Weston Super Maim - See You Tomorrow Baby

Chronique CD album (39:43)

chronique Weston Super Maim - See You Tomorrow Baby

À mon grand rendez-vous des tarés de la rythmique, des marionnettistes du tempo, des hurluberlus de la pulse, il y aurait bien du monde. Ca fait une paie que j’en mange tous les matins au petit déjeuner, pour donner un peu de relief à la tartine et remuer la morne tasse de théine. En haut du podium de mes jongleurs préférés de la double croche pointée, on trouverait Meshuggah, sûrement les Saint-Patrons, reconnus de tous et vénérés par beaucoup. Au rang d’honneur, il y aurait des plus coreux, The Dillinger Escape Plan; des plus grind, Ion Dissonance; des plus deathcore, Frontierer; et quelques autres entropistes de la métrique musicale comme Car Bomb, tous plus ou moins inspirés des Saint-Patrons...

D’ailleurs, Devin Townsend l’a dit, avec raison et humilité, "We all rip off Meshuggah". Et c’est vrai que l’on ne compte plus les groupes qui ont pompés les Suédois. L’exercice n’est pas forcément des plus compliqué....

D’ailleurs, Kevin Downbend l’a dit, avec raison mais sans humilité, "Faire du Mesh’, c’est fastoche, tu prends un riff, tu le joues un coup en entier, un coup les ¾, un coup en entier, un coup les ⅔ et tu recommences". Kevin n’a pas foncièrement tort: faire du Meshuggah, c’est facile, il suffit de compter. Mais quid de jouer du Meshuggah sans compter? C’est la promesse trèèèèès ambitieuse de Weston Super Maim.

 

Ce projet à deux têtes, l’une à Londres et l’autre dans l’Oregon, récemment formé, a pour argument marketing cette aguichante assertion: "Imaginez que Meshuggah ne sache pas compter". Voilà bien de quoi demimoller à coup de jolis mots ma curiosité à propos de leur dernier album See You Tomorrow Baby. Pochette fluo, un structure géométrique minimaliste. Le style rappelle un peu celle d’Unloved de Frontierer. Et Weston Super Maim, rappelera effectivement Frontierer mais en plus…mature. Soyons bien clair, j’aime énormément Frontierer, je trouve que le travail sonore Pedram Valiani est une véritable dinguerie et qu’il a amené beaucoup de fraîcheur et d’originalité dans la scène djent/tech/deathcore. Sauf que chez Frontierer, il y a un côté parfois un peu jeune foufou mal dégrossi qui découvre la whammy. En outre, j’ai trouvé que Frontierer avait tendance à une certaine linéarité dans son approche du chaos comme si Pedra utilisait la même épice pour adjoindre quelques entropies à ses morceaux.

Mais on pourrait tout aussi bien (voir bien plus) taguer Meshuggah d’une certaine linéarité, notamment dans la voix et, de même, bien que Jens Kidman soit un monstre absolu dans son style, il faut avouer que le gars ne fait pas beaucoup d’effort de recherche. Il s’est trouvé, il est bien, il ne cherche pas plus loin.

 

Chez Weston Super Maim, j’ai senti plus de maturité et moins de linéarité. De prime abord, le groupe propose une musique intensément plus proche de Meshuggah période Catch 33, I (au niveau des grooves, on ne va pas se mentir, ça fait très très très Meshuggah mais ça sonne absolument dingue et ça dégonde direct la porte de mon petit coeur arythmique, par contre, c'est loin d'être aussi complexe d'un point de vue rythmique), mais pousse le curseur plus loin avec des gimmicks qui rappellent Frontierer dans la recherche sonore par l’utilisation des effets dénaturant le son des guitares pour l’emmener dans des contrées synthétiques, plus modernes et inventives. Une espèce de cran entre deux mondes, deux époques…

Alors, effectivement, il y a un petit côté “ripp off” qui subsiste mais comme c’est très bien fait et que le résultat n’a rien de plat ou de convenu, on y adhère totalement.

D’autant que ce n’est pas tout, car Weston Super Maim a encore une carte à jouer parce qu’on trouve dans ces 8 titres des passages plus ambiants, des leads aériens, plus posés et absolument superbes comme le final de "Perfect Meadows In Every Direction", celui de "The Bare Maximum" ou encore le pont ultra cool du titre éponyme de l’album. Une facette quasi-quasi-electro que le groupe semble avoir développée par rapport à son précédent album et qu’on a envie de voir proliférer encore plus dans la suite, cela pourra même nous donner l’occasion de parler de Genghis Tron dans une prochaine chronique.

 

La prod est ultra fat, envoie de la grosse branlée bien graou, un peu chimique…effectivement, un peu froide peut-être…mais ça colle parfaitement. De la bonne tarte de grand-mère, pas celle aux pommes, mais celle dans la poire. La batterie fera grimper votre taux de chlosterol plus vite qu’une participation au festival du Kouign Amann. Les guitares: telluriques, pas d’autres mots, du gros bloc graniteux à base de basse fréquences infréquentables, maîtrisés dans le mix. Y a du ring mod, du pitch histoire que le gras pète les dents. Côté voix, ca envoie aussi comme il faut mais avec des tessitures étoffées, il y a beaucoup de pistes, un traitement à la Devin Townsend parfois ("Slow Hell"), ajoutant une certaine chaleur à des instrumentales aux velléités plus froides. A noter que l’on retrouve Chad Kapper de…Frontierer sur un titre. Fidèle à lui-même: excellent dans son style. On trouve aussi des gars Blindfolded et Led to the Woods et un gars de Soreption à la guitare.

 

 

Weston Super Maim, c’est le mélange parfait de deux mondes qui font la part belle aux "chug chug": l’ancien, très calibré, et le moderne, plus créatif. De quoi ravir ceux qui voudrait avoir le cul entre deux chaises pour tenter de jouer les équilibristes entre deux époques quitte à se casser la binette. Mais sous couvert d’intentions tech-death-structrice très influencées, le groupe est bien plus fin qu’on ne pourrait le croire et a eu l’excellente idée de jouer une carte plus synth-ambiante qui donne un coup de joli vernis sur l’ensemble.

 

 

On aime bien: le côté Meshuggah assumé mais en différent, le côté Frontierer assumé mais en différent, la touche "ambiante" vraiment bienvenue…

On aime moins: …mais à développer pour fermer le clapet à ceux qui crieront aux plagiats

photo de 8oris
le 09/04/2024

4 COMMENTAIRES

Pingouins

Pingouins le 09/04/2024 à 10:29:07

Ah, très cool que tu en aies parlé de ce disque, j'ai pas mal hésité à le faire aussi, en bon adepte des trucs qui cassent le crâne. Vais me le renvoyer, tiens, et je suis vraiment d'accord avec ta chronique !

8oris

8oris le 09/04/2024 à 10:32:53

Je t'avoue que j'ai bien pensé à toi en écrivant cette chro! ;)

Pingouins

Pingouins le 09/04/2024 à 11:03:17

Ben déjà la petite réf' hommage à Pig Destroyer en ouverture d'album ne pouvait que me faire apprécier d'entrée ahah :D
Le petit point que je lui retirerai, à ce skeud, c'est la prod méga propre, vraiment trop parfois, qui ici et là fait ressembler leur son à toute la vague deathcore à la Slaughter to Prevail, ou aux trucs à la Vildjharta/HLB. 
Avec un mix un poil plus cradingue, je pense que je le tournerais en boucle ! Typiquement comme le Chamber de l'année dernière par exemple, qui était très propre mais un poil moins, et que du coup je préfère au final.

Dark Globe

Dark Globe le 09/04/2024 à 23:14:30

10/10 pour la découverte !!

Monumentalement jouissif !

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