Veriteras - The Dark Horizon

Chronique CD album (31:29)

chronique Veriteras - The Dark Horizon

« Dis-donc, ça fait drôlement longtemps qu'on ne s'est pas maté un film avec Aldo Maccione ! »

« Dis-donc, ça fait drôlement longtemps qu'on ne s'est pas bu un petit B-52 ! »

« Dis-donc, ça fait drôlement longtemps qu'on n'a pas mis les pieds dans un O’CD ! »

« Dis-donc, ça fait drôlement longtemps qu'on n'a pas écouté de nouveautés Melodeath ! »

 

Ça vous arrive, à vous aussi, de vous dire qu’il serait temps de vous accorder à nouveau l’un de ces petits plaisirs auxquels, pour diverses raisons, vous n’avez pas succombé depuis longtemps ? Moi oui. Et devinez quoi : quand le web facteur m’a livré l’email vantant les mérites de The Dark Horizon, ça m’a fait tilt…

 

« Mais c’est vrai, dis : ça fait un bail qu’on n’a pas vu Insomnium, Mors Principium Est ou Omnium Gatherum aux soirées ! Sans parler des petits nouveaux ayant récemment adhéré à la Church of Dark Tranquillity, ou à la In Flames Academy ! »

 

Ce fut donc comme une évidence, une divine mission : on parlerait de Veriteras dans CoreAndCo !

Pourtant le groupe partait avec un handicap : les zigs viennent de Seattle, pas de Stockholm, ni de l’une de ces villes où, l’hiver, les stalactites peuvent empaler un mammouth laineux en se décrochant du toit. Sauf que, très honnêtement, en blind test, difficile de deviner que les very terrasses viennent de la capitale mondiale du Grunge… Alors, zou : adjugé vendu !

 

Le principal "problème", en fait, c’est que le Melodeath par eux pratiqué sur ce 2e album n’en est pas, du pur Melodeath. Car trente bons pourcents (à la louche) de cette grosse demi-heure sont consacrés à un Black Metal mélodique, sucré même, parfois symphonique, qui blaste avec passion et grince des cordes vocales au clair d’une lune rosâtre. Ainsi, quand on ferme les yeux, on peut parfois avoir la fugace impression d’entendre Ancient, Thy Serpent, voire Diabolical Masquerade.

… Et honnêtement, pour une fois (spoil : il n'est pas très corpse paint, le lapinou), au vu du résultat, ce n’est pas vraiment un problème.

 

Autre caractéristique, cette fois plus raccord avec la définition première du genre : ici les guitares sont souvent vaillantes, voire carrément enflammées, ce feu ayant manifestement été allumé par une éducation Heavy, voire même Heavy/Speed (notez les influences Blind Guardian qui, au début de « Last Rites » ou de « Celestial Darkness », laissent transparaître une évidente « médiévalité »). Quand on se livre à la gymnastique mentale consistant à poser côte à côte ces cavalcades chevaleresques et la "Beuhmeuh attitude" précédemment évoquée, on comprend vite pourquoi l'on perçoit ici comme des échos de Children of Bodom. Voire – en gardant à l’esprit le continent d’où viennent nos amis – de Skeletonwitch.

 

Mais il est un autre aspect qui conduit à penser à la troupe de feu-Alexi Laiho. Aspect qui explique également pourquoi le Black Metal qui s’ébat ici semble parfois passer du côté « symphonique » de la Force. Il s’agit d’un clavier. Or, si celui-ci ne s’avère pas exagérément inopportun quand il s’invite en vastes nappes sur certaines compos, il devient carrément pénible quand, à la manière d’un Amorphis autiste, il impose ses grossières breloques synthétiques à nos oreilles rétives.

 

Heureusement, afin de ménager les Bontempi-ophobes – et ce au risque de ruiner tout espoir de cohérence –, la tracklist alterne tantôt hymnes vigoureux qui ravissent, tantôt gros choux à la crème baveux qui anesthésient, l’avantage étant que l’on peut zapper ces derniers et aller ainsi à l’essentiel. Parmi les titres dont le destin est lié à la corbeille aussi sûrement que celui de l’étron est lié à la faïence de la cuvette, on compte 1) « Abyss », au début tièdement consensuel, et à l’allure aussi digne qu’un festivalier teuton portant un casque à cornes 2) « Manufactured Dreams », sorte de Roudoudou Melodeath calibré pour accompagner les sagas les plus épiques diffusées sur Gulli, et 3) « Retrograde », dont le riff Black initial est immédiatement châtré sur l’autel du chamallow, et dont les rondeurs poisseuses laissent les tympans gluants... Au fait, je vous ai dit que la dernière minute de l’album se passe en compagnie d’une disciple de Tarja ? Non ? Eh bien à présent c'est fait.

 

Bon, allez, avouons : je noircis un brin le tableau. Mais le message passe mieux ainsi...

 

J'évoquais précédemment la schizophrénie de la tracklist, et en effet, nombre des titres passés jusqu'ici sous silence nous donnent l'occasion de vibrer, notamment « Blinding », qui fait intelligemment dorer sa guimauve sur le foyer ardent de poussées Black vigoureusement blastées. Je pourrais vous donner d’autres exemples aussi motivants, mais cette chronique commence à tirer en longueur, et votre patience à flétrir…

 

Alors non, vous l'aurez compris, Veriteras ne propose pas du pur « Old School Melodeath » sans adjuvent : du Black mélodiquement acide vient également colorer la palette de The Dark Horizon. Et ce pour le meilleur, en général... On ne pourra malheureusement pas en dire autant des interventions du clavier, qui rend plus pénibles encore les velléités pelucheuses et la coloration rose vif de certains morceaux et passages dont on se serait largement passé.

 

PS : ami(e)s fétichistes, vous serez heureux d'apprendre que le mix et le mastering sont assurés par Dan « God » Swanö... Rejoice !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : The Dark Horizon propose du bon vieux Melodeath porté sur le Heavy, quoique manifestant également la virulence d’un Black lui aussi assez mélodique… Problème : il est également le théâtre des exactions d’un clavier qu'on aurait aimé mieux éduqué, afin qu'il sache rester plus souvent à sa place ! Dans l’oreille de l’auditeur, tout cela finit en une sorte de mélange d’Omnium Gatherum, Thy Serpent et Children of Bodom... qui, malheureusement, sombre un gros tiers du temps dans une guimauve un peu trop écœurante pour qu’on ait envie de s’en resservir de grandes louches.

photo de Cglaume
le 06/03/2025

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 06/03/2025 à 21:48:54

Lapin, tu es un génie inversement proportionnel aux groupes que tu chroniques parfois.

cglaume

cglaume le 07/03/2025 à 05:20:47

Génie sans frotter, alors

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