Third Ion - 13/8 Bit

Chronique CD album (52:41)

chronique Third Ion - 13/8 Bit

Fans de Grunge, de Necro Black ou de Beatdown, passez votre chemin. Non parce que franchement, y a-t-il une seule chance que vous chopiez le gourdin au contact d’un album de SF Prog retors abritant – entre autres – un ex-The Devin Townsend Band et un ex-Into Eternity en ses rangs, et ciblant les fans de Zelda? Hein? Et pourquoi pas grâce à un Best Of de Touré Kounda revisité par un orchestre Klezmer pendez que vous y êtes?! N’insistez pas: il n’y a rien pour vous dans 13/8 Bit

 

Parce que pour le coup, on peut dire que le nom de ce premier album ne pourrait annoncer mieux la couleur. Car « 13/8 », c’est la métrique utilisée tout au long du morceau-titre, autrement dit pas vraiment la confortable mesure de base du morceau Pop diffusé au rayon "Produits d'Entretien". Ça c'est clair que ce type de compo n'est pas du genre à vous rentrer tout seul dans le crâne pendant que vous peaufinez votre heelflip avec les buddies du skatepark! Et puis l’usage de « 8 Bit » ne pourrait mieux signifier l’amour incontestable que nos 4 canado-américains portent aux jeux vidéo vintage – ce que la pochette de l’album, calquée sur les codes visuels de la Gameboy, affirme tout aussi haut et fort. Du coup vous commencez à percevoir ce qui se profile à l’horizon: 13/8 Bit, c’est une version Prog moderne de la musique d’Into Eternity, les échappées extrêmes y étant remplacées par des parenthèses planantes, des cascades rythmiques limite Meshugguiennes et des interventions synthétiques "Mario VS Donkey Kong" que ne renierait pas Pryapisme.

 

Là normalement, soit ça chatouille votre côté « Indiana Jones & la Jungle Musicale Inexplorée », soit vous avez déjà vomi la blanquette de veau de ce midi sur votre clavier…

 

Pour être honnête 1) le travail accompli par les 4 pointures qui forment Third Ion est vraiment impressionnant 2) mais le résultat n’en reste pas moins caractéristique de l’image d’Epinal que l’on se fait du Prog. Autrement dit d’un côté c'est subtile – voire sublime –, dense, riche – voire passionnant... Et de l’autre c'est plein de longueurs, de tortillonneries dispensables et d'un maniérisme un peu pénible. Là, évidemment, c’est un amateur occasionnel du genre – qui y est venu sur le tard et par le biais du Nawak – qui vous tient ces propos. Faites en ce que vous voulez...

 

Pour revenir à des considérations plus factuelles, sur ce 1er album on se régale à intervalles réguliers des croustillantes interventions de la basse, de la batterie comme des guitares, les uns et les autres ayant l’occasion de montrer ce qu’ils savent faire sans que cela soit amené de manière artificielle. A noter également la présence d’un clavier qui tantôt (sur « Zero Mass ») irritera par ses sonorités froidement synthétiques (… ce qui est raccord avec le contexte geek vous me direz), tantôt brillera en intervenant aux côtés de la guitare comme si les 2 brodaient en mode Twin (sur « Time Lapse Beta » par exemple). Cette ambivalence générale se reflète également au niveau de l’impression que nous laissent les morceaux – « Particle Replacement Mechanism » étant trop long et tortueux, « Collapse » trop sucré, « Time Lapse Beta » lui aussi trop long (13 minutes et demi) et planant, alors que « The Kineticist » se révèle fin, brillamment accrocheur et tranchant, tandis que « Van hAlien » (ce titre!) est complètement dément, dans un mode cyber-machette qui fera bicher les fans de Djent débité à la serpette laser.

 

Si vous avez le rêve fou que des progueux mettent leur talent au service d’un Metal habituellement squatté par les Animals As Leaders, Meshuggah et autre chantres du Nitendo-Djent, si vous brûlez régulièrement des cierges dans l'espoir d'avoir un petit peu de rab’ d’Into Eternity, même noyé dans un genre que vous ne fréquentez habituellement que de loin, si des morceaux longs et complexes à dessein ne vous dérangent pas, ou si vous êtes un tueur à Tetris, Third Ion sera pour vous Miel, Jasmin & Porto. Sinon tentez quand même le coup – parce que l’expérience est vraiment intéressante –, mais ne vous mettez pas la rate au court-bouillon si votre logiciel cérébral n’arrive pas à assimiler la chose. Parce que 13/8 Bit s’adresse avant tout à un public très ciblé, et hautement averti…

 

PS: Dans l’idée de ce que Pryapisme a fait avec Blastbit Rococollider – Remix, Third Ion prévoit de sortir un album proposant les versions 100% 8 bits des 8 titres de 13/8 Bit... Alors tous à vos Sega Master System!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Alors que les groupes de Djent et de Modern Death laissent de plus en plus souvent leur amour pour le Prog leur dicter leur conduite, ici c’est un groupe de Prog – avec des ex-Into Eternity et ex-The Devin Townsend Band dedans – qui, voulant mettre en musique leur passion pour les jeux vidéo, s’aventurent aux abords du Metal moderne rythmiquement accidenté. Et le résultat est impressionnant, expert, complexe, captivant, mais parfois également un peu indigeste, fumeux et maniéré. Normal pour du Prog, donc, diront les moqueurs...

photo de Cglaume
le 10/09/2015

2 COMMENTAIRES

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 10/09/2015 à 18:44:30

Et tu t'es pas trompé avec les noms de groupes ? Cépa eux Lavatory par hasard ?

cglaume

cglaume le 10/09/2015 à 19:31:24

:P

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