Valsa Pintura - Plénitude

Chronique Maxi-cd / EP (16:10)

chronique Valsa Pintura - Plénitude

Au vu du rendu légèrement plastique de la néanmoins très belle pochette de Plénitude, on pourrait être tenté de penser que l’IA générative a séduit encore un autre de ces musiciens sans le sou mais vivant avec son époque. Alors qu’en fait, pas du tout : c’est Bastien Jez, the man behind Valsa Pintura, qui s’est lui-même chargé de ladite pochette. Ainsi qu’il l’a fait pour chacun des singles sortis au cours de la décennie passée (pour un aperçu du résultat, ça se passe ). Le monsieur est donc manifestement homme-palette en plus d’être homme-orchestre. Ce que reflète d’ailleurs le nom de son projet, avec, pour la partie pinceau, « pintura », qui signifie « peinture » en brésilien (merci Google), et pour la partie musique, « valsa », qui signifie « cha-cha-cha » en tamoul (cherchez pas : vous connaissiez la réponse, il fallait donc que je dise une connerie pour que vous ne vous assoupissiez pas trop vite).

 

Pourtant ce n’est ni de São Paulo, ni de Belo Horizonte que nous vient cette dansante peinture. Mais de Bordeaux, ville bénie ayant également donné naissance à Exocrine et Gorod. Tiens d’ailleurs : qui c’est-y qui a mis en boîte et mixé les deux premiers singles du groupe ? Sylvain d’Exocrine, farpaitement. Et qui s’est-y qui s’est collé au mix et au mastering du précédent single et du présent EP ? Mathieu de Gorod, comme par zazard…

 

Parce que oui, Valsa Pintura pratique également le Tech-Death proggy à dentelles et doublure en zibeline. Et lui aussi aime à s’essayer à des recettes pas toujours très orthodoxes. C’est d’ailleurs l’excellent mélange de Jazz manouche et de gros riffs qui cisaillent proposé en 2019 sur le single « Portal » qui m’avait conduit à pousser la porte de l’échoppe musicale de ce talentueux artisan, et à braquer l’un de mes radars sur sa vitrine, afin d’être sûr ne pas louper sa première grosse sortie officielle.

 

Sur les 4 titres de Plénitude, certaines choses n’ont pas changé : la virtuosité du massage des cordes, la direction artistique (clairement plus Prog’n’Jazz que Slam Death), les yeux de l’auditeur qui régulièrement s’écarquillent, et la volonté de déborder un peu au-delà des limites du genre. Du côté de ce qui change, on citera – sans prétendre à l’exhaustivité – l’abandon du chant (un choix qui s’avère payant), une BAR programmée avec une finesse accrue (un béotien comme moi finit par ne plus y voir que du feu), et un travail plus poussé au niveau des orchestrations, arrangements et autres frivolités qui, au final, participent beaucoup au plaisir que l’on prend.

 

Au cours de ce gros quart d’heure enivrant, les volutes guitaristiques s’avèrent majestueux, les notes jaillissent en ruisseaux vifs et riants, la basse ronfle avec le moelleux du matou de Sean Malone… Ce qui n’empêche nullement la rythmique de blastouiller à l’occasion, ni quelques hoquets Djent de nous secouer les osselets. Puisque les radios réclament des singles, s’il faut absolument leur en donner, on hésitera entre le délicieusement volubile « Valora », dont la flamboyance guitaristique frôle parfois le néoclassique et dont les notes ne forment pas que des mélodies, mais également des émotions... Mais vous aurez remarqué que la phrase précédente s’est terminée trop tôt, car l’hésitation qui y est évoquée se frottait également à « Alla Prima », qui nous laisse bouche bée face à un métissage bluffant entre une boucle de hautbois guilleret et un poinçonnage affichant 9 sur l’échelle de Richdjent. Pour autant, rien à redire des deux autres titres, si ce n’est peut-être la douceur un peu excessive d’un « Miel » à mon goût un brin trop chargé en piano.

 

Vous aimez la beauté et l’intelligence, les cordes vives et les colliers de notes qui scintillent ? Vous êtes du genre à vous resservir de généreuses louches de Gorod quand la maîtresse de maison demande qui veut finir la casserole ? Si c’est le cas, invitez donc Valsa Pintura dans le creux de vos pavillons auriculaires : il vous parfumera le cérumen à la vanille et fera de votre pilosité auriculaire une douce toison de mohair.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : Plénitude, c’est la promesse d’un merveilleux quart d’heure Tech/Prog/Djent/Jazz metal instrumental ayant les ballz de Gorod, la générosité subtile d’un Syncatto, et le goût de l’expérimentation de… eh bien… des meilleurs (c’est fatiguant cette manie de devoir sans cesse trouver la comparaison au poil) ! À bien prendre matin, midi et soir, jusqu’à pénétration en profondeur des chairs auriculaires (pas de panique : le processus est très rapide et non douloureux !)

 

photo de Cglaume
le 08/11/2024

2 COMMENTAIRES

danielj

danielj le 08/11/2024 à 13:42:32

Bravo, je n'en pense pas mois, mais vous le dites bien mieux que moi, Bastien Jez est un formidable artiste, merci de le faire connaître !!!!!!!!!!!!!!!

cglaume

cglaume le 08/11/2024 à 14:02:13

Pas très prolifique, mais la qualité est là ! Et c'est le plus important 🤘🤘

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