Dirty Shirt - FolkCore DeTour

Chronique CD album

chronique Dirty Shirt - FolkCore DeTour

La Musique: sans doute l’art qui gratouille le plus directement et le plus intensément en cet endroit profondément enfoui où l'en est vraiment soi, tout nu...

 

Ouaip, ça commence un peu dans le pompeux cette chronique. C’est que j’écris avec des restes de chair de poule sur les bras. Vous savez ce que c’est quand on se laisse hâper par un album… Pour peu qu'il soit ciselé par des artistes talentueux, qu'il exprime des émotions en phase avec l'humeur du moment, et qu'il parle un langage adapté aux oreilles de l'auditeur, un disque peut emmener ce dernier en des endroits où seuls les drogues et le sexe peuvent normalement conduire. D'où cette passion tenace qui nous dévore, ici à la rédac', et toi de l'autre côté de l'écran. Mais ce que certains jouisseurs de salon oublient souvent – moi inclus, qui n'écoute que trop peu d'albums live – c'est à quel point l'intensité des sensations provoquées par la musique peut être décuplée lors d'un concert réussi. Et combien l'expérience peut parfois être parfaitement retranscrite sur CD / DVD. Il y a 5 ans, le Retinal Circus de Devin Townsend avait déjà constitué un efficace rappel à l'ordre. Mais pas aussi puissant que le FolkCore DeTour qui vient illuminer ce mois de février.

 

La présente chronique pourrait presque se cantonner à ce simple constat: à chacun des 2 visionnages du concert effectués préalablement à l'écriture de ce papier (… plus encore que lors des nombreuses écoutes des pistes audio), j'ai ressenti ce trouble intense qu'évoquait Margoth lors de son live report du concert d'Igorrr... « De quoi qu’il cause le monsieur ? » D’une irrépressible envie d'ouvrir grand le robinet lacrymal – comme une putain de madeleine, oui – causée par le poids de cette avalanche d'émotions positives qui fait subir au sternum une pression plus forte que de raison. Un état sans doute comparable au fameux "Syndrome de Stendhal", quand les sens sont saturés d'un plaisir dont la nature est plus transcendante que les habituelles "satisfactions terrestres".

 

Arf, ça y est, je repars dans le lyrique ampoulé… Mais bordel: il faut bien s'appliquer à décrire le plus fidèlement possible ce que l’on ressent quand on fait ce « job », non?

 

Du coup, même si je n'aime pas plus que ça me sentir comme une jouvencelle devant son premier visionnage de Titanic, pour ce violent shoot d’émotions fortes: MERCI DIRTY SHIRT!

 

Mais redevenons "pro", et décrivons plus factuellement ce que propose FolkCore DeTour. Cet album / DVD live reprend la prestation bucarestoise que le groupe a donnée en compagnie de l'Ensemble National Folklorique de Transylvanie sur la tournée de 6 dates effectuée l'année dernière à travers la Roumanie. Une heure et demie de concert, 11 musiciens "tradi" (5 violons, un accordéon, un țambal, des flutiaux variés...), 2 choristes, un préposé aux percussions, plus la "petite dizaine" de membres du groupe: une orgie de moyens célébrée par un public nombreux et conquis. Une symbiose exceptionnelle entre un Metal puissant et viscéral – mélange d'efficacité Néo et de poussées "extrêmes" généreuses en mosheries sismiques – et une musique traditionnelle roumaine aussi riche en trémolos vibrants que vectrice d'une joie de vivre débordante. Sans oublier un insolent groove funky et quelques ingénieuses injections Electro. Bref: une Fusion multi-facettes dont on ne voit pas comment elle pourrait être meilleure.

 

FolkCore DeTour, vu depuis la lorgnette "setlistesque", ce sont vingt titres qui couvrent quasi-intégralement Dirtylicious (exception faite de « Balkanique », qui n’est que survolé), visitent une petite moitié de Freak Show, et permettent de découvrir le potentiel de Same Shirt, Different Day – ceci via 2 titres qui ne dénotent en aucune façon, le groupe n’ayant pourtant pas fait dans la facilité puisque « Pitbull » ne répond pas à l'appel. Restent 3 morceaux "classiques" (Enescu, Brahms...) pendant lesquels le groupe se met en retrait pour laisser batifoler ses compères à T-shirts propres. Côté planches, Robi, Rini et leurs amis s'ébattent devant un orchestre aligné sur toute la longueur de la scène, Vlad restant seul au fond, enfermé dans sa cage de plexiglas – sans doute pour limiter les dégâts infligés aux oreilles des musiciens alentours. Les visages n’affichent que sourires et plaisir manifeste de faire la fête… Ceci étant vrai pour l’ensemble des participants car, malgré une réserve plus grande que les chevelus à T-shirt sales, les zicos tradi' eux aussi donnent l’impression de bien s’amuser – sans parler de ce violoniste manifestement métalleux qui, dès qu’il lâche son instrument, dénote au milieu de ses collègues en malmenant durement ses cervicales!

 

Dire qu'il aura fallu une campagne de crowdfunding pour financer ce projet, et que jusqu'à cet album le groupe était sans véritable distribution hors de Roumanie... Merci Apathia d'avoir mis fin à cette consternante situation! Merci les Dirty Shirt de nous avoir offert un témoignage aussi jouissif de ce que vous savez faire sur les planches – c’est que l’espace qui vous était alloué au Gambetta Club et au Klub (oui, je suis parisien) était indigne de vous! Et avis à la population: que ceux qui voudraient vivre l’expérience grandeur nature notent dans leur agenda que le groupe donnera bientôt un nouveau concert dans la même configuration, le 31 mars à Bucarest. Ce sera l'occasion ou jamais d’aller explorer ce pays qui – plus d’excuse pour l’ignorer – abrite tellement plus que le souvenir de Vlad l’Empaleur et du comte Dirty Racula…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: un putain de best of, voilà ce qu’est FolkCore DeTour. Une compil' d’autant plus exceptionnelle qu’elle est boostée par l’énergie du live et par un orchestre traditionnel d’une douzaine de musiciens. Autant vous prévenir quand même: si vous sortez de la même chaîne de montage que le lapin jaune, préparez-vous à des vagues de doux frissons et à quelques grosses boules d'irrépressibles sanglots coincées dans la gorge! L'émotion, le plaisir, tout ça...

photo de Cglaume
le 15/02/2018

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 18/02/2018 à 14:32:46

Excellente pochette également.

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