C.b Murdoc - Here Be Dragons

Chronique CD album (52:16)

chronique C.b Murdoc - Here Be Dragons

Puissance, chaos, tourments. Agencement complexe de forces aussi considérables qu'insaisissables... Quand on écoute Here Be Dragons, on se dit que par son nom comme par sa musique, C.B Murdoc cherche vraisemblablement à évoquer ce que l’on peut ressentir en consultant à la dérobée les relevés du Compte en Banque de Rupert Murdoch. Quoi de plus obscurément dantesque? Quoi de plus trouble? Quoi de plus hermétique et de plus dangereux à tenter de percer à jour?… Non? Quoi? Que j’arrête le Yop / Malibu au petit déj’? En même temps c’est vrai: je fais le mariole parce que je n’ai pas réussi à déterminer l’origine du patronyme de ce groupe suédois né des cendres de Mörk Gryning

 

Oh là, attendez! Que l’identité du "groupe d’avant" ne vous trompe pas: en fait de Business Black Metal, C.B Murdoc propose une musique aussi torturée que sombre, aussi technique qu’épaisse, à la croisée du Modern Death, du Mathcore et du Dark Sludge – si un tel courant existe. Here Be Dragons, c’est un peu ce qu’aurait pu produire un jumelage quadripolaire entre Meshuggah, The Dillinger Escape Plan, Nostromo et Gojira. Plus une touche de She Said Destroy, pour cette aptitude à faire surgir de superbes mélodies d’un gros magma de lipides visqueux.

 

Bon, le tableau à l’air idyllique comme ça, mais la vérité c’est que 1) la masse d’informations bouillonnantes qui nous saute au visage dès les premières notes de cet opus 2) les vilains poc poc de la caisse claire que l’on entend d’autant mieux que ça blaste souvent dans les chaumières 3) l’incessante bougeotte de cette soupe épaisse en prise à d’incessants vortex, tout ça aurait tendance à sérieusement rebuter, au moins en première approche. Un peu comme un opus de Meshuggah sur lequel le mode shuffle de la chaîne nous aurait fait passer après un bon vieil album d’A.O.R. Mais tout comme pour ce dernier, malgré le « chant » monotone et l’hyper-hermétisme du premier abord, il faut absolument insister. Et c’est d’autant plus facile que ces Suédois-là ne brandissent pas sans cesse à bout de bras de la vilaine polyrythmie contre-nature.

 

Non.

 

En plus de savoir faire naître l’accroche la plus incroyable d’une dynamique de vieux tacot mourant n’avançant plus que par dérisoires à-coups (cf. la bombe « Everything Is Going to Be OK »), C.B Murdoc sait varier les plaisirs pour jouer sur la mélancolie (« Diamonds »), mettre en avant la basse (cf. l’intro de « Rage Enabler »), ou proposer une intro en trompe-l’œil semblant annoncer un album de Dark Alternative Metal à tendance gothique (« Debt of Guilt »)… Et cela aide d’autant plus nos oreilles à s’accoutumer à ce maelstrom duquel jaillissent bientôt une multitude de pépites scintillantes, comme ces fragiles fragments mélodiques au milieu de la tourmente, vers 4:00, sur « Nonplus Ultra ». Comme cette superbe guitare lead qui émerge de la lave à 1:52 sur « The Green ». Comme ce groove caoutchouteux qui nous transporte tout au long de « The Violence of Illumination ». Comme « Objecting Projection », final épique, plus ouvert, plus mélodique. Ou, bien sûr, comme l’intégralité de « Everything Is Going to Be OK » qui résume en 6 minutes toute l’excellence de ce groupe exceptionnel.

 

Alors bien sûr, on se rend très vite compte de la nature extraordinaire de ce Here Be Dragons. Mais ce n’est qu’écoute après écoute que cet album monstrueux se dévoile véritablement. Jusqu’à ce qu’il en vienne à nous envoûter totalement. Et la note du chroniqueur de passer alors d’un 7,25 un peu frileux à un bon 8 assumé, en sachant que celle-ci pourrait bien monter encore dans un an, ou après s’être pris la chose en mode "tartignole live". Pourquoi ne pas leur concéder plus dès à présent, me demandez-vous? Eh bien parce que la chose reste abrupte, dense, un peu étouffe-chrétien sur les bords. Et que se mettre la galette sur la platine, c’est un peu comme de sortir dans le froid pour aller faire 1 heure de natation, seul, à la piscine: au premier abord on préfèrerait éviter, on y va à reculons, on cherche une échappatoire... Sauf qu’une fois dans le bain on se sent bien. Et qu’après la séance on se sent au top, ressourcé, transformé même, sur ce genre de petit nuage endorphinien qui vous transporte après une révélation heureuse ou un gros effort physique.

Alors n’ayez pas peur de vous jeter dans le grand bain!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: un mélange inédit et personnel des registres de Meshuggah, She Said Destroy, The Dillinger Escape Plan, Nostromo et Gojira, épais comme du slime au goudron et hyper affuté techniquement. C’est ce que vous propose Here Be Dragons, le 2e album de C.B Murdoc.

photo de Cglaume
le 05/12/2016

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 05/12/2016 à 14:05:12

Pas mal, pas mal, je vais m'y aventurer...

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