The Black Keys - Turn Blue

Chronique CD album (46:00)

chronique The Black Keys - Turn Blue

Il va vraiment falloir qu’ils nous expliquent pourquoi il n’y a aucun tube dans ce nouvel album.

 

Est-ce par « retenue » artistique et donc par ego afin de ne pas être considéré comme « juste » un groupe à tubes, aka « grand » public ? Est-ce par incapacité à reproduire cet incroyable tour de force qu’était El Camino, à savoir de bons morceaux, originaux, aux mélodies imparables qui peuvent plaire au plus grand nombre ? Ou bien est-ce par volonté de faire à nouveau quelque chose de différent, d’évoluer, et de tout simplement ne pas se répéter ?

 

Parce que oui, s’il y a de bonnes chansons sur ce Turn Blue, là n’est pas la question, on restera quand même extrêmement surpris du manque de futurs « hits » et de l’absence de titres véritablement énergiques comme ils ont su nous offrir tout au long de leur discographie (et pas seulement sur leur multi-platiné précédent album). L’avant-première "Fever", presque le seul titre à peu près « rythmé », direct,  et bien, tant il fait pâle comparé à ce qu’ils ont fait auparavant, ne suffira pas à nous donner la réponse. Alors forcément, préparez-vous, car, à la première écoute, Turn Blue vous laissera l’impression d’un The Black Keys de canapé, gris foncé. Sont-ils déjà épuisés de faire sauter les kids dans les stades ?

 

À cette première sensation s’ajoute la surprise -  là de façon plus positive pour certains et bien moins pour les autres - de l’introduction de nouveaux sons, comme par exemple, dès l’ouverture de l’album, cette intro très rock progressif. Des nouveaux sons, mais des sons qui ne nous sont pas inconnus. Ainsi tout au long de l’album on pensera tout autant à The Black Keys qu’à de nombreux autres groupes, et par « autres groupes » il faut entendre pas n’importe qui. Oui, ce Turn Blue est très référencé et blindé d’accroches. On ne s’échappe jamais vraiment de leur espace mais on s’approche tout autant de David Bowie (intro + refrain de "Fever" = "A New Killer Star"), MGMT (idem "Fever"), Pink Floyd ("Weight Of Love", "Bullet In The Brain"), Amy Winehouse ("In Time"), Baxter Dury (je ne sais plus quelles intro et passages à la basse), Serge Gainsbourg (la basse de "Bullet In The Brain"), les Rolling Stones (intro de "Gotta Get Away" = "Dead Flowers"), The Heavy ("In Time") et j’en passe. Oui, de bons groupes, qui, on se permettra de le noter, ont pratiquement tous eu au moins un titre utilisé dans un spot publicitaire télévisé. Alors certes pas de tubes comme "Lonely Boy", mais ils restent néanmoins à portée de tous. Malins les lutins, ils n’ont quand même pas encore envie de jouer cachés. On se permettra quand même de préciser à ceux qui vont acheter ce nouvel album sur la base des singles d’El Camino ou de "Fever" qu’ils risquent d’être un peu déçus du calme ambiant, cette situation nous rappelant à tous l’époque des déçus d’avoir acheté Use Your Illusions sur celle du single "Don’t Cry".

 

De leur rock garage immédiat et teinté de blues des débuts, il ne reste que quelques infimes traces. Ce nouvel album alternera davantage entre une pop légèrement triste, ou tout du moins mélancolique, et une beat-pop dansante, mais tout autant mélancolique. Effectivement ce n’est pas vraiment la joie ici et les conditions d’écoute de ce Turn Blue sont bien différentes de celles d'El Camino. Il paraîtrait que l’explication du pourquoi du comment de cet album plus introspectif et moins calibré « chansons pour enflammer les stades », serait le divorce d’un des deux musiciens. Hum, trop dur la vie. Ok pourquoi pas. À chacun sa catharsis. On se retrouve donc avec entre les oreilles un bon album (superbes "Year In Review" et "Weight Of Love") mais pas aussi bon que les trois précédents, la faute à quelques morceaux en dessous de leur moyenne. Malgré cela, pour rester honnête, on ne peut pas dire qu’ils aient vendu leur âme et on peut considérer que The Black Keys, aux côtés d’Arcade Fire et des Queens of The Stone Age, reste un des groupes de rock les plus importants de la décennie ayant réussi à toucher tant les avertis que le grand public, et même réussi à évoluer sainement jusqu’à démocratiser les genres musicaux de leurs origines. Ce Turn Blue ressemble d’ailleurs dans leur discographie énormément au … Like Clockwork dans celle des Queens précédemment cités.

 

Voilà, vous êtes prévenus, il faudra vous trouver un autre disque pour vos soirées animées. De toute façon, je vous raconte tout ça mais, c'était déjà annonçé clairement dans le titre. The Black Keys Turn Blue.

photo de R.Savary
le 09/05/2014

2 COMMENTAIRES

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 09/05/2014 à 10:24:05

ça va bagarrer les droits d'auteurs pour la pochette entre Black Angels et Vibravoïd...

pidji

pidji le 09/05/2014 à 12:22:08

Haha pas faux pour la pochette.
C'est vrai qu'à la première écoute, il n'y a pas de titre qui en ressort. Va falloir me le mettre plusieurs fois dans les oreilles

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