Les Grands Ducs (Helmet + Blonde Redhead) (Blonde Redhead + Helmet) le 29/11/2023, 29/11@Stereolux & 02/12@le Ferrailleur, NANTES (44)

Blonde Redhead + Helmet (report)

Prologue :

 

"Ma mémoire m'a

M'a déserté

Enfin je vais profiter

 

De tout sans rien

En regretter

Affranchi de lendemains

Du souvenir

 

Fatalement ça

N'a pas duré

La mémoire m'est revenue

Mais j'ai l'intuition que ce n'était

Pas la mienne que je retrouvais

 

A mesure que me gagnaient

Quelques souvenirs je doutais

Qu'ils m'aient un jour appartenu

Eux qui défilaient sans parler

 

Mais comme ils pesaient

Moins que rien

Et que cette mémoire n'avait

Nulle trace de jour faste ou mauvais

A merveille elle me conviendrait

 

Moi qui la croyais calme

Au moment où elle s'accrochait

A moi je crus qu'elle saurait m'épargner

Les rancœurs et le vin mauvais

 

Et aujourd'hui j'accuse

Encore le coup, elle m'a bien eu

Elle m'a bien sûr depuis tout dévoilé

Du passé lourd qui m'incombait

 

Ma vraie mémoire

Reparaîtrait

Elle rirait bien fort de moi

 

L'autre en tous cas

Bien arrimée

Parraine chacun de mes pas

Et je ne me reconnais pas

Le dos courbé et les yeux baissés

Ces yeux qui balaient le plancher

Sans doute pour la première fois"

 

Dominique A., La Mémoire Neuve, 1995

 

Je ne comprends toujours pas que l’on essaye encore de bourrer le mou avec des auteurs de siècles lointains à des lycéens, et espérer leur faire aimer la lecture, quand on a des auteurs populaires de ce niveau… Bon, à vous de me le dire, c’est peut-être une réaction de ma part d’ancien jeune/nouveau vieux en Converse tendance bobo pas qu’à Rezé. Ce qui me mène d’ailleurs au "Slogan" de Gainsbourg, repris par les Blonde Redhead, découvert sur un EP du groupe acheté à Sheffield sur la route d’un concert de Slash dans un night-club, anciennement dit « boîte de nuit ». Alors après tout ça on s’est retrouvé entre nous à des concerts complets pour se rappeler (et comme dans Zombie, le film, on se répand dans toutes les salles – un peu comme "Zombie", la chanson, d’ailleurs à une autre époque).

 

 

Deux vieux groupes, avec chacun une importance certaine à leurs époques, deux hiatus, et puis ça revient, mais dans les deux cas je ne suis que de loin, peu convaincu des chemins qu’ils ont pris. Vas-y que je t’envoie du groove massif chirurgical d’un côté, et que je te mélange dissonance et douces mélodies bancales de l’autre, on était bien lotis. Et puis, patatras, ça devient de la Pop de faux jeune pour le premier, et du coton chloroformé pour le second. Je laisse tomber les sorties d’albums. Et puis le temps passe. Jusqu’en 2023. Comme Blonde Redhead je ne me souvenais pas les avoir déjà vu, et pour Helmet je ne les avais jamais vu (such a shame), j’avais un bon point de départ pour à la fois me rafraîchir la mémoire et également m’en faire une nouvelle. Et revoir Nico, Jules, Stef, Jean-Marc… et c’est tout, mais c’est déjà beaucoup. Pour Guillaume il m’avait prévenu par message : « Pour être franc, je crois que mis à part le tout premier album, Blonde Redhead m’a toujours gonflé… Et je ne saurais pas vraiment dire pourquoi. ».

 

V.S

(Il était une fois dans l'ouest : je n'ai aucun souvenir de ce concert de 2007, pourtant ce ticket est à moi, est-ce le même groupe ?  Read is (d)Red ou l'inverse ? Est-ce que Jean-marc leur porte la poisse depuis le début me dit-il, entre un concert avec le son coupé et un autre en festival avec de l'eau jusqu'aux genoux ? Est-ce que Guillaume avait raison ? Mais qui êtes vous ?)

 

 

« Music makes the people come together » chantait Madonna. Si pour Blonde Redhead, le « come together » le plus loin que j’ai mesuré était Guérande (Salut Antoine !), à peu près 80 km, pour Helmet par contre, accrochez-vous bien. Si pour J.R rencontré ce soir-là c’était déjà pas mal puisque qu’en venant de Caen, il allait faire le concert de Nantes et enchainer le lendemain avec celui de Paris, on va arrondir à 700 km sans compter le trajet de retour ; pour « l’ami américain » et son fils que l’on a pu rencontrer, ils venaient eux de Dallas. Et faire comme J.R les deux concerts français. Dallas. Bons dieux. Le papa amène son fiston voir le groupe qu’il adore - et a déjà vu dans leur pays d’origine – à la moitié de l’autre bout de la planète. Une chouette façon de planifier des vacances !

 

La mémoire, la motivation, les gens, l’anecdote à poser d’entrée, et puis il y avait de la musique aussi.

Comme vous pouvez le voir, chaque groupe a pris position pour faire sa setlist, seulement le présent très proche pour le premier ; gloire au passé entrecoupé de grands écarts avec le présent pour l’autre.

 

Blonde Redhead auparavant c’était une grosse alternance entre chansons ultra mélodiques, propres, chiadés et d’autres trucs un peu dissonants, rythmiques bizarres ou étranges. Avec des compos chantées en entier par soit le guitariste/chanteur, soit par la bassiste claviériste/chanteuse, et également certaines partagées. On pouvait parfois sur un album passer du coq à l’âne, adorer puis détester. Ce petit côté bancal qui restait intéressant à suivre. Si à ce concert ils se partagent toujours la voix en fonction des morceaux, musicalement en revanche on retrouve malheureusement une certaine uniformité. Pas dans la forme, mais dans le fond. C’est sérieux, c’est très calme, c’est pas aidé par le son sur plusieurs morceaux (trio guitare-voix, batterie, basse-clavier-rien-voix), c’est triggé quand on voit bien que si on entend 3 guitares il n’y en a qu’une sur scène, c’est, c’est, ennuyeux. Tous les morceaux ne le sont pas, mais on se rend bien compte qu’entre "Snowman", intéressant, légèrement hypnotique, vaporeux dans le bon sens psyché de sofa, et "Sit Down For The Dinner", qui plombe à la fois le dernier album et le concert (les deux morceaux étant pourtant du même dernier album), je ne serais pas nostalgique des vieux morceaux parce qu’ils sont absents, mais parce que j’aurais préféré que certains titres de la setlist n’y soient pas. Je souffre et je souffle sur la longueur. Oui quand même je n'aurais pas dis non à quelque plus vieux morceaux (comme "In Particular", sachant qu'en plus ils en ont enregistré une version en français sur le E.P Mélodie Citronique). Et puis qu’est-ce que c’est que cette histoire que l’on entend dans les media, au comptoir, dans la salle, à propos du « charisme » de Kazu la chanteuse-bassiste-claviériste ? Elle est là, oui, mais pas jusque-là quand même. Je ne devais définitivement être à aucun concert de Blonde Redhead, pas même celui où j’étais. Mais si on parle de charisme, Hey, ho, PERSONNE ICI N’A VU LE CONCERT DE THE JIM JONES REVUE DANS L’AUTRE SALLE OU QUOI ? Ou peut être que si, mais en fait c'était il y a longtemps, mais surtout on ne voit pas les mêmes choses ("but the memory remains,na na na, la na na"… bis repetita). Le batteur de Blonde Redhead ce soir avec sa façon de jouer, très classe, technique, et son, « retrait », en avait davantage de ce fameux charisme. En plus il était coiffé et habillé en Bowie 83, c’est dire si je ne vous mens pas. Et c’est sûrement la seule chose dont je me souviendrais… (heureusement tous n’étaient pas de mon avis, ils pourront dans le futur me reformater pour me faire penser que c’était un bon concert).

 

 

(Note post-concert : ma muse qui aime le Canada entend "Sit Down For Diner, Pt 1" et me dit que "La Complainte du Phoque en Alaska" a déjà été utilisé pour un titre de chanson, par le groupe Beau Dommage qui n’a ici musicalement rien à voir.)

 

Et puis il y a eu ce concert de Helmet un peu plus tard dans la semaine. Comme indiqué à un endroit là-haut, je n’aime pas les albums depuis un certain temps, j’adore ceux du début, une crainte néanmoins, celle que l’âge avancé du leadeur Hamilton - 63 ans quand même - ne me présente d’inoubliables versions massacrées de ces morceaux que je pouvais jusque là me passer et repasser sans être jamais rassasié. Je croisais quand même un peu les doigts pour que cette mémoire ne me soit pas effacée. De but en blanc, les 2/3 du concert étaient énormes ! Et tout le monde souriait. Headbangait. Suait, mais s’en foutait.

D’entrée du Thin Lizzy dans la salle, j’arrive collé à la scène, bien au milieu, un sweat Converge juste à côté de moi, il s’appelle donc J.R de Caen, on parle de concerts des bostoniens, de Nile, de Patton, du Hellfest, comme certains parlent des plus grand crüs auxquels ils ont ou aimeraient goûter. Et puis, boom. On se prend une basse frontale comme rarement entendu. Groove grasse forte, trop forte, merde nous sommes mal placés… si on veut entendre la voix et/ou la guitare à la Page.

 

 

Et puis tout légèrement -heureusement -cela s’améliora progressivement dans le mix et en se glissant vers la droite – on entend un peu mieux l’ensemble quand arrive, en troisième position le premier morceau de la période chérie, "Give It", je me rends compte que c’est quelque chose de l’entendre en concert… et si déjà la rythmique, la basse, le groove sont énormes, ce n’est rien comparé au démentiel "Better" qui tombe ensuite. Je ne l’aurais pas pensé, je n’aurais pas misé sur ce morceau, je ne sais pas si les précédents servaient de tour de chauffe pour les musiciens et le sondier, mais là ce fut quelque chose. Un truc s’est passé. Le son carton-pâte de la batterie et de la basse de la version album effacés à jamais par celle-ci en concert. Puissance, groove, répétition saccadée ultra hypnotique, tout le monde était accroché, Hamilton nous contrôlait au riff de sa guitare, et la basse nous écrasait. On marchait droit, on se décollait la tignasse comme jamais (là je ne pense pas que la majorité des gens présents à Blonde Redhead sache de quoi je parle, deux salles deux ambiances !). J’ai beau réécouter la version album, je crois que la mesure de ce rendu live si différent est assez difficile à partager tant l’écart est énorme. La version sur le Live and Rare du groupe s’en approche davantage que la version album. Et ce fût là le moment où je me dis que peut être ce soir allait être le soir.

 

 

Et ce fût le cas, mais essentiellement quand il s’agissait des morceaux de In The Meantime et Betty qui allaient constituer les 2/3 de la setlist. Tous les titres de ces albums étaient des grosses mandales. Imaginez vous le perfect de placer "In The Meantime" en final, tout comme Wilma's Rainbow avant la pause... mais en l'imaginant avec 2 tonnes de puissance en plus par rapport aux versions albums. Waou, effet Colgate dans toute la salle. Et puis la classe de sortir une guitare pour souffler en solo le country-blues de "Sam Hell"... Vous comprenez donc quand j’indiquai plus haut que le concert était énorme, aux 2/3. Le tiers restant étant la majorité des nouveaux morceaux, même si la majorité passait une fois débarrassée de la production du dernier album (voir la chronique de Crom-Cruach dans le commentaire ici). Mais si cela peut paraitre contradictoire – je regrette d’abord le manque de production pour certains morceaux puis je râle ensuite pour d’autres qu’ils soient trop produits genre le gars il ne sait pas ce qu’il veut – c’est parce qu’en terme de composition nous sommes à des années lumières. Si les personnes de mon âge peuvent entendre que 30 années soient des années lumières, soit l’écart entre Betty et Left. Comme vous pouvez le voir sur la set list, si Blonde Redhead revendiquait sa période d’adulte, Helmet plaisait à nous rappeler aux souvenirs de jeunesse, quitte à nous conforter dans nos avis du "c’est moins bien maintenant". Mais tout du long on appréciera la prestation et la qualité du jeu. Et le lien, la bonne humeur, le partage entre le groupe et le public. Si la musique ou la set list devaient s’effacer de nos mémoires, certain que cette ambiance restera et que sur ce point on ne pourra pas me la faire à l’envers. C’était un putain de boucan d’enfer !

 

 

 

Assez jacassé, pour conclure, une fois le temps passé, il me reste, un concert de Blonde Redhead à l’image de leur dernier album, et un d’Helmet, à celle de leurs bons albums. Coton bio chloroformé un peu rêche d’un côté, vieux parpaings très solides et toujours efficaces de l’autre. Et deux groupes qui se rejoignent dans le fait que je n'aime que leurs anciens morceaux.

 

 

Merci aux groupes, aux copains, aux gens rencontrés, aux deux salles et aux personnes à la com' et à l'accueil !

 

(et puis il y avait aussi des bonnets Helmet pour cacher tous les cheveux que l'on avait perdu à se les secouer dans tous les sens)

 

photo de R.Savary
le 05/03/2024

3 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 09/03/2024 à 11:20:48

Super les reports, j'ai ri. Ça doit être moins chiant de te lire que d'assister au concert de Blonde Redhead...
Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire de "la complainte du phoque en Alaska" ? Là j'ai rien compris.

cglaume

cglaume le 09/03/2024 à 12:31:11

Ah ouais, dis, live report hyper vivant, une vraie leçon !!

Rafff1

Rafff1 le 27/03/2024 à 21:35:38

merci pour la lecture ! el gep bien vu j'ai oublié de mettre le lien de la chanson "la complainte du phoque en Alaska", et c'est le ressenti qu'elle a eu en entendant la chanteuse de BR sur le morceau indiqué !

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