The Otolith - Folium Limina

Chronique CD album (01:03:08)

chronique The Otolith - Folium Limina

SubRosa est mort.

Mais revit presque étrangement, par deux groupes, deux projets qui chacun ramène énormément au défunt.

La tête, la voix, les compositions, l’ambiance, le folk, la mélancolie avec The Keening.

Le corps, le son, la musique, les compositions, le doom, la puissance avec The Otolith.

En gros, les parties claires d’un côté, celles plombées de l’autre. La scission est artistiquement presque totale et évidente. SubRosa déchiré en deux de ce qui faisait sa singularité. Mais avec les mélodies aux violons pour chacun en continuité. (Et également par les chiffres, les 3 groupes affichant tous 6 morceaux par album, coïncidence ?)

 

Be kind, rewind, SubRosa c’était ça (click for the chronick) :

 

 

Avec : Rebecca Vernon au chant, à la guitare et à la tête du projet, Sarah Pendleton et Kim Pack aux violons électriques et au chant, Levi Hanna à la basse, Andy Patterson à la batterie et à la production.

La chanteuse a continué avec The Keening.

Les « musiciens » avec The Otolith.

Et si la perte de SubRosa est énorme, avec un More Constant Than The Gods indétrônable, les deux nouveaux projets valent largement l’écoute, même si sûrement, personnellement, flouté par un brin de nostalgie.

 

Et même si musicalement il n’y a là aucune ressemblance, j’ajoute ici l’album - instrumental - de Insect Ark, avec Andy Patterson à la batterie car lui aussi vaut également d’être écouté !

 

 

Ce nouveau premier album de The Otolith est donc la partie « plombée », doom et criée de l’héritage. Toujours cette approche bien identifiable, prog-folk-pagan mélodique au milieu de terres brûlées et en train d’être enterrées. Ça monte (violons clairs, voix claires), ça descend (batterie, basse, guitares et parfois la voix du guitariste, saturés). La musique rampe, les violons et les voix dansent sur les cendres. Ces deux violons ultra mélodiques, plutôt mélancoliques, mais aussi explosifs, sont une marque de fabrique dans l’histoire de ces musiciens. L’ensemble reste d’obédience massif. Le très beau "Andromedas Wing" ou le mystique "Ekpyrotic" représentent très bien l’alchimie de tous les éléments précités. En résumant facilement, on parlerait de post-rock-godspleenien croisé au doom. Du post-doom ? Mais non ça ne suffit pas. A nouveau ils imposent leur marque de fabrique qui les différencie bien. Avec ici les mêmes commentaires que pour un nouveau SubRosa.

 

Mais s’il faut également approcher ce Folium Limina en mettant de côté le passé, là j’avoue, et bien davantage que pour The Keening (certes sorti après), c’est assez difficile tant la ressemblance avec SubRosa est grande. Le ton, les compositions, le choix des instruments. Ce ne sont pas seulement des passages mais des morceaux entiers qui pourraient en être le nouvel album. Pourtant les voix claires sont mélodiquement plus poussées, les nouvelles compositions, de 9 à 13 minutes chacune, sont très bonnes, mais si c’est très bon, il n’y a rien de réellement nouveau. A certains moments, par la structure des morceaux, leur évolution, et plus spécifiquement lors de changements de rythmes, d’envolées vocales ou violonistiques (?) on s’approche des moments magiques que l’on pouvait trouver sur le More Constant Than The Gods de qui vous savez, mais seulement s’en approcher. Ou alors juste qu’il y en a moins. Et si ces variations et changements sont fréquents, on peut parfois ressentir une certaine linéarité ou manque de relief, voire une redondance dans les mélodies des violons et une répétition d’un titre à l’autre des moments où ils interviennent. Il semble que la barre était trop haute.

Bon, vous me direz, il y a pire comme ressemblance que SubRosa et c’est déjà, pas mal pour un « premier album » non ? Je cherche peut-être un peu trop loin… Mais oui ici on se rend compte qu’il semble difficile de s’éloigner du projet phare auquel ils ont grandement participé. Alors forcément, nostalgie mise à part, on ne peut qu’apprécier ce Folium Limina. Dans tous les cas on peut imaginer qu’ils n’étaient pas à l’origine de la scission, et après le concert qu'avait donné SubRosa au Roadburn en 2017, en mode "épuré", acoustique, sans batterie, avec les morceaux retravaillés, on peut voir ce nouvel album comme un retour à la source.

 

Ces deux nouveaux projets The Keening et The Otolith s’ils ont ce truc en plus de nous apporter de la très bonne musique, de nouvelles idées, surtout quand on pensait l’esprit SubRosa éteint à jamais, ils ont néanmoins chacun ce petit truc en moins (peut-être la simplicité, la finesse et la nouveauté de ce côté, la colère et le heavy doom de l’autre), écrasés par l’ombre d’un zénith qu’ils ont jadis atteint.

 

Mais la lumière naît de l’obscurité, je serai là pour suivre leurs chemins car je crois en leurs étoiles.

 

 

photo de R.Savary
le 30/11/2023

1 COMMENTAIRE

Moland

Moland le 30/11/2023 à 16:13:50

Cet album avait fini dans mon top de fin d'année. Belle chronique. 

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