « Ringmaster Has To Die »). Ils n’atteignent certes pas le degré de pilosité de leur compatriotes de Zmey Gorynich, mais attendrissent suffisamment le steak de l’auditeur pour que celui-ci puisse être franchement effrayé si sa tolérance au Metal ne va pas au-delà du registre des Dirt Poor Robbins.
Si l’on veut jouer les circussophiles délicats, on pourra regretter que le groupe ait du mal à sortir des gimmicks incontournables du genre, ainsi que de structures parfois un poil répétitives, histoire de jouer plus souvent les acrobates et moins fréquemment les dresseurs de pachydermes. Parce que depuis le temps, les fables sombrement sucrées (« Little Princess »), les Cabaret girls gouailleuses (« Cholera »), les camelots montreurs-de-monstres (« Nailed To The Ferris Wheel »), les tourneuses d’orgue de barbarie : on a déjà vu ces savoir-faire exposés lors des innombrables ateliers dispensés sur les incontournables du genre …
Sauf que Tarigrade Inferno est plus pop-corn saignant que barbe-à-papa sucré, plus grimaçant que souriant, et que cette méchante volonté de taper là où ça gratouille fait très souvent mouche. C'est vrai: ce « Ringmaster Has To Die » de taré, il surbute ou pas, nom de nom ? Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? D’autres titres bonnards ? Burn The Circus en regorge ! Tiens, « Tick-Tock », qu’on croirait partir comme du Kontrust, mais qui balance vite un gros boulet riffé bien joufflu. Et juste après, vlan, l’inarrêtable caravane « 9 out of 10 », avec groove de guingois et accroche festive de série. Puis encore après, rebelote, la folle sarabande « Nailed To The Ferris Wheel » plante ses clous à grands coups de manche de 6-cordes. Jusqu’au morceau-titre, tout d’orchestrations vêtu, qui montre si besoin est combien diable Miss Pavlovich est une brillante chanteuse.
Vu sa localisation, la (l’ex-?)nationalité de ses membres, et la niche dans laquelle il évolue, on peut douter que le groupe tourne de sitôt par chez nous. Et c’est bien tristoune (… quoiqu’on ait malheureusement l’habitude avec les groupes de Nawak étrangers). Toutefois on garde l’espoir de voir un jour ces dingos sous un chapiteau près de chez nous, le spectacle promettant d'être particulièrement explosif en live !
PS: OK, OK, ça ressemble fort à une bonne grosse conclusion bien bateau. Mais c’est la vraie réflexion personnelle qui s'impose avec évidence, là, tout de suite. Écoutez donc l’album : vous aussi, vous verrez, il vous viendra des envies d’acheter du ticket de concert pour aller profiter en live de ce spectacle plein de couleurs vives, d’humour noir et de décibels puissamment mabouls.
La chronique, version courte : dans la droite lignée d’Arrival of a Train – qui a joué les éclaireurs il y a tout juste un petit semestre – Burn the Circus est un deuxième album tonitruant, méchamment frappé, qui vient se relocaliser plus ostensiblement sous le chapiteau du Circus Metal. Si vous voulez savoir à quoi ressemblerait la musique des Stolen Babies si ceux-ci étaient managés par Art le Clown, rangez vos allumettes (dangereux pyromanes bassement premier degré que vous êtes) et lancez plutôt ce nouveau tour de piste de Tardigrade Inferno: Vous allez vous prendre une grande tarte (… à la crème) !
5 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 31/12/2023 à 11:39:47
J'ai lu ART LE CLOWN en conclusion : c'est donc une excellente chro. Le premier titre fait "badaboum couteau de boucher dans les trous de nez". Clockwork God : excellent en mode chapeau melon batte de BB. Alors oui c'est Cabaret machin pas original mais ça bourrine bien à fond et c'est ça qu'est bon. Tu me pousses à acheter un deuxième album cette année : mais que se passe-t-il ??
cglaume le 31/12/2023 à 11:55:49
Attention: un gros nez rouge va pousser sous ta crête haha 😉
Crom-Cruach le 31/12/2023 à 12:06:47
Un nez rouge à la Captain Spaulding oui. "Hooray for Captain Spaulding" (Groucho Marx/ Rob Zombie)
noideaforid le 02/01/2024 à 23:53:44
je n'ai même pas fait le rapprochement avec stolen babies, maintenant que tu le dis 🤔 voir un peu animal alpha aussi! Enfin bref...
J'aime bien ce groupe, je rejoins ta conclusion bateau.Mais c'est quand même lourd a digérer par moment en album le Circus Metal. J'écoute jamais ça en une fois. Et ça manque de groove. La voix la gratte et le synthé sont trop présent je trouve. Groupe que je met dans " le prochain album sera parfait ".
cglaume le 03/01/2024 à 07:35:25
C'est clair que leur registre, c'est plus le in-your-face que le swing.
Mais comme ce n'est pas si fréquent à ce niveau dans le Nawak, je prends de bon coeur ! 😉
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