The Prestige - Amer

Chronique CD album (37:00)

chronique The Prestige - Amer

Amer : "Se dit de quelque chose / quelqu'un qui cause de la tristesse ou qui exprime la tristesse".

Voilà qui ne nous avance guère. Je n'arrive pas à répondre à cette question : Suis-je amer et donc j'écoute The Prestige ou le deviens-je à l'écoute du groupe ? L'oeuf, la poule et toutes ces conneries existentielles balayées par 37 minutes intenses.

The Prestige est un excellent souvenir d'Avril. Le printemps redonnait naissance aux première fleurs, les parisiens étaient venus pour les faner.
Leur deuxième album sortait et je découvrais en live des guitares agonisantes et un hurleur qui cherche à te faire parcourir un long frisson de la nuque jusqu'aux lombaires.

En studio, c'est à peu de chose près la même chose, sauf que tu peux trembler à volonté.


L'entrée en matière se fait par le biais d'une intro bruitiste et criarde, hargneuse qui gonfle un gros nuage noir juste au-dessus de ta tête.
L'orage va éclater dès "Bête noir".

La violence, quelques discrets larsens et beaucoup d'excitation. Le hardcore chaotique du groupe rappelle celui de The Chariot, l'émotion écorchée encore plus vive.
Autant dire que l'on entre vite dans le vif du sujet. La suite sera parfois différente, mais ne compte pas trouver la lumière.

A peine as-tu jaugé la violence de cet album que tu te retrouves face à celle de l'ambiance. Ici, le bon côté est que tu sais rapidement si tu vas l'aimer ou pas.
"Léger de main" règle l'interrogation avec son lancement gelé. Légère reverb', on sent la froideur d'une cave et le frisson dorsal te parcoure déjà. Tu te réchauffes sur le déchaînement qui va crescendo (comme sur "Négligée") sur ce morceau et qui se poursuit sur "Enfants terribles" et "Voir dire".
Lorsqu'il explose, le groupe a aussi de sérieux penchants à la Norma Jean (notamment sur le son / jeu de batterie).

Souvent concis, le groupe sait aussi s'attarder et traîner, histoire de bosser son ambiance et l'appesantir.


On sort alors de "Négligée" quelque peu lessivé et achevé par "Ingénue", interlude acoustico-crade-chanté-faux (pas génial d'ailleurs), qui n'est qu'un pont vers une autre déchaînement.

Mais je te le répète : "Amer" n'est pas que violence. Elle n'est qu'un moyen choisi par le groupe pour gerber une émotion : sans parce qu'elle est intense. On s'avance d'ailleurs vers un sprint final avec "Marquée" et "Apaches" avec une musique qui te serre le coeur et la gorge. On se sent vidé jusqu'à "Petite mort", autre interlude beaucoup plus passionnant et prenant qu' "Ingénue".
Un son, une ambiance qui rappelle le nihilisme déprimé et haineux de Cursed...
...qui va prendre toute sa dimension pour une conclusion sur l'excellent "Cri du coeur".
Morceau qui passe par bien des états, à l'image de l'album tout entier, presque progressif et qui finit dans une apothéose minimaliste qui te fera bien fermer ta gueule à la première écoute (mais que tu reprendras en lâchant tes tripes sur les suivantes).

 

Ce petit nuage au-dessus de ta tête (dont je te parlais au départ) va continuer à cracher tout ce qu'il a bien au-delà des 37 minutes d' "Amer". Il va te laisser des traces bien après son passage dans ce conduit pas toujours nickel que t'appelles "oreille". Si tu traînes entre ces pages régulièrement, et si cela ne devait arriver qu'une seule fois dans toute ta vie, fais-moi confiance sur ce coup-là : ce disque est pour toi.

photo de Tookie
le 10/08/2015

1 COMMENTAIRE

daminoux

daminoux le 11/08/2015 à 13:42:03

excellent album bien plus sombre que le précédent. et trés bonne kronik

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