Mother Of All - Age Of The Solipsist

Chronique CD album (29:09)

chronique Mother Of All - Age Of The Solipsist

Le solipsiste est – pour simplifier – celui pour qui rien n’est certain en dehors de sa propre existence. Un zigoto qui n’est pas allé plus loin que le « Je pense donc je suis » de Descartes. Un agnostique au minimum, un sceptique a priori, et à l’extrême un paranoïaque (…je sens que je vais me faire défoncer par ceux qui connaissent vraiment le sujet haha). Ceci étant dit, a priori je ne mérite pas ce qualificatif étant donné que je suis à peu près sûr d’une autre vérité: Martin Haumann – Mr Mother of All – est un grand fan de Death en général, et de The Sound of Perseverance en particulier. De multiples détails le proclament d’ailleurs à qui veut bien les entendre:

- l’artwork d’Age of the Solipsist est signé Travis Smith, comme le classique de 1998

- DiGiorgio fait partie des rares renforts recrutés pour l'album. Pour mémoire celui-ci a fait claquer sa basse au sein de mille-et-un albums (sortis par Testament, Ephel Duath, Sadus et j’en passe...) dont 3 de Death… Sans compter celui de Control Denied, ainsi que les démos initiales de The Sound of Perseverance

- C’est Hannes Grossmann qui se charge de la production. Quel rapport entre le batteur d’Alkaloid / Blotted Science / Howling Sycamore et la choucroute me demandez-vous? Eh bien Hannes a joué les premières parties en tant que batteur d'Obscura  lors de l’une des tournées de DTA (un line-up live de Death, sans Chuck Schuldiner). Lors de la date au Trabendo en 2013 – ainsi qu’au Hellfest l’année d’après – il a d’ailleurs interprété « Crystal Mountain » et … « Spirit Crusher »! Tout se tient je vous dis!

 

A cela il faut encore ajouter que le chant de Martin évolue dans un registre proche de celui du Chuck de la fin des 90s. Et puis, plus simplement, que le registre de Mother of All – loin du Black/Folk de Myrkur ou du Black plus dur d’Afsky, dans lesquels le Monsieur évolue habituellement – est assez proche de celui de son modèle, son Death/Thrash étant tout à la fois technique, progressif et gorgé de mélodies flirtant avec le Heavy.

 

Il faut quand même cinq grosses minutes – celles d’« Autumn » – pour que Martin abandonne ses corpse paints. Ainsi, sur une grosse portion de ce premier morceau, le Danois joue-t-il encore un Heavy Black où souffle un majestueux blizzard rappelant Damned in Black. Mais on a beau apprécier le travail, on se rend vite compte que ce n’est pas vraiment le sujet auquel le bonhomme veut dédier son projet solo. Car dès « We Don’t Agree » le ton change pour un mélange de Thrash chiadé et de Tech Death particulièrement léché. Les guitares y sont généreuses, foisonnantes (bravo à Frederik Jensen pour sa prestation), la ballade est belle… Mais on ne discerne pas nettement l’horizon au bout de cette route sur laquelle on file pourtant bon train. Et c’est la réflexion que l’on va se faire encore et encore jusqu’à la fin de cette brillante demi-heure de sophistication et de Metal ambitieux: le décor est richement enluminé, mais:

1) on sent un peu trop la patte schuldinerienne

2) si tout cela est effectivement magnifique, on sent quand même un léger manque de direction

Et puis reconnaissons-le: il est difficile de soutenir une telle comparaison!

 

Heureusement, par deux fois au moins Martin nous montre qu’il est lui aussi capable de toucher au sublime. Sur « At the Edge of a Dream » tout d’abord, qui est transfiguré par un riff mélodique qu’on imagine composé en complet état de grâce. Celui-ci aurait d’ailleurs eu toute sa place au sein de l’un des classiques de Death. Puis c’est en fin de parcours, quand Martin ose prendre un peu plus ses distances avec le Metal extrême (le parallèle avec Chuck n’est donc pas prêt de s’arrêter!), notamment via l’adoption de chants multiples dont certains non saturés, que Mother of All tire à nouveau son épingle du jeu en s’avérant profond, extrêmement élégant – un qualificatif dont on peut d’ailleurs étendre la portée à l’ensemble de l’opus – et enfin capable de captiver.

 

Age of the Solipsist a donc de grandes chances de combler les nostalgiques de la fin de carrière de Chuck Schuldiner. Si le prochain album de Mother of All réussit à s’affranchir un peu plus de son modèle et à proposer plus de ces moments forts évoqués dans le paragraphe précédent, cette Mère ne sera plus en-tongs-aux-Morrisound-studios-de-Tampa, mais en-force-en-haut-des-Tops-de-fin-d’année!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Martin Haumann (cf. Myrkur, Afsky) est fan de ce que Chuck Schuldiner a sorti lors de ses dernières années. Du moins c’est ce que l’on devine à l’écoute de Age of the Solipsist, un premier album en partie sous influence, mais qui en a plus sous le coude qu’un simple clone (… en même temps un clone du Death des 90s méritant ce nom peut-il seulement être « simple »?).

photo de Cglaume
le 04/06/2021

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