Therion - Theli

Chronique CD album (51:19)

chronique Therion - Theli

Theli de Therion est un véritable album charnière. Non seulement pour la carrière du groupe, mais aussi pour le metal en général. C'est la première fois que le mariage entre musique classique et grosses guitares est poussé aussi loin. Il y a peut être eu d'autres précédents (je ne peux pas avoir les oreilles partout), mais c'est bien Theli qui est considéré comme fondateur. Auparavant, Deep Purple s'est bien acoquiné avec l'orchestre philharmonique de Londres en 1968, le temps du Concerto for Group and Orchestra. Un certain nombre de groupes n'hésitent pas à faire appel à des orchestres pour donner de la profondeur ou de la puissance. Les exemples ne manquent pas non plus de groupes citant des oeuvres classiques (Accept, Savatage...). Mais les ambitions affichées par Therion pour son quatrième album sont claires, le classique aura une place équivalente à celle des guitares lors de la composition, il ne sera pas uniquement un support pour rendre la musique du groupe plus épique. Issu de la scène death suédoise, Therion a connu une lente évolution au fil des albums en incorporant des claviers symphoniques, des chœurs d’opéra et en s’infléchissant vers le doom. A chaque album, le groupe élargit son audience. En 1995, il signe chez Nuclear Blast pour la sotie de Lepaca Kliffoth.

 

Habitués à de fréquents changements de line-up, Therion est essentiellement Christopher Johnsson, guitariste et chanteur de son état. Au fil du temps, son chant est passé des grunts typiquement death, à des vocaux, toujours graves et extrêmes, mais plus en adéquation avec les velléités symphoniques de son bébé. Le label, qui a eu le nez creux, donne à son poulain les moyens puisque sont recrutés pour l'enregistrement, rien de moins que douze chanteurs d'opéra, soprano, baryton, basse, alto et tenor, et d'un grand piano. Pour le reste, les orchestrations sont réalisées par des synthés aux sons parfois un peu kitsch, qui font qu'à ce niveau Theli sonne un peu daté (ou alors en avance su son temps, précurseur de la synthwave); on est encore loin de l'époque où l'on peut recréer le son d'un orchestre philharmonique avec un simple sampler. Hors quelques rythmiques musclées, on ne trouve plus de traces de death, on est plus proche du heavy teuton (Helloween) ou d'Iron Maiden avec des cavalcades guitaristiques sur nappe de double pédale. Quelques sonorités rock 70's (Scorpions) se font également entendre, comme sur l'intro de "The Desert Of Set".

 

Le chant se partage entre chœurs féminins ("To Mega Therion"), masculins ("Nightside of Eden"), envolées dickinsoniennes et vocaux graves, secs, typés metal, sans pour autant être extrêmes ("Invocation of Namaah"). Cette variété contribue à égalité au caractère novateur de Theli, tout autant que l'usage des instruments classiques. La plupart des textes ont été écrits par un ami de Christopher Johnsson, Tommy Karlsson, membre du Dragon Rouge, secte occulte et ésotérique, qui s'inspire de la voie de la main gauche. Ses textes sont le reflet de ses recherches dans le domaine.

 

La production de l'Impuls Studio est puissante, claire et équilibrée. Tous les instruments sont traités également et les guitares sonnent remarquablement bien, massives et épiques. Vingt ans après, le son n'a pas pris une ride et n'a pas à rougir. Si on doit faire un reproche à Theli, en dehors de la question déjà évoquée du son des synthé qui a mal vieilli, c'est peut être un manque de cohérence au niveau des structures, parfois hésitantes, entre rock et classique, défaut largement corrigé sur Vovin, l'album suivant. Mais c'est un point bien mineur qui ne retire en rien le caractère révolutionnaire de Theli, qui marque une réelle rupture, une brèche dans laquelle de nombreuses formations se sont engouffrées.

 

 

 

 

 

photo de Xuaterc
le 15/05/2016

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 15/05/2016 à 11:02:05

La grande époque !!

Xuaterc

Xuaterc le 15/05/2016 à 14:10:44

La meilleure période d'un point de vue composition, mais mon line-up favori reste celui du DVD live gothic

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