Raven Throne - Viartannie (Chroniki Źmiainaj Ciemry) / The Return (The Chronicles of the Serpent Darkness)

Chronique CD album (39:14)

chronique Raven Throne - Viartannie (Chroniki Źmiainaj Ciemry) / The Return (The Chronicles of the Serpent Darkness)

Raven Throne, vous connaissez ? Il est fort probable que vous ignoriez jusqu'à l'existence de ce groupe originaire du nord de la Biélorussie, formé en 2004, à moins que vous ayez réussi à les capter au cours d’une de leurs rares tournées européennes avec Rotting Christ ou Forgotten Tomb. Or, avec le p’tit dernier Viartannie (Chroniki Źmiainaj Ciemry) – en anglais The Return (The Chronicles of the Serpent Darkness) – voilà que Raven Throne peut se targuer d’avoir dorénavant derrière lui pas moins de sept albums et une tripotée de rejetons (des demos, singles, splits et même une compilation) ! Aux manettes, on ne trouve que deux musicos : Chernotur à la guitare et War Head pour tout le reste (chant, basse, programming). Le truc bizarre est qu’en live ce duo devient quartet, visible d’ailleurs dans les diverses vidéos, avec une véritable batterie sur scène et surtout War Head qui lâche le chant. Autant dire que des écarts significatifs sont à attendre entre le studio et la scène !

 

Mais revenons à cette galette réfrigérée… Qu’écrire sur le dernier opus de ces Biélorusses ? Si ce n’est que l’on se prend en pleine face durant 40 minutes une bise polaire, qui saisit l’échine tant l’atmosphère glacial de ce Black atmosphérique regorge d’effets élaborés et de compositions qualitatives. L’écoute de Viartannie (Chroniki Źmiainaj Ciemry) a provoqué chez moi les mêmes sentiments, dégagé les mêmes impressions que la vue apaisante et saisissante des tableaux qui se délectent de la richesse et de la beauté des paysages d’hiver, à l’instar de ceux créés au cours du 19e siècle par un Caspar David Friedrich (Paysage d’Hiver, 1811), un Johan Christian Dahl (Paysage d’hiver à Vordingborg, 1829) ou encore un Paul Gauguin (Neige à Vaugirard, 1879). Par les notes ou les pinceaux, on y retrouve la même lumière hivernale grisâtre, la même pâleur et tristesse romantiques, la même quête de mysticisme ("Spyni serca vosieni").

 

Caspar David Friedrich, Dolmen sous la neige (1807)

 

En fait, je ne me suis pas pelé les meules à ce point à l’écoute d’un album depuis At The Heart Of Winter d’Immortal. Raven Throne n’atteint pas son glorieux aïeul, mais tente toutefois de s’en approcher, dès les premiers instants de "Zaklaćcie", mais aussi avec "Niabačnyja nici zimy". Dans le même temps, les Biélorusses n’oublient pas de se faire plus percutants et agressifs avec un "Viartańnie" et un "Miortvaja spadčyna" plus Black’n’roll.

 

Capture du clip vidéo "U dałoniach zimy"

 

À y écouter de plus près, seule la batterie programmée dénature peut-être cet ensemble bien ciselé. Elle est ainsi trop grossière sur "Zaklaćcie" et "Niabačnyja nici zimy", maladroitement exploitée sur " Uładar ściužy" et, à rebours, fort bien placée sur "Viartańnie". Quoiqu’il en soit, son usage aurait pu donner un résultat final bien plus artificiel et délétère. Pour preuve : en dépit de la présence de ces lignes rythmiques programmées, le dernier morceau est le point culminant de ce 7e album. On y saisit toute la gravité et toute l’immobilité voulues par Raven Throne dans son Black Metal glacial. La simplicité déconcertante et la lancinance hypnotique de "U dałoniach zimy", magnifiées par la voix d’outre-tombe de War Head, sont juste scotchantes, sublimes, au point d’être pour l’heure mon morceau Black de l’année 2020, rejoignant ainsi "Raising Barrows" d’Hegemone (2018) et "Sanguinem" de Mephorash (2019). Une telle froideur, presque contemplative et spirituelle, se dégage de cet épilogue qu’il a tourné en boucle pendant des jours, pendant des semaines même, en espérant que ce titre puisse à lui seul lutter contre la torpeur estivale. Efforts louables vous me direz, mais vains malheureusement…

 

 

 

photo de Seisachtheion
le 28/09/2020

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