Dwail - Helter Skelter

Chronique CD album (38:18)

chronique Dwail - Helter Skelter

La Klonosphere? C'est simple (attention: ce type de formule implique immanquablement de grossières approximations): ces zoziaux ont l'habitude de nous proposer des groupes de qualité (yeah!) mais quelque peu formatés (ah?). Tout ça doit bien évidemment être nuancé. Déjà parce que le formatage ci-avant évoqué – et ci-après expliqué – ne concerne pas vraiment les G.T.I., Step In Fluid, Anthurus d'Archer ou encore Trepalium. Et parce qu'en fait de « formatage », il faudrait plutôt parler de « ciblage stylistique » (non, ceci n'est pas un exercice de menuiserie linguistique). En effet les groupes Klonosphere – même s'ils sont liiiiiiiiii-breuh Max – expriment en général leur originalité et leur volonté émancipatrice dans les limites d'un triangle "modern metal" reliant, pour faire court, Meshuggah, Gojira et The Dillinger Escape Plan. Là, comme ça on est un peu plus dans la description, et un peu moins dans la caricature...


Ceci étant posé, on peut affirmer que Dwail est l'exemple typique de la formation portant le gène Klonosphérien, ces nouveaux venus n'aimant rien autant que s'adonner à des élans schmurtz-core déstructuré, à des accès plus sombrement rock – quand ce n'est pas à un matraquage scalpel-thrash moderne. Sur Helter Skelter, on décèle notamment quelques saveurs typées Klone, un soupçon de Dillinger, le tout emballé dans une approche quand même franchement plus typée hardcore. Mais ne minimisons pas pour autant la marge de manœuvre que le groupe s'est accordée afin d'exprimer sa personnalité, notamment via 1) une approche thématique exotico-steampunk 2) l'inclusion de passages flamenco et d'ambiances chamanico-orientales dans ses titres. Bref, Dwail est un groupe relativement inventif évoluant néanmoins dans le cadre bien délimité du domaine stylistique de prédilection de la Klonosphere.

 

Maintenant que vous savez un peu plus clairement à quoi vous en tenir, qu’en est-il des forces et faiblesses de la formation toulousaine? Côté Yang, on retiendra des compos fouillées, une capacité certaine à l’accroche, et de très bons moments qui, notamment, mettent nos nuques à contribution. Côté Yin, on déplorera quelques morceaux pas super folichons (« Rude Awakening » long et trop inégal, « Still Waters Run Deep » slow, dépressif et au final assez désagréable) ainsi qu’un chant qui se heurte à ma conception de l’esthétique vocale, autrement dit tout à fait correct dans le registre hardcore écorché – que je n’apprécie qu'à petites doses – mais aussi agréable que des griffes crissant sur un tableau noir quand il passe en mode « chevrotements geignards ». Ces derniers points ternissent forcément ma perception globale de Helter Skelter, 1er album qui, sinon, est tout à fait recommandable, à partir du moment qu’on n'y cherche pas la révolution musicale en marche. Et il serait en effet dommage de ne pas profiter du très bon « An Iron Hand In A Velvet Glove », morceau d’ouverture qui déploie un sympathique groove « Dou-ouap-ouap-ouap Badou-ouap Badou-ouap » à la Trepalium. On appréciera aussi la belle démonstration de riffing « en morse » (mais si vous savez: les petits traits, les grands traits, bip bidibip quoi), à 2:03 sur « The Next Step ». De même on se délectera de la judicieuse alliance des détours rythmico-mélodiques djent avec la puissance de feu modern thrash, qui fait des merveilles sur « Smoke And Steel » (maman ce tir de barrage à 0:44!). Enfin le groupe nous offre un moment délicieux sur « Omega » et le début de « Neither Man Nor Woman », qui commence paisiblement sur une sieste acoustique à l’ombre d’un arbre, et qui progressivement se mue et s’épanouit en une transe chamanique nous faisant rentrer en symbiose avec la nature environnante… Grand, tout simplement.

 

Bref, ce n’est pas encore aujourd’hui que le label qualité Klonosphere sera durablement égratigné. Certes, avec Helter Skelter, Dwail ne deviendra pas la nouvelle tête de pont du catalogue du célèbre collectif, mais cet album lui fait gagner ses premiers galons et mériter sa place dans les rangs de cette élite d’un genre particulier.

 

PS: preuve, s’il était nécessaire, que le groupe veut se donner les moyens de son ambition: c’est à Logan Mader (Machine Head, Soulfly) qu'ont été confiées les tâches du mix et du mastering de l’album.

photo de Cglaume
le 09/06/2011

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