Vaisseau - Horrors Waiting In Line

Chronique CD album (35:20)

chronique Vaisseau - Horrors Waiting In Line

Qu’on se le dise, Vaisseau porte à merveille son nom. Du reste, ce duo aurait pu ajouter le qualificatif spatial à son nom de guerre que ça ne se serait pas avéré moins idoine, même c’eut été, au final, redondant. Vaisseau, donc. Des claviers, une batterie, et rien d’autre. Largement suffisant pour allumer les propulseurs et envoyer l’auditeur sur orbite, voire au-delà : dans les confins de l’infini.

 

La musique de Vaisseau évolue sous les étiquettes très réductrices du doom et du krautrock, avec pour ambition de bousculer les frontières définies par des genres comme la darkwave ou le synthcore. Au rayon des références, on peut évoquer des groupes comme Perturbator ou Hawkwind. Et pour la petite histoire, leur album jouit des soins de Dennis Pleckham de Bongripper (un des chantres du metal doom mâtiné de sludge), pour le mix et le mastering. Ouverture d’esprit reste donc de mise pour entamer l’écoute de cet opus.

 

Musicalement, on peut se trouver démuni si on s’attend à du rock, et pourtant. L’esprit du rock habite les six pistes. Les amateurs et connaisseurs pourraient y voir un mélange savant entre les bandes originales des films de John Carpenter, composées par le maître lui-même, et celle de « Drive » de Nicolas Winding Refn, avec le sémillant Ryan Gosling, composée par Kavinsky. Les sonorités détiennent donc quelque chose de suranné, tout droit exhumé des 80’s. Témoin, l’intro du 1e titre, « The liberator », avec ses nappes sidérales. Mais une fois que la batterie entre en scène, bondissante, nerveuse, sûre d’elle, le rock’n’roll s’invite bel et bien au voyage et à la fête. Inquiétante, habitée, entraînante, la musique de Vaisseau se déploie et prend son envol. Nul besoin de fioriture, « The liberator » va à l’essentiel pour capter l’attention. Une fois celle-ci acquise, l’univers de l’album se dévoile dans toute son excitante variété. « Horrors waiting in line » alterne des pistes courtes, et des morceaux plus longs qui prennent le temps de bifurquer en chemin. Plus posé, « Lo Spettro Della Frustrazione » se montre aguicheur, tandis que « Sonic dislocation » prend le temps d’épuiser sa longue intro digne d’une fanfare d’une autre planète accompagnant le générique des séries B de bon aloi comme « X-tro », sur au moins 3 minutes. Sans opérer de rupture, la batterie lance cependant le titre dans les hautes sphères. C’est intelligemment dosé, et l’équilibre entre les martèlements élégants et les couches de synthés enveloppent l’atmosphère pour mieux envoyer l’auditeur dans une autre dimension. Tandis que les 2 minutes de « Ride the slime », expéditives et binaires, se montrent presque punk dans l’esprit. « Force macabre », sans doute la pièce maîtresse de l’album, avec ses 8 minutes, peut alors entrer en scène. Il s’agit du titre le plus varié. Tout en gardant l’ambiance générale de l’ensemble de l’album, il multiplie les transitions, les ruptures, les mélodies envoûtantes, les pauses et les embardées au fort pouvoir évocateur. Le fait que la musique de Vaisseau soit intégralement instrumentale renvoie fatalement au monde du cinéma : on peut la coller à moult productions, de « It follows » à « The Faculty », en passant par l’univers de Carpenter.

 

Chic, inquiétant, aérien, sans se montrer outrancier ni prétentieux, « Horrors waiting in line » s’avère frais en livrant une musique qui laisse des repères à son public tout en osant proposer d’explorer des chemins inexplorés. Paradoxalement, l’album garde un esprit résolument rock, sans jamais en user des artifices, ne serait-ce que par le choix de ses orchestrations. Belle découverte.

 

photo de Moland Fengkov
le 09/03/2021

2 COMMENTAIRES

Alias

Alias le 09/03/2021 à 14:35:27

J'allais dire que ça ressemble un peu à du Ozric Tentacles, mais comme Ozric ressemble pas mal à du Hawkwind instrumental, c'est déjà couvert.

Moland

Moland le 13/03/2021 à 17:41:05

Connais pas Ozric Tentacles. Je note. Merci. 

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