Alkaloid - Liquid Anatomy

Chronique CD album (1:04:40)

chronique Alkaloid - Liquid Anatomy

Depuis la sortie de The Malkuth Grimoire, Alkaloid est l’un de ces noms que les amateurs de Death raffiné s’échangent avec des sourires entendus. D’ailleurs ceux qui ont découvert le groupe à l'occasion du crowdfunding organisé pour financer la sortie du premier album, bien avant que Season of Mist ne leur mette le grappin dessus, gagnent automatiquement 50 points de Talent, et profitent de la protection Bouclier du Savoir s’ils subissent une attaque de Troll dans une joute forumesque. Eh oui. C’est qu'il y en a du beau linge derrière ce patronyme qui sent fort la Classification périodique des éléments: Hannes Grossmann (batteur dont vous trouverez une partie du CV en lisant la chronique du dernier Howling Sycamore), Christian Münzner (au tableau de chasse encore plus rempli que celui d’Hannes, avec du Spawn of Possession et du Defeated Sanity dedans), Linus Klausenitzer, Danny Tunker et Morean. Et la musique proposée par ce quarteron de généraux du Death est à la hauteur de nos attentes crénom!

 

La musique donc, parlons-en. S'il n'est pas rare que les 2 premiers albums d'un groupe suivent des chemins sensiblement différents, ici ce n’est clairement pas le cas. Et ce n'est pas étonnant: vu le bagage de nos 5 mercenaires, nul besoin de passer un opus entier à se tester et se trouver. Les fondations stylistiques d’Alkaloid ont été posées dès The Malkuth Grimoire, et la description qui prévalait alors pour évoquer le riche canevas métallique tissé par le groupe reste ici 100% pertinente: les 8 nouveaux titres continuent d’arpenter les sentes de Lovecraftland au son d’un Techno-Death progressif faisant la synthèse du Death occulte et velu que certains des membres pratiquent au sein de Nader Sadek, du tricot expert d’un Cynic, et des ambiances progressives d’un Menace. La similitude de ton avec le premier album va d’ailleurs jusqu’à la présence du titre « As Decreed By Laws Unwritten », morceau Morbid Angelien qui rappelle aussi bien une version légèrement enGojira-ifié de « Where The Slime Live » que le « Cthulhu » de l’opus précédent. Derrière le micro on a toujours le droit à un mélange chaud-froid de growl de Grand Ancien et de chant clair pouvant aller du Thrash Prog jusqu’à un registre plus éthéré et robotique rappelant parfois Voivod, et souvent Menace.

 

Pas de changement vous dit-on: toujours la même orfèvrerie (quel que soit le plan, même le plus basique, le riffing et la batterie restent toujours extrêmement léchés), toujours la même volonté d’explorer des territoires nouveaux… Et toujours les mêmes défauts: une certaine goinfrerie, la difficulté à faire concis (cf. les quasi-20 minutes de « Rise of the Cephalopods »), et des passages parfois un peu trop « délicats » (le côté Bobo Prog sirupeusement Cynic-ien pourra rebrousser quelques poils).

 

Par contre les copains, la quantité phénoménale de frissons monstrueux que nous réserve ce 2e opus, mazette!! Ça commence dès les scintillements initiaux de « Kernel Panic », morceau qui par la suite recycle avec brio le riff principal du « Pinball Wizard » de The Who (Attendez que je vérifie: non, c’est bien Liquid Anatomy, pas Liquid Anal Tommy). Ça continue donc sur le rampant « As Decreed by Laws Unwritten » au déhanché merveilleusement maladif, et à la mosh-part dantesque (cf. à 5:01, que même qu’on croirait du Cannibal Corpse englué dans le pus). Ça ne fait que s’accentuer sur un « Azagthoth » au début tout brodé de méphitiques dentelles, et aux incantations guitaristiques fabuleuses (la terre tremble à partir de 2:27). Le passage des 4e et 5e titres se fait avec un peu moins d’étoiles dans les yeux, c’est vrai. Mais le voivodien « Interstellar Boredom » permet de reprendre du poil de la bête, notamment en fin de morceau, quand l’attente s’achève et que les comètes se mettent soudainement à bombarder les alentours. Enfin arrive la merveille des merveilles, « Chaos Theory and Practice », et son putain de groove monumental: bordel ce couple basse / growl à 0:35, je ne m’en remets pas! Alors c’est sûr, « Rise of the Cephalopods » est carrément too much. Mais crénom, vous avez entendu cette tuerie Techno-Thrash/Death qui démarre à 5:52? Et la fulgurance du sprint qui démarre à 7:07?  Et vous voudriez que je crache dans la soupe?

No way!

 

En résumé, Alkaloid reste Alkaloid, avec ses nombreuses qualités et ses quelques défauts. Si comme moi vous aviez apprécié The Malkuth Grimoire, Liquid Anatomy va vous offrir une heure généreusement truffée de moments de bonheur intense. Avec au final l’impression que cette 2e expérience est encore un peu meilleure que la première. Alors écoutez Yog Lapinsoth, et laissez-vous liquéfier la carcasse pour le plus grand bénéfice de vos oreilles!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: sur Liquid Anatomy, le département R&D « Tech-Death progressif & plus si affinités » des Laboratoires Alkaloid accouche à nouveau d’une œuvre magistrale, ciselée comme un diamant, osée, à la fois complexe et sexy, mais souffrant par contre – cette fois encore! – d’un certain manque d’esprit de synthèse. M’enfin ce reproche n’est plus gênant qu’à la marge, et dans les faits ce 2e opus arrive à faire encore mieux que son prédécesseur.

photo de Cglaume
le 31/07/2018

5 COMMENTAIRES

dayedayedaye

dayedayedaye le 31/07/2018 à 19:44:51

Hello , merci pour la chronique et surtout merci pour la découverte !
Wow quel album !!
Certains passages m'ont fait penser a du Between the buried and me .
Vraiment tres bon !!

cglaume

cglaume le 31/07/2018 à 22:20:56

Écoute aussi le précédent qui est de la même trempe !!

dayedayedaye

dayedayedaye le 01/08/2018 à 18:12:29

@cglaume : ecoute en cours je te remercie je suis fan !

SAMM

SAMM le 09/09/2018 à 11:59:21

grosse découverte du jour !

cglaume

cglaume le 09/09/2018 à 13:41:54

Juteux isn't it ? :)

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