Bodyfarm - Dreadlord

Chronique CD album (40:25)

chronique Bodyfarm - Dreadlord

Dans les mags et sur certains sites, pour les albums controversés vous trouvez parfois une chronique POUR et une chronique CONTRE.

Sur CoreAndCo, hop, contre-pied: on vous propose deux chroniques partageant exactement le même avis.

Ici c'est donc deux chros pour le prix d'une, avec tout d'abord l'avis de Cromy, puis le post-scriptum de Cglaume

 

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« Bon alors c’est bien joli tout ça, mais les forces en présence étaient sensiblement les mêmes, il y a 4 ans, sur l’album précédent… Et ça ne nous avait pour autant pas mis le feu aux rognons. Pourquoi donc cela se passerait-il différemment cette fois-ci? »

 

P'tain vl'à qu'à force de groniquer toujours eul même genre de croupes, j'en viens à plagier la star de vo'te site préférée et accessoirement journalisteuh dans un magazine, un vrai, vendu dans la presse, locale, nationale voire abdominale.

Ben moué, j'vais le détromper eul Parisien, avec mon accent de provincial. A l'écrit c'est moins facile.

Sûr.

Et oui, Bodyfarm, que c'est pas toujours pareil. La preuve : sont trois maintenant, les Hollandais. Mais une fourche reste une fourche, on ne brasse pas la pâte à crêpe avec. (Pas le choix en fait pour le combo. On me souffle dans l'oreillette que le leader du groupe, chant/guitare, Thomas Wouters est décédé de cette salope de crabe, après l'enregistrement de la plaque.)

Ah ben, fais moins eul malin le gars, ami de tous les groupes de nawak d'ici, à la Garonne, quand ça cause de manœuvre à la Philippe.

Alors, pour pondre une feuille de chou sur un combo qui vous les mettent en rideau, les feuilles, pas besoin d'avoir ses entrées dans le grotha du catin.

Comme dirait le p'tit Gregory : avec les mecs de Bodyfarm, l'affaire est dans le sac.

 

Du oldskull baby, c'est du oldskull qu'il nous faut !

Bon, Bodyfarm ne roule pas en Merco mais plutôt en moissonneuse batteuse. Brassant des riffs entendus 96 852,56 fois ailleurs, les Hollandais privilégient l'efficacité façon énervée. Le tempo est donc souvent élevé.

En mode Punk car c'est bien des fois de dire « punk » dans une chronique de Metal, parfois.

On sortira aussi Asphyx et Dismember, comme d'hab Brozer, pour la crédibilité comme Massey Ferguson dans un concours de tracteurs. Et on oublie pas Unleashed sur le morceau d'ouverture éponyme. Une touche mélodique à la early Amon Amarth sur un "We Sailed To Death" et "Unholy Ressurection" passe un coup de lustre pas crado aussi.

On patauge donc dans le fumier suédois au pays du gouda.

Par contre, non des gueux, avec "Eternal", on se retrouve dans une espèce de truc à la Jeux Interdits. On aurait préféré être dans Jeux d'Enfant avec Chucky. L'énorme faute d'égout de la plaque.

 

Wouters peut être fier d'où il se trouve actuellement car Dreadlord s'apprécie sans modération pour ce qu'il est : une déclaration d'amour à un genre tout entier.

 

 

Crom-Cruach

 

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Bodyfarm figure parmi ces formations qui ne nous ont jamais vraiment permis d’accéder au Nirvana en passant par la grande porte, mais pour lesquelles on éprouve beaucoup de sympathie et qu’on retrouve à chaque fois avec plaisir. Et pas seulement parce qu’on apprécie également d’y passer parfois, par la petite porte (… sous-entendus? bien entendu!). Un peu comme Revel in Flesh, le Illdisposed des 10 dernières années, ou l’ensemble des projets de Mr Rogga Johansson. Alors à l’annonce de la sortie de Dreadlord, hop: concertation avec Cromy pour savoir qui fait quoi, et zou, à fond le gros son pour un méga boxon dans le salon!!

 

Enfin je dis ça mais avant de réellement plonger dans ce 4e album, il y eut un petit moment hésitation & froids frissons. Parce que les dernières nouvelles en provenance d’Utrecht – QG des Beaux Difformes – étaient plus de nature à nous faire allumer un cierge qu’un feu de joie. Jugez plutôt: au revoir Cyclone Empire, le label des débuts, qui leur allait aussi bien au teint que W9 à celui des Marseillais, pour atterrir chez No Dust Records, un label sans doute tenu par des gens très bien, mais à la notoriété et la longévité bien moindres. Et au revoir Thomas Wouters, le chanteur / guitariste de toujours, broyé dans les impitoyables pinces de ce satané crabe.

 

… Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur Body-farm?

 

Mais non, il en faut manifestement plus aux Hollandais pour les arrêter dans leur course. Et ceux-ci de continuer à se produire en concert (avec, pour remplacer Thomas, David Kreft, habituellement dans Soulburn) et à défendre leur dernier né. Et le groupe d’être manifestement remonté à bloc. Car Dreadlord est comme la marionnette de Jean Alési (jeune, tu ne vas pas saisir la référence): toujours à-fond-à-fond-à-fond! Rares sont les moments où l’on peut descendre de cheval pour boire l’hypocras à la gourde, les petons abandonnés aux chaudes caresses du feu de camp. L’allure moyenne sur ces 11 morceaux c’est la bride abattue, la poignée en coin, le champignon écrasé sous le sabot, les yeux plissés pour éviter de se faire mordre trop fort les globes par ce crénom de sacré blizzard. D’ailleurs si le growl de Thomas et les pectoraux des zigotos n’étaient pas si marqués du sceau du Death à la suédoise (attention: on ne cause pas Swedeath ici), on pourrait croire qu’on est tombé sur l’enregistrement oublié d’un improbable Storm of the Light's Bane 2 (cf. Dissection). Brasier et flocons rageurs. C’est qu’elles se perdent parfois sous le givre ces guitares! Sauf que pendant ces folles cavalcades, on sent à côté de nous la présence de l’Esprit des Noëls Passés. Enfin: LES esprits. Ceux des vieux Edge of Sanity furieux, ceux des Hypocrisy sourcils froncés, ceux des Decameron fulminants, ceux des Amon Amarth pré-waltdisneyisation, ceux des Godgory solennels… Et on se remémore cette période où les profondes mélodies brûlantes n’empêchaient nullement de déclencher l’apocalypse parmi les rangs ennemis en invoquant des démons oubliés.

 

Alors certains fustigeront une trop grande homogénéité de l’allure, du riffing et des atmosphères. C’pas faux dirait l’autre. Un peu comme sur un bon album de Bolt Thrower ou d’AC/DC. D’ailleurs laissons ceux que ça gêne sortir de la salle… Ce qu’on regrettera plus par contre, c’est une petite baisse de régime en milieu de course, sur un « We Sailed To Death » aux accents épiques un peu trop téléphonés, ainsi que sur l’interlude « Eternal », tout aussi ultra-classique. Dernière mini-crispation: on a un peu mauvaise le fait que l’excellent final « Undead Warmachine » tire une grande partie de son attrait d’un riff extrait note pour note d’un ancien album sur-lequel-nom-de-dieu-je-n’arrive-pas-à-refoutre-le doigt. Sinon la chose n’est qu’extases et phalanges engourdies par le froid, ivresse des montées d’adrénaline guerrières et sang chaud le long des cuisses (qui a dit « à l’intérieur »?). Le pur-sang du diable lancé sur le morceau-titre fait exploser les radars routiers. Le passage à la vitesse supérieure et les fabuleuses twin qui surgissent à partir de 3:30 sur « Woods of Dismay » subliment la notion de carnage-éclair. Et la basse vrombissante qui, au début de « Faces of Death », annonce le déferlement imminent d’un bataillon d’iroquois sur le champ de bataille entretient une tradition maintenue album après album (cf. « Storming Revolution » sur Battle Breed, « Unbroken » sur The Coming Scourge…).

 

Conclusion? « A l’assauuuuuuuuuuuuuuut!!! »

 

 

PS: au générique de fin on remarquera Dan Seagrave à l’artwork, et Dan Swanö au mix et au mastering…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: tout le temps à blinde, en mode petit-cousin Death de Dissection. Ça peut suffire pour décrire Dreadlord, même s’il ne faut pas laisser croire que les ailes noires du Black Metal ont poussé dans le dos des Hollandais. Non, ce 4e album continue à parcourir – l’écume aux lèvres – l’arbre généalogique du Death mélo-virulent from Sweden à la Edge of Sanity / Hypocrisy / Decameron, en mettant bien l’accent sur les blasts cavaleurs et les riffs sprinteurs.

 

 

 

Cglaume

le 28/10/2019

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 28/10/2019 à 10:20:46

"un bon album de Bolt Thrower": ça sous-entend qu'il y en a des mauvais ??

cglaume

cglaume le 28/10/2019 à 11:26:57

Cromy, pourfendeur de pléonasmes :D

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