Dirty Shirt - Freak Show
Chronique CD album (37:16)

- Style
Melting-Pot Balkan Indus Youpi metal - Label(s)
Autoproduction - Sortie
2013 - Lieu d'enregistrement LowBass Studio
- écouter via bandcamp
Mazette, c’est la saison des grandes tartes dans la tronche et on ne m'avait pas prévenu!? Ou alors peut-être y a-t-il des promos monstres sur les packs "génie, audace & puissance" en ce moment, dans les rayons des supérettes est-européennes? Ou bien c’est Tchernobyl qui commence à révéler des aspects positifs inattendus à long terme? Parce qu’après la tornade joyeuse des russophones Russkaja, voilà débarquer la pétillante tempête des roumains de Dirty Shirt. Même violent croche-patte par surprise, même pêche hyper-vitaminée, même éclat de rire toutes dents dehors, et même chute sur le cul pour l’auditeur. Il fait sacrément chaud dites donc en cette fin d'hiver 2013, et ce ne sont pas quelques malheureuses brouettes de flocons qui risquent d’infléchir cette sensation (oui, cette chronique moisit en base depuis trop longtemps...)!
Mais ne faisons pas trop vite des jumeaux des 2 groupes précités. Car Russkaja possède un champ d’expression beaucoup plus ciblé que Dirty Shirt. De ce point de vue, les partisans extrémistes de la cohérence et de l’homogénéité-à-tout-prix préféreront sans doute la démarche des austro-ukraino-russes qui cantonnent leurs cabrioles entre folklore slave métallisé et ragga/ska ensoleillé... Alors que les maillots crados, eux, naviguent beaucoup plus à vue, au gré de leurs humeurs, la dimension "folklore balkanique" se concentrant principalement sur 4 titres: le merveilleux « Bad Apple », le tubesque et pluriel « Freak Show », le sombre « Saraca Inima me » (et encore: ici on pourrait presque en faire abstraction…) et l’énorme reprise de « Rocks Off » (l’original étant à mettre au compte de Daniel Bedingfield). C’est finalement presque plus sur la facilité apparente qu’ont les 2 groupes à écrire des tubes qui nous donnent envie de nous secouer la couenne qu’il faudrait dresser un parallèle.
Mais penchons-nous quelques instants sur le CV de ces pas-si-nouveaux-venus-que-cela – que ceux que les bios gavent passent directement au chapitre suivant. « Pas si nouveau que ça » parce qu’en effet, le groupe s’est créé en 1995, à Seini – dont l’office du tourisme n’a manifestement pas beaucoup d’antennes à l’intérieur de l’Hexagone! Très vite le groupe a mélangé toutes les sortes de metal qui lui font se dresser les poils tout droit sur les avant-bras. Très vite également le groupe est parti mettre le boxon sur scène. La sauce a rapidement pris à l’échelle nationale, d’où l’enregistrement d’une démo, puis d’un 1er album… Jusqu’à ce que ces prometteurs premiers pas n'aboutissent à un long break pour raisons personnelles. Mais la sauce reprend en 2004, alors que le groupe s’est éparpillé un peu partout en Europe – dont la France, où se trouve Mihai, guitariste et homme-orchestre en chef. Plusieurs démos permettent de réorienter leur musique vers plus d’indus, de hardcore (ah bon? C'est eux qui le disent en tous cas...) et de tout plein d’éléments inattendus qui les emmènent aux frontières de la classification « nawak ». L’activité live reprend alors bon train, suivie de l’enregistrement d’un 2nd album (masterisé par Alan Douches siouplait…), puis de la réalisation d’un DVD et de 3 clips. Ne manquait plus qu’à arriver à élargir son public dans des proportions plus importantes encore… Et quoi de mieux que Freak Show –3e album pas avare en coups-de-pied au derche jubilatoires – pour atteindre cet objectif?
La matière première de ce nouvel opus, c’est donc un mix de sonorités exotiques (dont les Balkans ne constituent qu’une étape du voyage), de metal sévèrement saccadé – pas djent hein, mais tendant plutôt vers le « cyber » et l’indus light, entre Sybreed, Fear Factory et Punish Yourself – et d’apports synthélectro sympathiquement « move your body ». Non non, ce n'est pas le bordel, au contraire: le résultat est carrément plein de vie et d’accroche... Et de couleurs variées aussi. Pour que vous puissiez "visualiser" la chose, imaginez que « Ride » part sur des percus World africaines, puis continue dans le folk metal épique et le Sybreed version dance floor. Le bondissant « Bad Apples » allie folklore violoneux, indus joyeux et parties nettement plus arabisantes, sans parler d’un grunt de bon alois et d’un refrain "typique" hyper catchy. Sur « Freak Show » ça démarre carrément reggae à la cool, avant de se mettre à tailler dans le vif. Sur « Never Say Never » le propos est par contre beaucoup plus rock, et sur « Away » beaucoup plus mélancolique (ce qui n’empêche pas la puissance, ni l’inclusion de parties scratchées). Sur « Trust Me » le ton est cette fois plus robotique (avec des bouts de dubstep également)... Vous voyez – peut-être – le topo? Le chant, partagé entre Robi (le rugueux) et Rini (le délicat - d'ailleurs c'est dingue: ce mec a vraiment une voix de femme!), est très varié, du « lalala » traditionnel au bon vieux growl, l’alliance de ces 2 talents et de l’exceptionnel travail de composition aboutissant à une grosse tartinée de lignes vocales et de refrains extrêmement juteux. Les morceaux sont courts, pleins d’idées, et chargés ras la gueule en énergie. D’ailleurs je vous préviens: enchaîner Freak Show et Energia!, c’est un coup à se retrouver en osmose avec les victimes d’overdose vitamine C / caféine / speed, dans un état de quasi-tachycardie béate.
La totalité de Freak Show est en écoute libre sur leur Bandcamp. Arrêtez-vous donc sur « Bad Apples », « Freak Show », « Trust Me », « Rocks Off », et dans la continuité logique de ce que vous dicteront vos oreilles et votre petit cœur battant joyeusement la chamade, sortez les 10 euros demandés pour acquérir cette merveille.
La chronique, version courte: Freak Show est un joyeux melting-pot de metal syncopé, de musiques folklo-balkaniques, d’électro dansante et de tout un tas d’autres composantes utilisées au meilleur de leurs possibilités, à situer entre Sybreed, Russkaja et Punish Yourself, plus la folie polymorphe mais néanmoins accessible de Spellbound Dazzle. On n’est pas très loin de la sphère nawak… Et en plein dans le « Grand Sourire En Travers De La Trogne » metal !
3 COMMENTAIRES
Norin le 18/04/2013 à 15:20:32
Woooa grosse tarte dans la gueule. Prends tes repères et enfonce les bien profonds là où ça fait mal. C'est bizarre mais tu kiffe ça!
PogoTiM le 18/04/2013 à 17:01:22
Koul ! Je l'attendais cette chro. !
Ils se sont bien fait attendre avec cet album (enfin moi j'étais impatient !), moins metal (moins de grogrowl) que le précédent. Mention spécial pour leur délire sur Bad Apples et surtout, quelle voix (Rini) ! Putain, quelle voix !
cglaume le 18/04/2013 à 17:04:06
Clair qu'il est bluffant : il doit en prendre des pastilles, Rennie (désolé, 'fallait que je la fasse celle-là :) )
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