Totally Unicorn - Sorry

Chronique CD album (34:34)

chronique Totally Unicorn - Sorry

Ne vous fiez pas à ce nom complètement improbable, si Totally Unicorn était un animal imaginaire, ce ne serait pas un cheval à corne complètement tarte, mais plutôt une sorte de yéti hirsute, baveux et mal élevé. Le seul animal, et ici il n'est pas légendaire, c'est Drew Gardner, le chanteur qui nous met tout de suite à l'aise : « I don't know how to sing, and I don't give a flying fuck ». Oh que oui, il ne sait pas chanter, en revanche, beugler, brailler, cracher, s'égosiller et laisser parler ses tripes, ça, il sait faire. Et il lui en faut de la présence pour exister dans le foutoir noise / math / hardcore que lui servent ses congénères. Qu’il ne soit pas désolé comme le dit le titre de son album, on sait très bien qu’il s’amuse à faire tout ça.

 

Derrière, les trois autres musiciens défendent chèrement leur existence. Pour la faire simple, imaginez le noise hardcore de Botch s’accouplant avec le punk bruyant de Pissed Jeans et la noise destructurée et abrasive de Dazzling Killmen. Des plans tordus aux mesures improbables, il y en a à la pelle, mais ils n'existent pas pour épater la galerie, Totally Unicorn sait enchaîner les riffs tordus sans donner l’impression de vouloir étaler sa science de la mesure impaire ou donner l’impression de jouer par simple plaisir onaniste. Les quatre de Totally Unicorn sont d’abord venus pour vous rentrer dans le lard et vous mettre un coup de coude dans la trachée au passage. Ici, l'énergie, la rage et la volonté d’en découdre président aux intentions du groupe. Lorsque cela ne suffit pas, ils laissent la place à des passages encore plus efficaces et bestials comme lorsque le final de "A song for the dead shits" vous donne envie de scander en choeur avec Drew Gardner ou lorsque le riff totalement abrutissant au milieu de "Grub" ou le finish de "Good Thanks" laissent parler en vous les instincts les plus primaires (au hasard et entre autres : sauter dans tous les sens, boire de la kronenbourg tiède, renverser des chaises de jardin et ne pas trier le blanc et la couleur avant de faire une lessive). Enfin, miracle, tout ce bordel tient parfaitement debout grâce à une production à la fois puissante, brute et intelligible grâce à laquelle chaque instrument peut laisser entendre ses aspérités et ses rugosités sans donner l’impression d’avoir été enregistré dans un laboratoire pharmaceutique.

 

Avec ce Sorry de très haut vol, Totally Unicorn nous offre un album complètement furieux, explosif et imprévisible. Rien, absolument rien n’est à jeter, dans ces dix titres absolument indispensables, sincères et jouissifs.

photo de Marc
le 07/08/2021

3 COMMENTAIRES

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 08/08/2021 à 15:42:08

Une bien belle découverte, Miam !

Pingouins

Pingouins le 09/08/2021 à 11:54:46

Yep, j'ai bien apprécié aussi, et je pense que c'est le genre de trucs qui s'apprécie de plus en plus à mesure des écoutes. 
Je me suis même surpris plus d'une fois à m'attendre à voir surgir la voix de Julie Christmas, ce qui est en soi un gage de qualité :D

Nicoscope

Nicoscope le 05/05/2022 à 08:02:03

J'ai découvert le groupe via cette chronique et cet album que j'ai grandement apprécié (merci Marc). Le nouvel album est sorti début 2022, et il est (à mon sens) encore un cran au dessus (un peu plus noise, un peu moins math), une sorte de grand écart facial entre Idles et les Melvins. C'est le genre de groupe qui mériterait plus de visibilité, (allez Marc, tu nous chroniques le petit dernier ?)

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Seisach' 6 les 17 et 18 octobre 2025
  • ULTHA au Glazart à Paris le 27 juin 2025
  • Devil's days à Barsac les 9 et 10 mai 2025