Evocation - Apocalyptic

Chronique CD album (39:29)

chronique Evocation - Apocalyptic

Aujourd’hui, vous vous sentez d’humeur « fusionneuse ». Oui mais alors non, pas cette Fusion-là : vous n’êtes pas du genre à enfiler un bermuda fluo et balancer du Funk Metal sur le ghetto-blaster, vous… Vous avez une éthique ! Parce que le Metal, ça doit rester sale. « Cachez ce Mouah-ha-ha-ha et ce T-shirt à pois que je ne saurais voir ! ». Vous avez certes des envies de métissage, pour autant il faut que le temps reste à l’orage. Et ça tombe bien, Evocation mélange Swedeath à HM-2 et Melodeath légèrement emblackifié. Un peu comme Nightbearer, mais en inversant les proportions entre flatulences et flamboyance – ce qui veut dire, cher ami(e) qui ne maîtrise pas le microcosme OSDM sur le bout des doigts, que les Suédois du jour rehaussent de grumeaux basaltiques leurs envolées lyriques, et non l'inverse.

 

Evocation, on vous en avait déjà parlé à l’occasion de la sortie de The Shadow Archetype, leur petit dernier. Et ce serait un euphémisme de dire que celui-ci nous en avait remué mollement une sans toucher l’autre… Néanmoins les collègues parlaient en bien des méfaits passés du groupe, et il se trouve que le CD d’Apocalyptic, 3e album sorti en 2010, dormait dans un tiroir. Un réveille-matin malicieusement placé dans ledit tiroir plus tard, et Bam, le skeud en question venait rejoindre la TODO list des « vieilleries » dont il faudra bien que je vous cause un jour en ces lieux.

 

Ce mélange mi-graisse mi-classe, on l’expérimente dès le tout premier titre de l'opus. Car pendant près d’une minute, « Sweet Obsession » nous attaque les feuilles avec la pierre ponce et les intentions belliqueuses d’un Dismember. Sauf qu’une fois que la trotteuse a fini de faire le tour du cadran, les rideaux s’entrouvrent enfin sur un ciel certes gris, mais esquissant un sourire. Et Bim, aussi sec on se met à avoir envie d’utiliser le qualificatif « majestueux ». Voire « mélancolique », également. C’est qu’il y a un peu d’At The Gates dans tout cela. Et quand on ajoute là-dessus l’acidité maléfique des shrieks de Thomas Josefsson, on se met de plus à penser à Decameron.

 

… Ah il est relégué loin, là, The Shadow Archetype ! Le millésime 2010 de l'apocalypse est quand même autrement plus gouleyant !

 

Alors c’est vrai, la couleur globale reste ici plus souvent Blackened Death mélo que Swedeath à gros sabots. Mais on nous sert néanmoins de belles tranches bien schizo à l’occasion de « It Is All Your Fault » (« du At The Gates à HM-2 » décrit simplement mais justement ces trois grosses minutes), et plus encore sur « Curse on the Creature », qui a l’avantage de rehausser ses parties grumeleuses de gros blasts excités – pratique habituellement plutôt rare chez les disciples d’Entombed.

 

Le problème d'Apocalyptic, c’est qu’en dehors de ces timides velléités mixologiques, il reste assez impersonnel. Ajoutez à cela l’absence de tubes qui butent vraiment, et vous comprendrez pourquoi on a vite fait de le classer dans la catégorie des albums agréables – voire très agréables – mais complètement dispensables. Un « Sweet Obsession », un « Parasites » parfois exaltant, ainsi que quelques accès de groove mamouthesque à la Illdisposed font se redresser occasionnellement les sourcils. En revanche un « We Are Unified Insane » ou un « Psychosis Warfare » s’avèrent terriblement routiniers. Et l’on en arrive à la conclusion que, finalement, on va le laisser s’en retourner piquer un roupillon dans son tiroir, ce CD. Pas parce qu’il serait médiocre, mais parce qu’il y a tellement plus excitant à découvrir de par le vaste monde métallique !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: une cuillère à café de Swedeath adipeux plein de grumeaux HM-2 versée dans une grande mixture Death mélo / Blackened Melodeath / Haribo Darkcore, voilà ce qu’offre Apocalyptic. Avenant, séduisant même par moments, l’album a cependant du mal à se démarquer de la foule nombreuse de ses pairs.

photo de Cglaume
le 28/04/2024

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