Killing - Face The Madness
Chronique CD album (40:41)

- Style
Thrash - Label(s)
Mighty Music - Date de sortie
13 août 2021 - Lieu d'enregistrement Dead Rat Studio
- écouter via bandcamp
Vous avez lu les journeaux, écouté les infos : aujourd’hui si on a le malheur de faire apparaitre un bambin sur une pochette d’album, on risque de se prendre un procès pour pédo-pornographie 30 ans plus tard. Alors forcément, après le Nirvanagate, Killing s'est résolu à prendre en même temps le taureau par les cornes et le chiard par la guibole (Youthanasia a fait des émules), et de faire le nécessaire afin que celui-ci ne la ramène pas quand il aura du poil au menton et des envies de cash facile.
Sauf que ce jouissif manque de finesse et cette efficacité extrême ne se cantonnent pas qu'à la pochette. Car Face the Madness, c’est du Thrash vilain, vénère et véloce qui déboule dans nos oreilles comme un rhino fulminant en plein cours de yoga. C’est un essaim de frelons furieux n’ayant pas apprécié de se faire réveiller par un ballon de football. C’est Marsellus Wallace, libéré par Bruce Willis, sur le point de transformer ses ex-agresseurs en flaques de muqueuses sanglantes. C’est « Kill Everyone », morceau introductif de 2 minutes et 4 secondes, qui dévaste tout sur son passage avec la sauvagerie de la scène teutonne des débuts (Kreator, Destruction, Sodom). Vous vouliez du « No Bullshit / Take No Prisoner » Thrash qui taille dans les chairs sans gâcher d’Hexomedine ni de mercurochrome ? Bienvenue chez ces Danois qui n’ont pas besoin d’un patronyme original pour défoncer les tympans et faire cramer les radars sur l’autoroute du riff !
Quoique ces 2 premières minutes ne résument pas le groupe à 100%. Ainsi, au fur et à mesure que les pistes déboulent, on découvre quelques chœurs velus, quelques mosheries primaires et autant d’accords slayeriens qui témoignent que l’Allemagne n’est pas l’unique berceau où le groupe a fait mûrir son génome musical. Il existe une filiation autre, américaine celle-là. Mais pas que, d’ailleurs. Car la patrie du groupe ne peut se résumer à un drapeau : c’est celle du Thrash old school, craspec, mal élevé, qui n’oublie pas ses aïeux Punk et Motörock, et qui a toujours une santiag profondément plantée dans le Speed Metal noirci au charbon de Venom. « Legion of Hate » suffit à s’en convaincre : ce hurlement acide qui accueille les convives, ces rythmiques qui chevauchent à cru, ces verrues à la Kilminster sur la joue… Il s’agit là du Rock’n’Roll des enfers au son duquel, dans les 80s, les moins jeunes d’entre nous buvaient du ‘sky en arborant jeans troués et sourires mauvais de Hells Angels.
Si c’est sur les morceaux les plus lapidaires que Killing est le plus convaincant, cette allure unique ne lui suffit pas. « Don’t Get Mad, Get Evil » par exemple, est l’occasion pour lui d’adopter la vitesse du Sodom à l’affut, les tourelles aux aguets, pour planter un refrain entêtant – à défaut d’être brillant – dans la caboche de ses ennemis. Puis sur le plus long encore « Straight Out of Kattegat », il fait grincer les boiseries et retentir les cloches histoire d’ambiancer sa noire comptine alliant décors de Seasons in the Abyss et acidité de Tom Angelripper. Il est vrai qu’on aurait pu se passer de ce supplément de morosité gratuit, mais on prend quand même : après tout, varier les plaisirs permet de jouer sur les contrastes et de rendre les taloches plus mordantes. Par contre à quoi bon consacrer quasiment 7 minutes à tartiner de gris la fin de l’album ? Parce qu’on aura beau le retourner dans tous les sens, « Killed in Action » tue un peu l’ambiance malgré ses mimiques slayeriennes initiales. Trop long, trop morose, trop flagada, il conclut une aventure mouvementée sur une touche bien morne qui ne fait pas justice à l’album. Et plombe la note bêtement.
… On savait bien qu’on avait plutôt affaire à des brutes épaisses qu’à de fins stratèges, mais c’est un peu ballot, vous avouerez !
Mais vous savez comment ça se passe : bien souvent on n'a pas exactement le même ressenti vous et moi, et à tous les coups vous allez les appréciez, vous, ces morceaux moins « directs à la gorge ». Et dans le pire des cas vous passerez l’album au format EP en zappant 2-3 morceaux. Et ce faisant, la folie évoquée dans le titre, vous finirez par vous la prendre en pleine face ! Alors pas de pitié pour le bébé de la pochette: hache dans la couche, sang dans la bouche, tous pour un et Thrash pour tous !!!!!
La chronique, version courte: Thraaaaaaaaaaaaaaaaaash !! Du vilain, du violent, du old school, du qui mord dans les roustons pour en extraire du jus de rognons. Avec des morceaux gouteux de Slayer, de Speed venimeux et de vieux gangs teutons dedans.
1 COMMENTAIRE
Crom-Cruach le 29/09/2021 à 11:52:55
Y'a bon thrash !
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