Die Apokalyptischen Reiter - Tief.Tiefer

Chronique CD album (1:15:19)

chronique Die Apokalyptischen Reiter - Tief.Tiefer

« Ils desceeeeendent deuh la montagneuh à cheuh-val…! »

 

…Et ça fait bientôt 20 ans que ça dure! 20 ans et à présent 9 albums que ces joyeux Compact Disc Jockeys de l’Apocalypse hennissent leur metal loufdingue depuis l’autre côté du Rhin. Enfin quand je dis 9: on pourrait dire 10, parce que Tief.Tiefer (autrement dit « Profond. Plus profond », amis de la gynéco-spéléologie germanique, bonsoir) est en fait un double album. D’ailleurs bordel: qu’est-ce qu’ils ont tous en ce moment avec les doublettes discographiques? Parce qu’entre le The Living Infinite de Soilwork, le Casualties of Cool de Devin Townsend et le présent opus, on a un peu l’impression que les muses de la metalosphère carburent à l'EPO ces derniers temps! Et ça ne serait pas un problème si le résultat était à chaque fois du niveau du petit dernier de la bande à Björn Strid. Sauf que…

 

Genre, le mec qui passe à la ligne pour entretenir le suspense. N’importe quoi...

 

...Sauf que l’exercice du double album à la mode Die Apokalyptischen Reiter, bah c’est pas forcément 20 titres tirés en plein dans le mille de la cible de notre petit cœur de rocker. Eh non. Mais avant de causer grandeur et décadence du metal joué à dos de canasson teuton, causons contexte, style, décors et toutes ces choses.

 

Il y a de grosses poignées d’années de ça – genre en 2000, à l’époque de All You Need Is Love pour vous causer de ce que je maîtrise le mieux –, les allemands dont il est ici question pratiquaient un black/death symphonique complètement décalé, franchement peu soucieux des règles tacites spécifiques au genre. Bref, on était à la limite du nawak black metal. Et youpla! Puis, au fil des années, la popote du groupe s’est faite de moins en moins extrême, de plus en plus melting-potesque, et de plus en plus imprégnée d’une esthétique germanisante – ne serait-ce que par l’emploi quasi-systématique de la langue de Rammstein. Tout ceci pour arriver, en l’an de grâce 2014, au présent étalage musical aussi insouciant de l’orthodoxie métallique que globalement peu cohérent. Quoiqu'ici les torchons aseptisés (en fait des reprises édulcorées de "vieilles compos") et les serviettes encore un peu couillues soient proposés chacun dans leur paquet cadeau respectif, les premiers au sein de Tiefer, et les seconds dans le giron de Tief. On aura d'ailleurs du mal à vous en causer autrement qu’en abordant les 2 séparément.

 

Tief donc, pour commencer. C’est sans doute la galette qui vous en donnera le plus pour votre argent. A condition toutefois de ne pas attendre un album homogène au niveau des genres abordés, des atmosphères développées, ni de la qualité. Et à condition de ne pas non plus craindre le kitch, ni les néons de grande surface... Tu la sens ma grosse sueur froide, dis? Mais attendez donc que je vous raconte l’imbroglio par le menu. C’est sur un grand 8 endocrinien que nous convie Die Apokalyptischen Reiter. Et le voyage commence au top avec « Freiheit Gleichheit Brüderlichkeit » (Liberté Egalité Fraternité? Tiens donc...), gros tube d’indus martial EBMisant carrément carton rappelant un peu Rammstein ainsi que le dernier Die Krupps (on va dire). Tellement carton que le groupe a sélectionné la bête pour en faire son 1er clip. Puis ça continue très fort dans le metal froid mais catchy avec un « Wir » démarrant sur une embardée Pronguesque particulièrement enjouée. Et le morceau de se dérouler au son d’un Tanz Metal joufflu et synthétique évoquant également Kong.

 

Mais tout ça, bien sûr, c’était avant le drame…

 

Drame qui, dès les premières notes de « Wo Es Dich Gibt », prend les traits d’un synthé fluo à ce point « roudoudou » qu’on a direct’ envie de tirer sur le pianiste. D’autant que la chose baigne dans le chant clair "tout-meugnon" et les beatounets électro. Certes, les bougres réussissent à rendre la chose accrocheuse, m’enfin ça ne décolle pas du niveau d’un The Bunny The Bear. Aargh, ça colle aux dents maman!! Puis, comme le petit tube metal / rock barbelé carrément radio-isable « Was Bleibt Bin Ich » réussit à redresser la barre, on est tenté d’oublier l’affront précédent. Sauf que « Ein Leichtes Mädchen » nous remet violemment le nez dans le piano / guimauve de centre commercial (… avec, certes, LE riff black de l’album, tout au fond, lors du refrain). Sauf que « Ein Vöglein », quoique plus respectable, nous maintient dans une ambiance très « La Leçon de Piano ». Sauf que « Es Wird Nacht » fait dans la grosse berceuse / soupe au synthé. Sauf que le bon petit riff de « Die Warheit » se fait tout engélifier dans le sucre au moment du refrain. Sauf que « 2 Teufel », dont le début est certes tout à fait potable, sombre in fine dans le potage-au-désespoir (...ô vieillesse ennemie...). Ce n’est qu’en toute fin de ce premier volet que les choses se remettent finalement à scintiller agréablement. Tout d’abord avec le très System Of A Downien « Die Welt Ist Tief », pas avare en joyeux Lalalaï-aï-aï. Puis sur un « So Fern » pas exempt de défauts, mais au bilan plutôt positif.

 

Sur Tiefer, la messe est dite encore bien plus vite. Mais on n’en est pas tout de suite conscient. Car lors des 3 premiers titres, on a juste l’impression que le groupe a laissé son costume Metal au vestiaire, sans pour autant proposer de la merde en boîte (ce constat restant relatif, et fonction de votre sensibilité musicale et de votre ouverture d’esprit). En effet, « Die Zeit » (hop, clip dispo ici) est un bon petit tube de rock acoustique à la Red Hot Chili Pepper dernière mouture, le genre qui pourrait cartonner sur Ouï FM ou RTL 2. « Der Weg » est un poil plus funky, un poil plus enlevé, mais reste du même tonneau. Et le grand écart soudain proposé sur « Friede Sei Mit Dir » réussit encore à marquer des points grâce à son registre « Epic Happy Folky Powerful metal / rock cuivré » (j'entérine officiellement l'existence de ce style). Jusque-là, on ne met pas trop à contribution les muscles du sphincter. Sauf que le reste n’est plus que miaou-miaou-bisou-bisous, horreur en couches épaisses de synthé (« Flieg Mein Hertz »), sentimental song pour ascenseur suicidaire (« Das Paradies »), sympho-variétoche pour public de « Vivement Dimanche » (« Die Leidenschaft ») et autres mises en musique d’histoires-à-faire-peur soporifiques (« Der Wahnsinn » & co). C’est tout juste si les germano-bretonneries d’« Auf Die Liebe » réussissent à nous éviter le tailladage de veines. On n’en revient pas qu’une telle coulée de verveine menthe tiédasse puisse sortir des sillons d’un CD estampillé Nuclear Blast, même quand on sait qu'il s’agit là de versions acoustiques de vieux titres issus de Have A Nice Trip, Samurai & co. 

 

Là c'est manifeste: nos amis connaissent aussi peu l'auto-censure que la bienséance…

 

Si j’ai un conseil à glisser aux amateurs de musiques « plutôt métalliques » et enjouées: récupérez « Freiheit Gleichheit Brüderlichkeit », « Wir », « Was Bleibt Bin Ich » et « Die Welt Ist Tief » par les moyens qui vous sembleront les plus opportuns, et ajoutez également « Die Zeit », « Der Weg » et « Friede Sei Mit Dir » si vous n’avez pas absolument besoin d’une grosse disto’ poilue pour atteindre le 7e ciel. En vous concentrant sur ces quelques compos, vous aurez l’impression que Die Apokalyptischen Reiter nous a proposé un putain de bon petit EP bien enthousiasmant – bien qu’enclin à faire de drôles de grands écarts stylistiques. Les autres, oubliez jusqu’à l’existence de cette sortie, vous risqueriez de vouloir reconstruire la ligne Maginot…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Tief.Tiefer est un double album qui a tout ce qu’il faut où il faut pour vous hérisser le poil. Et pas de plaisir, hein. Car si le volet (plutôt) métallique Tief contient presqu’autant de bonnes choses variées (entre EBM martial, Prongueries sympathiques, System Of A Downeries…) que d’horreurs à synthé électro-avarié, le volet varièt’-rock Tiefer ne vous ménagera que le temps des 3 premiers morceaux avant de déverser sur vous des tombereaux de barbe-à-papa liquide dans le but évident de vous transformer en public-type des Chiffres et des Lettres.

photo de Cglaume
le 15/07/2014

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