Pin-Up Went Down - Interview du 26/12/2012

Membre(s) interviewé(s) : Asphodel et Alexis
Reprenons la news qui annonçait la sortie de B-Sides: vous y expliquiez que celui-ci serait « composé de surprises et de titres issus des sessions des albums précédents, retravaillés et réenregistrés ». Est-ce qu’on pourrait avoir droit à un petit résumé de quels titres sont issus des sessions de quels albums… Et quel(s) titre(s) constitue(nt) une(des) surprise(s) – le terme de « surprise » servant, je suppose, à désigner du matériel tout nouveau tout beau ?
Alexis: « My never heard » est issu de la toute fin des sessions de 342. On ne l’a pas mis pour ne pas faire doublon avec « Aquarium ». Mais à l’époque il n’y avait pas de chant dessus. « Irrelevant Waste » fait partie des surprises, c’est un titre composé en 2012. « Add as fiend » était une démo commencée pour 342, mais totalement retravaillée pour B-Sides. « Ego ego go » c’est du pur 2012, et « Sun xp » n’est autre que le premier morceau que j’ai composé pour PUWD: il devait être sur 2 unlimited, mais il a été retravaillé sur plusieurs années.
De par son nom légèrement dépréciatif (légèrement), et sa parution exclusive au format digital, on peut supposer que vous ne placez pas l’EP au même niveau que vos albums précédents et à venir. Mais plutôt que de supposer, pourriez-vous nous faire part de votre regard sur ces 5 titres ? Vous les jugez « moins bons », différents, moins fidèles à la nature profonde du groupe… ? Ou bien je me fourvoie et le terme « B-Sides » était essentiellement destiné à proposer un titre-jeu de mot de plus (« Besides » signifiant « Par ailleurs / de plus » ami non angliciste…) ?
Alexis: Non, nous sortons ces titres car ils nous semblent bons, et on ne pouvait pas faire des albums trop longs. Nous voulions faire l’expérience de ce format, un EP en digital, pour avoir une relation directe avec les fans, et pouvoir faire des analyses pour les choix futurs.
Asphodel: Il y a, comme tu le soulignes, le jeu de mot "b-sides / besides"...
Dans quel esprit avez-vous (au plutôt Asphodel a-t-elle) réalisé la pochette de cet EP. Est-ce un clin d’œil au titre « Escargot » de 342 ? Est-ce l’illustration des textes WWF-friendly de « My Never Heard » ? Ou une expérience de cosmétique alternative ?
Asphodel: Mon obsession de l'escargot date de très longtemps. C'est un animal qui m'a toujours fascinée, et c'est le seul que j'arrive à voir avec des yeux d'enfant. Je m'extasie devant tout être vivant "innocent" sur cette planète de dingues. Que ce soit une blatte, un éléphant ou un veau... Cependant, l'escargot est l'unique. Mon animal Totem de gamine. Après réflexion, j'en ai conclu que c'était le seul animal que j'arrivais à relier à mon enfance et à ma naïveté. J'ai fait une série d'autoportraits qui traitent de ce sujet là, le poids de l'enfance, ce qu'il en reste, la naïveté, en "utilisant" le seul symbole de cet instant précis et passé. L'un des portraits était anonyme (on ne voit pas mes yeux), j'ai pensé qu'il irait bien à B-Sides, et qu'il serait un écho à « Escargot », effectivement.
Après la thématique plutôt zoo-responsable de « My Never Heard », « Irrelevant Waste » embraye sur ce qui semble être une réflexion sur le manque de réel activisme écologiste de notre société tout en vitrines. Je me trompe ou vous n’aviez pas abordé jusqu’ici de sujets aussi « sérieux » (enfin disons aussi « sociétaux ») ? Ce sont des thèmes qui vous tiennent tout particulièrement à cœur ?
Asphodel: « My never heard » est le Notre Père en anglais, mais revu et visité, dédié à l'Animal. Je suis végétarienne stricte (pas végétalienne), à tendance vegan dans mon utilisation des cosmétiques, vêtements, produits ménagers, etc. Depuis quelques mois/années, je suis de plus en plus stricte avec cela, je l'ai moins été par le passé, par manque d'informations sur le sujet, notamment. J'ai eu très mal en chantant « My Never Heard », parce que la souffrance animale est totalement banalisée. Quand bien même des associations se penchent sur le sujet et en parlent, on ne voit qu'une facette de la réalité. On parle de produits testés sur les animaux et on se targue de ne pas en vendre, mais seul le produit fini n'est pas testé, et les fournisseurs ne suivent pas forcément l'éthique prônée... On parle de produits vegan, sans substance animale dedans, mais on utilise la cochenille pour le colorant rouge... On utilise la cochenille pour 80% de ce que vous verrez de rouge dans le textile, l'alimentaire, la cosmétique... Quand il ne s'agit pas de graisses animales qui supposent une mort de l'animal... On se targue d'être "cruelty free", mais cruelty free ne signifie pas forcément vegan... Alors le combat anti-cruauté est beaucoup plus difficile que prévu. On trouve de la gélatine animale dans des bonbons Haribo, dans du dentifrice, dans des choses absolument inimaginables. Je ne supporte plus ça. Et je ne supporte plus l'hypocrisie des firmes se targuant d'être propres et fermant les yeux sur les points obscurs de leur démarche.
Le problème du végétarisme en tant que non consommation de viande ou de produits venant d'un animal mort est une chose. On sait de près ou de loin ce qui se passe dans un abattoir. On ignore pourtant le reste, les "vaches à hublot" nourries par cette fenêtre ouverte en permanence sur le système digestif, où l'on fourre allègrement des pâtées de maïs -la vache est un herbivore stricte-, sans se soucier de son ressenti, les becs de poussins mutilés dans les batteries, les queues de porcelets coupées à vif... On ne sait pas ça.
« My Never Heard » est une sorte de prière dédiée à l'Animal, qui est mon Dieu à moi. Je ne crois en rien, mais je crois au respect, et au-delà de toute éthique écologique, je ne crois pas que l'humain se rende compte du terrorisme dont il fait preuve à l'égard de l'Animal. Il y a trop d'argent à "gagner", mon pauvre monsieur. Cette prière, je la vis au quotidien, de l'annonce d'un chien abandonné parce-que-tu-te-rends-compte-il-faut-s'en-occuper-en-fait, à la vache égorgée de manière absolument infâme pour une idéologie religieuse à la con.
Je n'ai rien contre les non-végétariens. En substance. Ce choix de vie est le mien, et je ne juge pas celui qui n'a pas fait ce choix. Ce que je condamne et vis très mal aujourd'hui, c'est l'abus, le non-respect, l'argent à faire au-delà de tout.
Pour « Irrelevant Waste », il ne s'agit pas d'un problème d'écologie, justement. Ce titre parle de la fin du Monde, la vraie, celle qui tombera sur le coin du museau de nos générations plus-que-futures. Je ne te parle pas du fake de 2012, là. Je te parle de la fin inévitable du Monde. « Irrelevant Waste » m'est venu après un reportage sur ce sujet, d'ailleurs. Cela m'a mis un coup de pelle au moral, et je me suis dit "mais alors à quoi bon?". A quoi bon trier les déchets, à quoi bon parler d'économie d'énergie, puisque ce monde-là va nous péter inexorablement à la tronche, et que le vivant est régi par une loi d'évolution? Du coup, ce texte parle aussi du fait de se rendre compte du monde autour, et de voir à quel point l'instant même est chose précieuse. Au final, « Irrelevant Waste » est une sorte de dissertation philosophique, mêlant l'âme d'une Princesse Disney qui découvre le monde et pioupioute avec les oiseaux, et un coreux (enfin une coreuse, pour le coup) qui annonce la couleur dans l'intro de la chanson : "Parce qu'on fait tout ça pour rien." Le Rien, c'est cette fin inexorable... Ce qui n'empêche que j'ai pris le parti de rester une hippie écolo-bio végé.
Ce sont des thèmes qui me tiennent à coeur à moi, surtout. Alexis m'a toujours donné le feu vert. Ecrire, c'est aussi mon terrain de jeu. Il me laisse totalement libre. Oui, les questions environnementales ont toujours été vitales chez moi... Mais c'est surtout la question animale qui me fout en l'air. Je n'ai jamais eu l'occasion d'en parler avant.
« Add As Fiend » relate a priori une expérience facebookienne malheureuse vécue par toi, Asphodel. Que s’était-il exactement passé ? Une nouvelle forme de harcèlement réseau-socialesque ?
Asphodel: J'en ai eus deux, justement. Deux harcèlements qui ont duré des mois. Des individus qui te prennent pour quelqu'un que tu n'es pas, qui te vouent aux cieux, puis aux Gémonies. Tu te lèves le matin, tu sais que tu vas avoir un message dans ta boîte. En même temps, tu ne dis rien, parce que tu sais que la personne est fragile, mais tu te fais bouffer, et la dépendance affective que cette personne nourrit par rapport à toi devient un vrai danger. La fin a été nette, mais a failli mal tourner. La personne en question te voit comme sa soeur, sa mère, son psy, son assistante sociale... Alors que tu n'es que toi. Ce qui me fascine, justement, c'est que l'outil réseau social puisse devenir une porte directe sur l'intimité d'autrui. Ce n'est pas un phénomène nouveau, c'est l'outil qui est nouveau. Dans le temps, comme disent les vieux, il y avait bien d'autres moyens de subir ce genre de harcèlement.
En pauvre geek que je suis (bien malgré moi), j’imaginais que le titre « Sun XP » évoquait un métissage informatique improbable entre des systèmes d’exploitation assez antagonistes (SUN OS et Windows XP)… Alors qu’il s’agit en fait du récit de la vie d’un enfant atteint de « Xeroderma pigmentosum ». N’empêche qu’en fins amateurs de jeux de mots que vous êtes, ça ne m’étonnerait pas que ce titre informaticoxymoresque ait été créé à dessein. Me trompé-je ?
Alexis: oui, le truc c’est que tu es complètement parano désormais ! C’est une ballade, assez « gothique old school » finalement, sur un sujet morbide. Rien de tordu, légèrement pathos, certes. Mais la musique est intéressante, il y a un travail d’arrangement important sur ce morceau.
Asphodel: Xeroderma commence par X. Pigmentosum commence par P. Tu l'as, ton XP! Il y avait le côté "expérience" aussi.
Alexis, tu semblais te faire du souci quant à certains aspects de la qualité sonore de l’EP. J’avoue n’avoir aucun commentaire sérieux à faire à ce sujet. Qu’est-ce qui te chatouillait donc tant ?
Alexis: étant compositeur-interprète-producteur, je manque parfois de recul et aime être rassuré quant à mon travail. Mais oui les retours sont très bons concernant le son de l’EP.
Vous n’y échapperez pas: on voudrait des news alléchantes sur ce qu’on pourra trouver sur Perfreaktion. Y tenterez-vous quelques juteuses expériences de celles qui font saliver les amateurs de metal non conventionnel ? Et c’est quand-donc, alors, qu’on a un espoir d’écouter la bête ?
Alexis: actuellement il y a une dizaine de morceaux en maquettage. Je vais continuer à les travailler dans les prochains mois, et le moment venu les transmettre à Asphodel. Je pense que PUWD présente certaines caractéristiques reconnaissables désormais, vous les trouverez encore sur Perfreaktion. Pourquoi pas faire un morceau ultra speed…Tout dépend du temps et de l’énergie qu’on peut mettre. C’est très aléatoire en fait… En tout cas j’ai essayé sur certaines ébauches de donner un côté Townsendien et Meshuggesque, pour changer un peu.
Asphodel: Il ne faut jamais écouter la Bête.
Supplique habituelle et (presque) désespérée: quand c’est-y qu’on pourra vous voir sur scène, mmh ?
Alexis: en 2090.
Et on finit sur le petit mot de la fin qui vous est donné de bon cœur...
Alexis: merci à toutes les personnes qui nous soutiennent. Arrêtez de fumer, et achetez notre nouvel EP à la place.
Asphodel: Je vous conseille le film de Jérôme Lescure, ALF, d'une part. D'autre part, je voudrais remercier ces fans qui nous soutiennent depuis le début, et propagent la bonne parole. Merci à vous tous! J'ai été impressionnée par le nombre de partages sur FB lors de l'annonce de la sortie de l'EP. Merci encore. Et merci à vous, M'sieur Cyril.
2 COMMENTAIRES
Lord Orgazmo le 25/01/2013 à 20:39:32
Merci pour l'interview qui m'a fait réaliser que j'étais passé à côté de B-Sides
Par contre ils ne répondent pas vraiment à la question de savoir quand va sortir Perfreaktion, grrrr ; au grand dam de mon dentiste (si ce n'est d'un urologue) il va donc me falloir ronger mon frein
cglaume le 25/01/2013 à 22:18:33
Patience est mère-de ça fait chier ... :/
:)
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