Vamacara - Interview du 21/01/2023

Vamacara (interview)
 

Je pense que la plupart des lecteurs du webzine ne connaissant pas ton groupe, peux-tu leur présenter Vāmācāra en quelques mots ?

 

Vāmācāra est un groupe germano-polonais de Doom / Death / Black / Stoner, avec des influences psychédéliques, dont les paroles mêlent philosophies orientales et occidentales. Nous avons publié un EP en 2017 ainsi qu'un album en avril 2022.

 

Cosmic Fires: The Enlightenment Reversed est votre premier album, mais j'ai l'impression que vous aviez une idée précise de comment il devait sonner, je me trompre ? Et pourquoi avez-vous choisi de l'enregistrer sous forme de duo ?

 

C'est notre premier album, mais comme je l'ai dit, nous avions déjà publié un EP auparavant, avec un son assez proche. Nous avons beaucoup travaillé sur ce son bizarre spécifique, spécialement pour les guitares. Je suis très fan du Rock des années 70, j'ai toujours eu un faible pour ces guitares épaisses, brumeuses, plombées. J'ai ensuite essayé d'en créer ma propre version. Parce qu'au final, nous n'essayons pas seulement de recréer, disons, le son de Led Zeppelin, mais d 'emprunter un autre chemin avec un résultat pour le moins similaire. J'espère au moins que cela rappellera les glorieuses années 70 et le début des 80. Nous sommes un groupe de deux musiciens parce que nous voulons le moins de compromis possible. Quand tu es dans un groupe, mettons, de cinq personnes, tu dois faire face à des décisions démocratiques et adhérer à des choses que tu ne supportes pas.

 

Il semble que la magie joue un rôle particulier dans le processus d'écriture. De même que les philosophies bouddhiste et hindou.

 

J'ai l'impression que tu fais référence à ”Alchemical Symbolism”, un morceau de notre dernier album. Il décrit un rituel bouddhiste ou peut-être simplement une métaphore de ce dernier. Je m'intéresse énormément aux choses surnaturelles, même si je ne crois pas réellement en elles. Il y a une ligne dans ses paroles qui dit : « La magie n'est pas là où s'arrête la sagesse. La magie est là où s'arrête la magie. » Je pense que je voulais souligner le fait que le truc vraiment intéressant se trouve dans les sciences naturelles (donc là où s'arrête la croyance), pas la religion (là où s'arrête la connaissance). Beaucoup de gens pensent que la science tue la magie, mais, dans ce cas, je pense le contraire. J'ai conscience que cela peut sonner quelque peu antinomique mais je pense que c'est ce qui rend notre musique intéressante – l’opposition de choses que tout sépare.

 

J'ai écrit à propos de votre album qu'il s'agissait de « World Metal », une étiquette créée par le groupe Solefald. J'ai vu que, en tant que fan de World Music, tu as apprécié. Quelles ont été tes principales influences au moment de le composer (musique, cinéma, art...) ?

 

Je n'ai réalisé que plus tard que Solefald avait inventé ce terme, alors rendons à César ce qui est à César. Je ne parlerais pas d'influences mais plutôt d'inspiration. Les choses qui m'ont inspiré pour ce disque sont Narcopolis de Jeet Thayils, un livre sur le trafic d'opium de Bombay, divers groupes turcs de Rock / Psychédéliques des années 60 à 80, At The Left Hand Of God de Robert Svoboda, ainsi que différents travaux que je ne créditerais pas consciemment mais qui ont tout de même eu une influence sur l'album. Récemment, j'ai eu un peu de mal à trouver de nouvelles musiques qui m'inspirent. Les groupes qui m'inspirent véritablement sont pour la plupart non-Metal, mais de World Music, par exemple Altin Gün, Ajate, Mdou Moctar, Tinariwen... J'ai l'impression que tous ces groupes sont proches de Vāmācāra, travaillant en équilibre de genres variés qui pourraient sembler difficile à faire cohabiter.

 

J'ai lu sur Internet que votre musique était une opposition entre les traditions orientales et occidentales. Selon moi, comme je l'ai écrit, je la vois plus comme un pont entre les deux mondes. Qu'en penses-tu ?

 

Je pense qu'on peut trouver à la fois des ponts et des murs métaphoriques dans notre musique. On trouvera donc des éléments qui se contredisent les uns des autres mais aussi qui se lient. Je pense que c'est quelque chose qui vient naturellement. L'une des choses qui a inspiré cet album, ce sont deux courts voyages à Istanbul, une ville où Europe et Asie, religions orthodoxe et points de vue séculaire sont en permanente confrontation. Tu pourras toujours trouver une coexistence pacifique ainsi que de la violence là où des choses comme celles-ci se rencontrent. Mis à part cela, je vis en Pologne, qui est aussi déchiré entre des visions catholiques radicales, des weltanschauungen (« visions du monde » dans la langue de Goethe) d'Europe de l'Est et des mouvements séculaires qui veulent plus le mode de vie occidental. Il y a une chose qui combine les lieux où ces cultures s'affrontent : ce n'est jamais ennuyeux, peu importe si c'est ou pas une bonne chose, c'est juste un fait. C'est quelque chose que je désire aussi faire refléter dans notre musique.

 

Cosmic Fires: The Enlightenment Reversed est sorti depuis maintenant presque un an, quels sont les retours et prévoyez-vous une tournée pour le promouvoir ?

 

Nous avons principalement reçu des retours positifs, parfois de media metal plus « mainstream », ce qui ne manque pas de nous surprendre. Le pire que j'ai entendu provenait de personnes qui ont été submergées par notre matériel ou qui ne l'ont pas compris, mais qui admettent sans mal que ce n'est ni ennuyeux ni banal. Donc, l'une des missions que nous nous étions fixée est remplie. Nous avons eu des commandes de Californie, de Porto-Rico ainsi que du Japon, nous avons donc été très flattés que des gens tout autour du globe nous soutiennent avec leur argent durement gagné. Nous avons donnée une courte tournée en Allemagne et Pologne en septembre 2022 avec Diablery, et nous prévoyons de jouer plus de concerts cette année et la suivante.

 

Mantras for the Manifold était une sortie indépendante, votre album sort chez MDD une vraie institution, comment avez-vous atterri dans leur roster ?

 

MDD était déjà notre label quand j'étais dans Ctulu, un groupe que nous avons mis en pause en 2020. Je connaissais donc déjà leur attitude et que nous serions entre de bonnes mains pour promouvoir l'album. C'est donc venu naturellement.

 

Comment considères-tu l'évolution en terme d'écriture et de production entre l'EP et l'album ?

 

Nous n'avons pas changé grand-chose en terme de production. Nous avons une fois de plus enregistré avec Ali Orhan et Jörg Uken a une fois de plus assuré le mixage et le mastering, donc rien de neuf sous le soleil. Je pense que notre écriture a évolué. Nous avons bien plus travaillé chaque instrument.

 

Qui a réalisé l'artwork et quel est le concept derrière ce dernier ?

 

L'artwork est une photo de Sara Tuki prise pendant qu'elle filmait le clip de « Alchemical Symbolism » (NDT : à voir ici). J'ai plus tard réalisé quelques mockups et Mathias Jungge de Soul Grinder est responsable de la pochette. Nous avons choisi cet environnement particulier, le désert de Bledow en Pologne, pour refléter cette esthétique l'Est rencontre l'Ouest dans cette vidéo. Nous voulions un endroits qui ne soit typiquement ni européen, ni asiatique ni africain.

 

Quels sont vos plans, en tant que groupe, et avez-vous d'autres projets ?

 

Nous voulons promouvoir nous nouvel album le plus possible, tout en nous concentrant d'un autre côté sur l'écriture. J'espère que nous serons capables d'enregistrer le prochain album dans les années à venir. En attendant, nus espérons vous voir sur la route !

 

Les derniers mots sont pour vous...

 

Je voudrais une fois de plus exprimer ma gratitude à tous ceux qui ont acheté un CD, un T-shirt ou du merch. Ce type de soutien fait une vraie différence et permet de décider si et quand un groupe entre une nouvelle fois en studio et combien de temps ils peuvent travailler leur musique. Être un musicien coûte un putain de pognon, et tout ces "promo !" et "commerce!" dont parlent les metalleux et les punks sont à mon avis des absurdités. Personne ne devient riche en jouant dans un groupe de Black Metal. Nous sommes tous fauchés. En particulier maintenant.

 

 

 

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

 

Version anglaise

 

I presume much readers of our webzine do not know your band, can you present them Vāmācāra in few words ?

 

Vāmācāra’s a German-Polish doom/death/black/stoner band with psychedelic influences and lyrics that combine Eastern and Western philosophy. We’ve put out an EP in 2017 and a full-length album in April 2022.

 

Cosmic Fires: The Enlightenment Reversed is your first album but it seems that you have a precise idea of how it should sound, isn't it ? And why did you choose to record it as a duo ?

 

It’s our first full album, but as I said, we’ve already released an EP before, with a quite similar sound. We’ve worked a lot on this weird specific sound, especially on the guitars. I am really into 70’s hard rock, so I’ve always had a weakness for these thick, hazy, lead-like guitars. But then, I tried to create my own version of this. Because in the end, we don’t just try to re-create, let’s say, Led Zeppelin’s sound, but go a different way with a somehow similar result. At least I hope it reminds people a little of the glorious 70’s and early 80’s. We’re a two-man band because we want as little compromise as possible. When you’re in, let’s say, a five-piece band, you might be confronted with democratic decisions and you might have to adhere to things you don’t really support.

 

It looks like magic had a special place in the writting process. As well as buddhist and hinduist philosophies.

 

I feel like you’re referring to “Alchemical Symbolism”, a track on our latest album. This one describes a Buddhist ritual or maybe just a metaphor of such a thing. I am very interested in supernatural things, although I really don’t believe in them. There’s a line in this track that says: “Magic is not where wisdom ends. Magic is where magic ends”. I think I wanted to point out that the really interesting stuff is to be found in natural sciences (so there where belief ends), not in religion (where knowledge ends). A lot of people think that science kills magic but I believe the opposite is the case. I am aware that all this sounds pretty oppositional but I think that’s what makes our music interesting – the opposition of things that normally wouldn’t go together.

 

I wrote about the album it is « World Metal » a label created by the band Solefald. I saw you liked that, as a fan of World Music. What were your main influences composing it (music, cinema, art...)?

 

I just later on realized that Solefald came up with this, so honor to whom honor is due. I wouldn’t necessarily call it influences but more something like inspirations. Things that have inspired me on this record are Jeet Thayil’s “Narcopolis”, a book about Bombay’s opium scene, various Turkish rock/psychedelic bands from the 60’s to 80’s, Robert Svoboda’s “At the Left Hand of God” and various other works that I might not even consciously credit although they had some influence on the album. Lately, I’ve been a little troubled with finding new music that inspires me. The bands that actually do inspire me, are mostly non-metal, but “world music”, for example Altin Gün, Ajate, Mdou Moctar, Tinariwen, to name a few. I feel like all these bands are similar to Vāmācāra by working on the edge of various genres that initially might’ve seemed hard to join together.

 

I read on Internet that your music was an opposition between eastern and western traditions. In my opinion, as I wrote it, I more see it as a bridge between the two worlds. What's your opinion ?

 

I think you’ll find both bridges as well as metaphorical walls in our music. So there’s gonna be elements that contradict each other as well as such that link each other. I think that’s something that comes up naturally. One of the things that inspired this album were two short journeys to Istanbul, a city where Europe and Asia, orthodox religion as well as secular views are constantly clashing. You’ll always be able to find peaceful co-existence as well as violence where things like these meet each other. Apart from that: I’m living in Poland, which also is torn up between radical catholic views, traditional Eastern European weltanschauungen, and secular movements that want a more Western lifestyle. There’s one thing that combines places where cultures clash: it’s never boring, no matter if that’s a good thing or not, it’s just a fact. That’s something that I want to be reflected in our music as well.

 

Cosmic Fires: The Enlightenment Reversed is now out for almost a year, what are the responses and have you planned a tour to promote it ?

 

We’ve mostly received very positive feedback, sometimes even from more “mainstream” metal media, which surprised us. The worst we’ve heard is from people who were just overwhelmed with the material or didn’t understand it but still had to admit that it’s definitely not boring or unoriginal. So one of the aims I explained before were actually met. We’ve had orders from California, Puerto Rico as well as Japan, so we’re really flattered that people from all over the globe support us with their hard-earned cash. We’ve played a small tour in Germany and Poland in September 2022 with Diablery, and are planning to play more shows this and next year.

 

Mantras for the Manifold was a independant release, your album had be released by MDD, a real institution, how did you managed to be in their roster ?

 

MDD already used to be our label back when I was with Ctulu, a band that we put to rest in 2020. So I already knew their attitude and I was sure to be in good hands when it comes to promoting the album. So this came quite naturally.

 

How do you considere the evolution between the EP and the album, speaking of production and writting ?

 

We didn’t really change a lot, production-wise. We recorded once again with Ali Orhan and we had it mixed and mastered by Jörg Uken again, so no changes here. I think, our songwriting has evolved, though. We’ve definitely worked more intensely on each instrument.


Who has created the artwork, and what is the concept behind it ?

 

The artwork is a shot Sara Turki took while we filmed the music video for “Alchemical Symbolism”. I did a few mockups later and Mathias Junge from Soul Grinder is responsible for the final cover artwork. We chose this particular environment, the Bledow desert in Poland, to reflect our East-meets-West aesthetics in this video. We wanted a place that looks neither typically European nor typically Asian or African.
 

What are your plans, as a band, and maybe in other projects ?

 

We want to promote our latest album as much as possible while focusing on songwriting on the other hand. I hope we’ll be able to record the next album in a few years. In the meantime: hope to see you on the road!

 

The last words are yours...
 

I’d like to repeat my gratitude for everyone who bought a CD, shirt or other merch item. This support makes an actual difference and decides if and when a band can enter the studio next time and how much time they’ll have to work on their music. Being a musician is fucking expensive and all that “sellout!” and “commerce!” stuff that people in metal and punk talk about is nonsense from my perspective. Nobody gets rich through being in a black metal band. We’re all broke. Especially now.

photo de Xuaterc
le 16/02/2023

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements