Regional Justice Center - Freedom Sweet Freedom
Chronique CD album (13:50)

- Style
Fastcore grindy / powerviolence - Label(s)
Closed Casket Activities - Date de sortie
20 septembre 2024 - Lieu d'enregistrement The Pit Recording Studio (Californie)
- écouter via bandcamp
Qu'on en commun Zack de la Rocha, Regional Justice Center et Mel Gibson ?
La réponse tient en un mot, le premier dégoupillé dans ce petit pavé de 14 minutes fait pour être balancé dans une vitrine de banque, sur les tarins plastifiés de la maréchaussée ou les costards bien lustrés de tout ce qui est plus à droite que l'embrayage : FREEDOM.
Le projet est né de deux frangins, alors que l'un de ceux-ci a été condamné à six ans de prison a 18 ans, et a passé le début de sa vingtaine derrière les barreaux. Libéré en 2022, il a depuis rejoint le groupe a plein temps, quand sa présence sur les disques précédents se résumait à l'écriture de quelques paroles et à une voix enregistrée au téléphone.
A noter qu'entretemps, le frère qui était dehors (Ian Shelton) participe à la création de Militarie Gun, mais la sortie de l'autre (Max Hellesto) relance la machine, d'autant plus avec l'apport de nouveaux musiciens.
Freedom, Sweet Freedom est donc le résultat de cette 'nouvelle' histoire. Le titre et ce premier mot prennent du sens, pas vrai ?
Suite à cette déclaration d'intention, ce sont douze morceaux d'une minute en moyenne qui viennent déglutir une colère, exprimée à partir d'un vécu traumatique, vis-à-vis du système carcéral et de divers travers sociétaux et personnels sous la forme d'un fastcore parfois grindy, qui pourra évoquer Nails ici, avoir des penchants grindpunk que ne renieraient pas Pig Destroyer là, s'abandonner à des excroissances powerviolence ailleurs, avec en tête un point commun : ça va tout droit.
Droit dans le mur peut-être, mais t-o-u-t droit.
Et pourtant, Regional Justice Center restent résolument ancrés dans un registre hardcore, même si ce n'est clairement pas celui du NYHC et de ses hoodies. La bonne ambiance n'est pas de mise ici, place à la poussière et à la noirceur, avec une bonne dose de colère accumulée.
Il faut dire que Max Hellesto est celui qui a repris le mic' depuis sa sortie de taule, et écrit les paroles, alors même qu'à l'intérieur, il n'avait pas grande idée de la musique du groupe ou du public qu'il s'était créé.
A la fois sombre, radical, sévère et dissonant, et pourtant pas dénué de groove et de cachet, Freedom Sweet Freedom devrait pouvoir parler à toutes celles et ceux qui se rapportent à ce type de son avec un sentiment – littéralement – de libération. On le sent, il faut que ça sorte, que tout ce qui était enfermé à l'intérieur puisse déflagrer, et du point de vue de l'auditorat, on peut dire que c'est réussi. Et on peut sans peine imaginer à quel point s'exprimer de cette façon peut être vecteur de soulagement de la part de qui le fait.
Malgré la radicalité (et la durée) de la proposition, Regional Justice Center parviennent au final à proposer un disque assez varié, porté par une batterie frénétique et un chant vraiment incarné, loin des classiques de powerviolence ; et même avec un petit passage hip-hop sur « Curse », Hellesto ayant créé son projet Vatican Voss en parallèle.
A écouter en pensant aux mots du poète turc Nâzım Hikmet : « être captif, là n'est pas la question. Il s'agit de ne pas se rendre, voilà ».
2 COMMENTAIRES
Aldorus Berthier le 15/11/2024 à 12:29:02
Wah si la galette est conforme à c'te critique ça pourrait faire partie de mes pépites de l'année. Comme l'a si bien dit Anton Ego dans Ratatouille : "Pray you don't disappoint me" 😈
Crom-Cruach le 15/11/2024 à 14:19:19
un combo efficace oui
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