Dwail - The Human Concern - Judgement & Fall

Chronique CD album (50:21)

chronique Dwail - The Human Concern - Judgement & Fall

N'allez pas croire, écrire dans un webzine n'est pas tous les jours faciles. Car mine de rien, un webzine, aussi amateur soit-il, fonctionne un peu de la même manière qu'une entreprise. Ce qui s'applique également pour Core And Co. Car pour parler de Dwail, c'est un certain lapin jaune qui s'en est chargé en premier lieu en se penchant sur leur premier opus. Puis, ses moustaches ont frémis comme pour tirer la sonnette d'alarme : l'EP suivant nommé The Human Concern Part 1 ayant fait disparaître tout signe d'exotisme dans la tambouille musicale des Toulousains. J'imagine que lorsque sa suite a pointé à la queue des presskits en coulisse, sa truffe a dû s'agiter comme sa starlette télévisuelle en conserve qu'est son cousin Cassegrain. Le colis Dwail, il faut s'en débarrasser et vite ! Et pour cela, le plus simple et efficace est de refourguer ça à la petite nouvelle. De la même manière que le stagiaire se coltinera la corvée café et photocopies au sein d'une grosse entreprise. Et pendant ce temps, il pourra ronger sa carotte sur des étrangetés musicales bien plus enthousiasmantes. Cruel est le monde mais je ne peux décemment pas lui en vouloir car je serais la première à sa place à profiter de ce genre de petits avantages s'apparentant dans le monde de l'entreprise à une prime d'ancienneté.

 

Alors, en attendant de me hisser à son niveau, je m'en vais donc balayer ces restes de déjections glaumiennes. Et par chance, les petites boulette Nesquick du petit déjeuner ont eu le temps de durcir depuis 2013. Dwail aussi a décidé de durcir son contenant car la Part 2 n'arrive pas seule. Car avec eux, c'est tout ou rien, The Human Concern – Judgement & Fall se présentant comme un album complet où l'on retrouve bien la seconde moitié attendue en compagnie de la première. Plutôt sympa pour ceux prenant le train en marche, bien moins fair-play pour les bons élèves possédant la première partie du manuel scolaire qui passeront ainsi à la caisse deux fois pour le prix d'une.

 

Je laisserai à chacun le loisir de se forger son opinion sur cette petite démarche commerciale qui me laisse perplexe, de même que je ne m'éterniserai pas très longuement sur la première partie sous-titrée « Chute » puisque je partage l'avis qu'avait émis la boule de poils jaune à sa sortie, à savoir un modern metal, entre djent Meshuggahien et débauche d'agressivité désarticulée à la The Dillinger Escape Plan première formule, plutôt fadasse. Des morceaux bien maîtrisés qui contenteront sans nul doute le monomaniaque de la vague moderne Klonospherienne aux côtés de Magoa et consort qui en boufferait par palette du matin au soir – et éventuellement en encas nocturne lors des insomnies passagères – mais n'émoustilleront en rien les sympathisants occasionnels. Froid, mécanique et linéaire, ils auront vite fait de classer Dwail comme un groupe parmi tant d'autres qui n'offrira rien de particulier pour se démarquer. Et en configuration d'album intégral, cela se fait encore trop bien ressentir puisqu'on aura tendance à décrocher avec beaucoup de facilité à la seconde moitié où ils sont placés. Qu'on écoutera toutefois d'une oreille distraite au lieu de jouer aux sourds car il faut reconnaître que le rendu doit potentiellement se montrer bien plus percutant et enthousiasmant sur les planches avec la moiteur de l'énergie humaine d'interprétation.

 

Cela tombe fort bien de parler d'humanité car The Human Concern – Judgement & Fall est en réalité un concept album tournant autour d'une attaque extra-terrestre sur notre bonne vieille Planète Bleue. Les deux parties s'attardant sur deux points de vue différents. La partie humaine avec cette première partie sus-nommée et le point de vue extra-terrestre avec la seconde. Simple information que vous vous devez de savoir mais n'attendez nullement à avoir des conséquences musicales aussi marquées et manifestes que ce qu'on a pu entendre dans le dernier Devin Townsend Project. Voire plus récemment encore du premier album de The Gentle Storm, projet réunissant Arjen Lucassen (Ayreon / Star One) et Anneke Van Giersbergen (ex-The Gathering / Devin Townsend Project), dans un autre registre mais tournant sur la thématique de focalisation sur des points de vue différents. Car même si la seconde partie présente quelques petites différences, Dwail n'a pas non plus opéré à un dérapage au frein à main sur le fond.

 

Il faut reconnaître toutefois que même s'il s'agit là encore de cette même recette moderne formatée, le point de vue alien s'en tire bien mieux. Production mieux léchée, plus organique, plus chaleureuse. Ce qui ne fait que donner plus de perplexité quant au volet humain sorti en 2013 qui aurait mérité ce genre de couleur par souci de cohérence tandis qu'on n'aurait pu imaginer des teintes plus froides et cybernétiques pour avoir de l'E.T. tel celui imaginé par Giger et mis en scène par Ridley Scott. Mais par-delà des considérations/fantasmes conceptuels, on sent les moyens supplémentaires acquis via campagne de crowfunding rondement menée.

 

Ce qui lui sied fort bien et semble avoir donné davantage d'ailes à un Dwail déterminé à nous livrer six titres bien plus variés. Certes, le lapin jaune fugueur pleurera encore la perte des petites touches ethniques de Helter Skelter qui semblent être considérées et reléguées par ses géniteurs comme de simples errements de jeunesse. Les autres ouvriront les bras pour accueillir ces petites incursions stoner voire bluesy'n roll. En cela, ovation à « Darkening Trees », de loin la plus grande réussite de la galette toute entière. On obtient là avec ce second volet un résultat qui groove bien plus sans que les Toulousains n'en oublient pour autant la puissance, l'agressivité et les tritures djent.

 

Alors, si Dwail aurait suivi son plan de départ en ne livrant que l'EP contenant la seconde partie, je lui aurais octroyé un petit 7. Malheureusement, la présence de la première partie offrant une seconde moitié de galette bien moins aguicheuse fait un peu plomber le constat. Malgré tout, on ne perd pas de vue le constat que Dwail est encore un petit agneau qui cherche son chemin et qui ne semble pas encore s'être arrêté sur une décision quant à sa véritable substance. Et qu'il se méfie car même s'il ne s'en tire pas trop mal aujourd'hui, il serait peut-être temps d'arrêter sa recette quelque part, histoire qu'il puisse se forger une solide identité autour car on sent que le sujet n'est pas forcément si mûr et avenant que ça à ce niveau.

photo de Margoth
le 28/05/2015

1 COMMENTAIRE

cglaume

cglaume le 28/05/2015 à 10:36:42

Information n°1: le bizuth n'a pas le droit de se plaindre de la tâche qui lui a est assignée sans quoi l'épreuve est jugée nulle et le Bureau des Anciens lui en assignera une nouvelle, plus ingrate encore.

Information n°2: mon cousin c'est Cassebonbons, pas Cassegrain ! :P

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