Tardigrade Inferno - Arrival of a Train

Chronique Maxi-cd / EP (16:46)

chronique Tardigrade Inferno - Arrival of a Train

En-fin ! Depuis le temps que j’avais prévu de vous parler de Tardigrade Inferno… Attendez, voyons voir : mais oui, l’acquisition de Mastermind, leur première album, remonte à janvier 2019 déjà ! Dire qu’il était question d’en parler en ces pages à l’époque… Sauf que l’actualité brûlante, la baisse du cours du cobalt à la Bourse de Tokyo, l’extinction imminente du macareux moine, les hémorroïdes – vous savez, toutes ces choses qui changent le cours des événements tels que vous les aviez initialement prévus – en ont finalement décidé autrement. Heureusement, la sortie d’Arrival of a Train, 3e EP des tardifs gredins de Fernand Raynaud, nous offre une occasion en or de nous refaire. Alors compostez votre ticket, montez dans le wagon, placez vos bagages dans le compartiment situé au-dessus de votre siège, et c’est parti pour un voyage court mais intense dans un train pas comme les autres !

 

Mais attendez un peu avant que ne se referment les portes : savez-vous vraiment qui est à la manœuvre, et balance des pelletées de charbon dans la gueule béante de la locomotive ? Non ? Il me semblait bien aussi... Il s'agit d'une poignée de Russes amateurs de trains fantômes, de cabarets Tim Bur[ton]lesques, et de tardigrades, donc – ces animaux minuscules et quasiment increvables déjà mis à l’honneur sur le 3e album de Hentai Corporation. Enfin je dis « Russes », mais depuis Mastermind les choses ont changé un brin : la page Bandcamp du groupe mentionne en effet que Melbourne, Australie, abrite dorénavant le QG du groupe… Comment donc, se pourrait-il que certains d’entre eux aient voulu échapper à la circonscription obligatoire ? L'office de tourisme de Bakhmout ne serait-il pas à la hauteur pour vanter les charmes de la campagne est-ukrainienne ? Mais refocalisons-nous plutôt sur les décibels : ainsi que le genre affiché là-haut vous l’a déjà appris, le truc de Tardigrade Inferno c’est le Dark Cabaret Metal, le Nawak flippé plus freaks que fun, les squelettes qui ricanent et les démons qui rigolent, les fêtes foraines pleines de femmes à barbes, de nains à trois têtes et d'hommes-pangolins non vaccinés. Vous prenez les Stolen Babies, vous y ajoutez un soupçon de 6:33, un peu de Sleepytime Gorilla Museum (parce que ça fait toujours chic), vous gonflez les effectifs du département Metal, vous faites coacher la front woman quelques jours par Hikiko Mori de Bad Tripes, et hop, vous servez bien saignant.

 

Ça fait rêver non ? À moins de ne vraiment pas apprécier les soupers servis dans le manoir de la famille Adams, évidemment…

 

Tchou-tchou, donc : sur « Arrival of a Train » on ne vous ment pas, le train arrive effectivement en gare de La Ciotat... Et il a oublié de freiner ! La rythmique est louuuurde, l’ambiance foraino-ferroviaire, les sourires grimaçants, les casques fêlés, le chant de poupée givré et dérivant parfois sur des growls, et le manège de terminer sa course sur une tranche de gras bovinissime, via une mosh-part plus beatdownesque que le plus plombé des ralentissements djento-deathcoreux. Ritournelle nawak et pas décidé, « Fire, Plague & Locust » met ensuite le cap droit dans nos trombines avec une détermination martiale qui rappelle un De Staat au top du Mad Mécano Metal : un sacré bon sang de tube, foi de lapin ! Mais que serait le Metal forain sans orgue de barbarie ? C’est donc à « Engine of Skin » qu’est confié la tâche de retourner dans ce Luna Park où reignent Dominique Persi et ses Bébés Volés, la dynamique « en tours de manivelle » du titre et quelques soupirs n’empêchant nullement la section Metal de copieusement s’essuyer les rangeos sur nos tympans. Et c’est avec un supplément de profondeur qu’« Evoke » annonce la fin de la représentation, des orchestrations symphoniques discrètes permettant même, via un habile zoom arrière, de révéler combien ce cirque est vaste et grandiose. On le savait que derrière les bouffonneries, le Joker et ses pairs cachaient une personnalité riche et sophistiquée… Mais c’est toujours agréable de se le faire ainsi rappeler, juste avant que le rideau ne retombe.

 

Alors nostalgiques de There Be Squabbles Ahead, insatiables amateurs de l’univers de « Black Widow » (celui de 6:33, pas la purge Marvel), clowns moqueurs, jongleurs de boules, acrobates, magiciens, n'hésitez donc point : entrez le carnaval Arrival of a Train, joignez-vous la fête Tardigrade Inferno !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: ce n’est pas si souvent, finalement, qu’il nous est donné d’écouter du bon Cabaret Metal joliment maboule. Or Arrival of a Train c’est exactement cela : un univers forain joyeusement inquiétant, un bonbon Nawak plein de toiles d’araignée, le meilleur des mondes des Stolen Babies, de 6:33, de Tim Burton et de tous leurs copains freaks. Alors munissez-vous de votre ticket pour le train fantôme, et prenez garde à bien rentrer les bras à l’intérieur du wagon : ça riffe dru et ça mord profond dans ces sombres couloirs, il ne faudrait pas que vous sortiez du manège plus scarifié que de raison !

photo de Cglaume
le 08/06/2023

5 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 08/06/2023 à 10:01:13

"joliment maboule" c'est exactement ça

8oris

8oris le 08/06/2023 à 14:01:05

Miam!

Hikiko Mori

Hikiko Mori le 09/06/2023 à 12:27:57

Fichtre ! La dame n'a nulle besoin que je la coache, elle est déjà au top :-) Merci pour la découverte !

Hikiko Mori

Hikiko Mori le 09/06/2023 à 12:28:27

Nul besoin* (j'en perds mon latin)

cglaume

cglaume le 09/06/2023 à 14:49:06

Errare web-postum est 😉

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