Emostiu 2023 (Drei Affen + Øjne) le 21/07/2023, Casal de Joves Can Ricart, Barcelone

Drei Affen + Øjne (report)

Une affiche où les mots Drei Affen apparaissent, forcément, ça vient se punaiser directement sur ma rétine. Alors quand en plus ça se passe quelque part qui n'est pas si loin de ça de chez moi et que ça permet d'aller retrouver des potes que je n'ai pas vu·e·s depuis bien trop de temps, l'occasion est trop belle pour rater cette combinaison.

 

Et c'est effectivement ce qu'il s'est passé avec ce premier jour de l'édition 2023 du festival Emostiu, organisé pour la troisième fois à Barcelone dans la maison des jeunes autogérée de Can Ricart, entre El Clot et Poble Nou. Et la présence sur ladite affiche des Milanais de Øjne a achevé de me convaincre d'aller faire visiter ces contrées catalanes à la CoreandCar, qui n'y avait encore jamais posé les roues. Un début de vacances et quelques heures de route plus tard et nous y voici.

 

C'est dans le patio que l'on commence avec Ordara, trio de Donostia en Euskal Herria qui vient proposer une vingtaine de minutes de screamo avec des tendances emoviolence relativement bien foutu. Le combo délivre une belle énergie malgré la toujours difficile tâche d'ouvrir une journée de concerts, et le public y est assez réceptif. A mon sens, c'est un peu dommage que cette énergie musicale ait été entrecoupée de beaucoup trop de samples intercalés, cassant un peu la dynamique, d'autant plus en étant couplé en fin de set à une lecture de texte sur un téléphone.

J'apprécie toujours le fait de vouloir donner du sens à sa musique, mais ça m'a ici semblé prendre un peu trop de place.

En attendant, allez écouter leur EP éponyme sur leur bandcamp, il est chouette, même si le concert auquel j'ai assisté penchait plus du côté emoviolence que ne le laisserait supposer ce disque.

 

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Ordara

 

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J'en profite pour retrouver de vieux copains à la pause, puis c'est de l'opposé géographique de Grenade en Andalousie que le duo Cuando El Mar Pierde Las Conchas prend place. Première originalité : on a ici un batteur-chanteur avec un sorte de casque-microphone bricolé au scotch pour pouvoir screamer à mort tout en blastant la vie. Avec un nom inspiré (je crois) d'un morceau du groupe Corea, le duo débute par une sorte de grind/harshnoise, tout en saturation, mais qui va vite se parer de bien d'autres attributs : l'influence de l'emoviolence d'Orchid est ici tout bêtement incontestable, déjà parce que leur album (découvert après coup) Hápax Legómena (à écouter ici) a un son à la Chaos is Me, mais également parce que le duo se paiera même le luxe de s'offrir (à ma plus grande joie) une reprise de « I Am Nietzsche », morceau emblématique desdits Orchid.

 

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Cuando El Mar Pierde Las Conchas

 

Et ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un pit-poussière, mais la jeunesse de l'assemblée ne s'est pas faite prier pour bien faire voler la terre dans tous les sens, avant que le batteur/chanteur lui-même ne vienne au milieu de la foule, abandonnant micro et instrument, pour screamer le morceau «  -  » de tout ses poumons. Le guitariste, quant à lui, aura droit à un slam à mi-morceau, continuant à jouer tout en étant porté par la foule. En gros, une belle ambiance.

 

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Cuando El Mar Pierde Las Conchas

 

Bref, du grind / emoviolence / screamo à une semi-reprise totalement absurde de « Don't Look Back In Anger » d'Oasis à un final très noisy experimental où n'importe qui du public venait faire en gros n'importe quoi avec les instruments, ce concert de Cuando El Mar Pierde Las Conchas a été une vraie très bonne surprise.

 

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S'ensuivent les Ramper, de Grenade également, qui m'ont moins marqué, avec une approche plus post-rock, mid-tempo melo et avec un chant clair que j'ai trouvé passable, malgré quelques passages plus lourds. Bref, un groupe idéal pour faire la pause, en ce qui me concerne, car je ne suis pas adepte de ce type de « doom indie rock ». Mais voilà leur page bandcamp si ça vous intéresse.

 

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La nuit venue, c'est à l'intérieur de la salle que se dérouleront les trois derniers concerts, à commencer par celui d'Amalia Bloom, groupe originaire de Vicenza en Italie. J'y ai passé quelques morceaux, pour assister à un concert d'une sorte d'emopunk/rock, qui n'est pas non plus vraiment ma came, mais où le public à par contre bien répondu. Alors disons que ce n'est que moi.

Leur dernier album Picturesque s'écoute ici.

 

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Et c'est maintenant que les choses sérieuses commencent, parce que c'est au tour de Drei Affen de jouer leur formule de neocrust / emoviolence urgente et chaotique qui dévaste tout sur son passage. Retour à une formation à 3 (alors qu'un chanteur supplémentaire était présent la dernière fois que je les avais vus), on s'embarque d'entrée dans le bordel avec « El Yugo », l'un de mes titres préférés de leur discographie, à mon plus grand bonheur.

 

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Drei Affen

 

Naviguant ensuite régulièrement entre leurs deux albums, le trio de Torrelavega en Cantabrie offre une super performance, poussé par un public lui aussi à fond, comme en témoignent les paroles hurlées en choeur lorsque le chant se démarque lors des accalmies musicales. Leur batteur, casquette vissée sur la tête, est toujours aussi ébouroustiflant de fills et de multiplications des pains (dans la gueule), c'est toujours impressionnant. La hurlante d'Elsa est elle aussi excellente, mais la guitare s'est un peu retrouvée noyée dans le mix (du moins là où je me trouvais dans la salle) et dans le bordel chaotique général, ce qui est un poil dommage. Mais qui n'a toutefois absolument pas gâché le concert.

On aura donc aussi droit en vrac (et pas dans l'ordre de la setlist) à un « El Sonido de tu Llanto » au break ultra-massif, tout comme celui de « El Yugo » déjà évoqué, un « Caen Los Sueños » au 'refrain' choral et aux sections cathartiques, à « Como Un Mar Violento », « Fuego Y Llanto » et « Gritos Sordos » (je crois), « Llama viva » où tout le monde hurle littéralement les paroles, tout comme pour « El último aliento ». Il y aura probablement une marge d'erreur dans cette setlist, mais ça donnera une idée.

Et SURTOUT, petit bonus et petite news en presque exclu du coup, un morceau totalement nouveau a été joué en guise de rappel. Verdict ? Bah il bute, dans la veine de ce qui se faisait avant, laissant espérer fortement un nouveau disque (j'en crève d'envie). Bordel, quel concert.

 

Sérieux, si vous ne connaissez pas encore Drei Affen, remédiez à ça immédiatement, c'est l'une des meilleures choses qui soit arrivées à la musique violente et passionnelle depuis quelques années.

 

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Le dernier concert de la soirée débute donc avec les Milanais de Øjne, qui viennent défendre leur récent EP Sogno #3, qui sera logiquement mis en avant dans la setlist avec quatre des six titres qui vont être joués (« Il tempo che ho perso », « Occidente », « Icona » et « Le vite degli altri »), tout en allant également piocher des titres dans leur excellent Prima Che Tutto Bruci d'il y a cinq ou six ans, et même de leurs disques d'avant.

Avant le concert, j'avais pris soin de préciser aux copains : « ok, là, peut-être que je vais pleurer ». Il faut dire que certaines paroles sur ce dernier EP m'ont vraiment touché, et me retrouver à les hurler en live pouvait déclencher une réaction incontrôlée. Bon, finalement, je n'ai pas pleuré, mais le concert a été une buterie totale, coup double donc après celui de Drei Affen juste avant.

Et si le groupe est très calé, le truc qui fait la grosse différence en live, c'est très clairement Gianluca, au chant, dont on sent qu'il hurle ses paroles en y croyant à 100%, et avec un timbre qui bordel, te transperce complètement et vient chercher tout au fond, là où ça fait mal. Une partie du public connaît très bien les paroles et scande le tout en choeur, les slams s'enchaînent, dont plusieurs du chanteur qui sera transporté par la foule tout en continuant à screamer à mort, y'en aura même un trou dans un des coffres de protection de poutre au plafond, dites donc, tandis que le batteur Jacopo tape assez fort pour percer la caisse claire dès le second morceau.

 

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Øjne

 

Avec ce concert, et leur EP, Øjne m'ont réconcilié avec le screamo à l'italienne. Ce soir, c'était chargé de sincérité et de passion qu'il en fallait peu pour se laisser emporter. A voir et à revoir.

 

Le deuxième jour était déjà sold out, je n'ai donc pas pu y assister, mais il était plutôt à tendance emopunk, ce qui est beaucoup moins mon truc, et je n'ai donc pas de regrets. Cette journée à elle seule valait déjà le coup de faire le déplacement. Et quand en plus ça permet de revoir de vieux potes, que demander de mieux ?

 

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photo de Pingouins
le 15/09/2023

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