Cortez - No more conqueror

Chronique CD album (51:00)

chronique Cortez - No more conqueror

Plus une parole est rare, plus elle est précieuse. 
Mais elle est aussi très attendue.
Une attente exacerbée par les réussites que furent Initial (2005) et Phoebus (2013)...

La parole de No more conqueror, elle, laisse sans voix.

 

Du passé, Cortez fait (presque) table-rase.
Treize années séparent Initial de cet album. Entre temps Cortez a changé, les hommes ont évolué, le son aussi, le monde n'est plus le même.
Le rapport que l'on peut avoir avec ce disque est donc totalement différent de celui de ses aînés.

No more conqueror est violent, intense, comme ses prédécesseurs. Mais celui-ci est surtout agressif. On se fait engueuler pendant 37 minutes frénétiques.
Le souffle est coupé, les mots ne sortent pas.
Vraiment. Ce n'est en rien l'exagération d'un chroniqueur mal inspiré mais l'effet d'une brutalité sans limite...mais maîtrisée et calculée.

 

Des mots aux maux 

 

La question des mots est centrale dans la musique de Cortez. Bien plus qu'elle ne l'a jamais été.

Il y a d'abord le ton. Pas une seconde de douceur, pas une seconde de répit. Cet album est bavard, hurleur et passionnant à suivre, chaque titre est une épopée contée avec une interprétation qui prend les tripes.
On se sent tiré par le col avec un chanteur hargneux qui crache ses paroles à deux centimètres du nez. 
Haletant.

C'est toute l'écriture du chant qui a totalement changé.
Il y a bien quelques titres comme "Abordes of hail season" qui ont une approche plus classique dans la délivrance des mots, mais plusieurs pistes sont remarquables pour la "mélodie criarde" qui se dessine au fil des phrases (les excellentes lignes sur "Ante dias dos deuses de ontem").
Les moments les plus marquants sont surtout ceux durant lesquels les mots sont martelés ("In albis"), assenés. Quelques phrases deviennent presque des slogans à force de répétition convaincues (l'énorme lancement de "Seven past forever").
Après quelques écoutes, on se surprend même à accompagner le gueulard les dents serrées, les poings fermés. La chose est un peu moins vraie quand sur "Duende" la ligne de chant est trop courte pour le nombre de syllabes. C'est là l'unique faute de goût d'une prestation cinq étoiles...au ton acerbe mais, paradoxalement, agréable et facile à suivre.
La qualité d'avoir un propos clair rend l'attaque de ce disque encore plus frontale et exacerbe sa virulence.

 

Pourtant, sans la musique, les mots seraient bien creux. Avec un abord autrement intense, beaucoup plus direct, avec une recherche d'ambiance plus changeante que sur les deux albums précédents, le trio se veut plus sec et moins "grésillant", hormis peut-être dans le ventre mou de l'album. Cela ne l'empêche pas d'être aussi diversifié que cohérent de bout en bout.
Les temps de respiration sont rares (la courte intro d'"According to Claude Bernard") mais la clarté de la prod permet de mieux apprécier le déluge sonore qui nous tombe dessus. C'est propre, c'est net, sans être clinique, ni manquer de chaleur : on a un son aussi brut que travaillé.

 

Ce troisième album de Cortez est sans doute ce qui s'est fait de mieux dans le genre cette année. Les vociférations au micro, la concision des morceaux (pas de fioritures / la majorité des titres font moins de 3:30min / les plus longs ne se perdent pas), un trio instrumental hyper inspiré qui décline de dix façons différentes l'art de coller une branlée musicale.

photo de Tookie
le 08/11/2018

5 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 08/11/2018 à 09:10:45

énorme album, tout simplement. Grosse baffe de cette fin d'année.

knut

knut le 08/11/2018 à 15:24:18

Bon. Je boudais le nouveau chanteur car pour moi JR portait Cortez, mais tu m'as donné envie d'aller écouter quand même. J'arrête mon boudin.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 10/11/2018 à 13:45:23

Hey ! c'est pas mal.

gulo gulo

gulo gulo le 10/11/2018 à 20:58:53

Sur disque, ça m'assomme un peu cette nouvelle orientation ultra-drue, mais alors live, quelle ivresse !

Dams

Dams le 26/01/2019 à 10:13:02

Découvert récemment par hasard et ça tourne en boucle depuis. Les suisses ont un truc, c'est clair !

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