Vola - Witness

Chronique CD album (44:12)

chronique Vola - Witness

Ils auront beau nier, je ne suis pas dupe : il est clair que Leprous et Vola ont formé une alliance occulte visant à épiler de l’intérieur les plus poilus des métalleux tout en dissolvant leur système nerveux en une vulgaire flaque de sirop de grenadine. Ceci, bien sûr, pour servir les intérêts crypto-maçonniques du réseau pédo-sataniste mondial dont le but est de remplacer notre bonne vieille baguette tradition par des biscottes alter-LGBT et d’empêcher à tout jamais le PSG de remporter une victoire d’envergure. Vous voulez des preuves ? Années après années, albums après albums, ces deux groupes ne cessent de convertir le Nawak’n’Death addict qui vous cause en un bobo béat bavant de plaisir à l’écoute de leur Pop/Prog/Djent doucereuse. Comment ? Moi, conspirationniste ? Je parie que vous pensez que la tête est ronde, qu’Elvis est mort et qu'Alf n’est qu’une marionnette de série TV, pas vrai ? Haha, pauvres fous ! Mais lâchez-moi, lâchez-moi, laissez-moi écouter Mortician et Manowar ! Je suis un homme libre, je ne suis pas un numérooooooooooooooo !

 

… une pilule rouge, deux pilules vertes, un verre d’eau…

Aaaaaaaaah, ça va mieux !

 

Applause Of A Distant Crowd n’était que frêles tiges de roseaux, bulles de savons irisées et rayons de soleil caressants. Sur le papier, dur d'imaginer formule plus efficace pour révulser d'horreur le fan moyen de Bestial Warlust. Sauf que l’accroche exceptionnelle, le moelleux amical et les refrains de malade de l’objet avaient réussi à percer la cuirasse du vieux chroniqueur cynique, retournant en un tournemain le dedans de ses oreilles et de son palpitant. Grand final classique de ce film catastrophe-mais-presque : il aura fallu utiliser un chausse-pied pour ajouter l’album au sein de mon Top 2018, sur la marche située juste au-dessous du Molten Giant d’Exocrine.

 

Trois ans après, il semblerait que la tonalité générale ait changé chez les Danois. En effet, là où l’album précédent offrait au regard une fraîche naïade fendant l’onde limpide dans un nuage de bulles légères, Witness préfère garnir sa vitrine du spectacle de la formation d’un pulsar… Non ? Ah oui, vous avez raison : il s’agit plutôt de l’assaut sauvage de spermatozoïdes voraces sur l’ovule nécrosé d’une victime de viol de guerre… Toujours pas ? Un iris et une pupille, en très très gros plan ? Comme l’œil du témoin évoqué en anglais dans le titre du bestiau ? Le groupe n’aurait donc pas sombré dans ces mêmes pensées noires qui ont contribué à obscurcir la pochette de Pitfalls ?

 

Dès les premières pulsations ouvrant « Straight Lines », le fan déprimophobe est en effet vite rassuré : si l’heure est manifestement grave, la situation n’est pas désespérée, ni le ciel musical trop gris. Guitare saccadée de fer dans un gant sonore de velours, attitude déterminée mais inclusive, force et nuance, et finalement ce refrain éclatant, peut-être un rien trop onctueux mais néanmoins irrésistible : on baisse immédiatement notre garde. Les Danois ont les clés du donjon, ils rentrent en nous (ne vous méprenez pas) et prennent possession des lieux sans rencontrer la moindre résistance. Leur formule imparable, qui mêle les univers de Leprous, Textures et A-ha (pour le côté Synth Pop craquant), est déclinée de manière intelligente et homogène le long des 9 titre de ce 3e album. Parfois la dimension Cyber Djent s'avère un peu plus marquée (cf. « Head Mounted Sideways », ou « Stone Leader Falling Down » qui tortillonne méchamment quand le chant à col roulé de Asger Mygind n'est pas là pour arrondir les angles), parfois on s'abandonne dans un cocon protecteur encore plus léger que d'habitude (cf. le mode semi-acoustique d'un « Freak » que seule la basse empêche de s'envoler), mais les ingrédients restent les mêmes : la mise en place mélodique est confiée au chant et au clavier, la guitare se contente de hacher menu sans forcer sur les aspérités, la batterie contrebalance les quelques beats électroïdes par des interventions intelligemment organiques, tandis que la basse – très présente – s'attache à ce que les excès de fragilité ne sombrent jamais dans le mielleux. Seule légère entorse à cette homogénéité de ton, « These Black Claws » démarre sur un beat chaloupé minimaliste presque Trap, avant de reprendre la main de manière plus classique. Le morceau garde néanmoins jusqu'au bout une certaine noirceur et une certaine singularité (ces quelques notes de clavier à la tonalité asiatique) qui culminent lors d'une intervention rappée à mettre au crédit de Bless, frontman du duo Electro-Hip Hop Shahmen.

 

Nul loupé sur Witness. Tout juste peut-on reprocher les sonorités parfois un peu trop clinquantes du clavier. Ainsi que ce léger engourdissement béat, cette liquéfaction progressive (mais pas désagréable, car heureuse) que l'on peut ressentir sur la longue – car crénom, habituellement on a tendance à préférer garder le contrôle plutôt que de s'abandonner ainsi, dans un excès de confiance cotonneuse ! Si certains brandiront donc ces défauts pour se laisser aller à des épanchements rouspétatoires, tout ceci ne pèse en fait pas lourd face à ces passages transcendants qui donnent à l'auditeur la puissante impression de décoller du sol, puis de sortir de lui-même. Tiens, comme lors de l'incroyable final de « 24 Light-Years » sur lequel on reprend, les yeux et les poings fermés, le corps recouvert de chair de poule, le superbe « I could leave this house, but I wont. There's an echo that seems to live on ». Ou sur les deux merveilleuses dernières minutes de « Napalm » lors desquelles on dérive dans un halo de lumière éblouissant.

 

Carton plein, donc. Witness est exactement l'album que les fans de Vola pouvaient espérer après Applause Of A Distant Crowd. Alors même si, évidemment, ça nous aurait bien plus fait marrer que ce nouvel album s'intitule Vola, Letal Age, eh bien non : ce succès grandissant – qui va très certainement prendre encore une autre dimension avec ce nouvel album – ils ne l'ont décidément pas volé !

 

PS : ah oui tiens, le genre de détail que j'oublie toujours : ce nouvel album a été mixé et masterisé par Jacob Hansen. Un ample cocon duveteux je vous disais...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: vous avez aimé Applause Of A Distant Crowd ? Vous êtes un fan transi de Leprous et de Textures ? Vous n'aimez rien tant que vous abandonner à la douce chaleur de refrains tellement vastes qu'ils occupent tout le ciel au-dessus de vos enceintes ? Alors invitez Witness dans l'intimité de vos oreilles, et vous comprendrez le pourquoi de ce titre en venant me témoigner votre gratitude pour ce tuyau en béton armé.

photo de Cglaume
le 18/05/2021

3 COMMENTAIRES

Gojiiira

Gojiiira le 22/05/2021 à 10:00:43

Assez fan de textures jusqu'au bout des doigts, je ne vois pas trop le rapprochement entre les 2 groupes tant les constructions rythmiques et l'ambiance des mélodies sont différentes.

Pour une raison que la raison ignore mes quelques écoutes me font penser plutôt à Transatlantique... Aucun rapport

cglaume

cglaume le 22/05/2021 à 14:31:35

Le rapport entre les deux c'est cette utilisation des canons du Djent mélangés à une sorte de Prog / Pop velouté. Alors le résultat n'est effectivement pas le même (d'autant que Textures reste plus Metal, quand Vola devient de plus en plus crémeux), mais les deux groupes partagent cet entre-deux genres. Mais Vola est plus proche de Leprous que de Textures, en effet

The Quebekers

The Quebekers le 10/07/2021 à 01:23:05

Pour les influences, j'entends Voyager, le groupe de metal prog d'Australie. En tout cas j'adore ce disque de Vola.

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