Ghost - Opus Eponymous

Chronique CD album (34:41)

chronique Ghost - Opus Eponymous

C'est une mode, aujourd'hui, de faire ressurgir tout ce qui provient des années dorées, les années 60-70, à commencer par le support du vinyl. Une sorte de retour atavique au support le plus encombrant qui existe (je ne compte pas les bandes magnétiques, vu que ça n'est pas commercialisé en masse), pour contraster avec les ipods et baladeurs mp3 qui ont détruit ce qui était le moyen de faire valoir le contenu des productions d'artistes. Et comme dans toutes les modes, il y a un côté obscur, une perversion de la tendance, qui se repère de loin : ceux qui profitent du mouvement pour acquérir gloires et richesses.

 

En musique on retrouve l'équivalent de cette tendance à travers un revival de tout ce que l'on apelle "rétro". Cela englobe le vieux heavy metal, le hard rock des 60-70, le rock progressif et le folk. Le tout est souvent joué et enregistré avec du matériel analogique (le matériel numérique n'ayant été utilisé qu'à partir des années 80), le must étant que tout soit directement gravé sur des bandes magnétiques. Ecoutez les derniers enregistrements d'Electric Wizard, le dernier album de The Sword, les sanguignolents de The devil's blood, Witchcraft... Mais voyez aussi le regain d'intérêt pour des groupes comme Coven, Black Widow, Necromandus, Death SS, Trouble et Pentagram, etc. On peut désormais dire que la dernière moitié des années 2000 ont mis ces groupes à l'honneur, comme jamais ils ne l'ont été auparavant. Et pour ceux qui peuvent, ils ont bien raison d'en profiter.

 

Comment crier au génie, alors que cet Opus Eponymous n'est qu'une énième régurgitation d'une vieille musique déjà consommée, avilie d'un code de structuration rigide et dogmatique, un affront à la créativité, le simulacre d'un temps révolu ! Ou bien pis encore, est-ce une imposture, un coup de poker pour attirer les ventes, une solution commerciale de ce qui est "dans le vent" ?

 

 

Et si... Et si on écoutait la musique en elle même plutôt que de tergiverser sur des paramètres qui n'ont finallement aucun rapport avec la véritable qualité d'un disque ?

 

 

Parce que c'est finallement ça que les détracteurs de Ghost ont oublié, occulté de leur verve ! Ne leur en déplaise, ce disque sent la poudre, la véritable musique authentique, sans concession aucune. Selon leurs propres mots, on peut définir cet album comme "un enregistrement qui date de la fin des années 70, mais avec des millions de Dollars pour se payer la meilleure super-production de l'époque". Effectivement, il s'agit d'une production lissée au possible, aux accents (et au format) pop des plus frais, une véritable sucrerie auditive : les refrains collent diablement à la peau, on se croirait devenir aussi abruti qu'une fan de Britney Spears à force de les répéter dans sa douche ! D'ailleurs on retrouve même des passages où le disco fait fureur, des prémices de sons électroniques, et une touche de rock progressif.

 

Mais alors, c'est carrément mou du gland ce truc ? C'est homosexuel ? Les poilus demandeurs de virilité repartiront en effet la queue basse, mais je ne puis ignorer les accents de heavy metal, à savoir du vieux Venom, du Mercyful fate, et même du Helloween à certains passages. Et derrière cela, il y a l'ombre du maître, Black Sabbath, qui bien évidement inspire toute la dimension macabre des compositions.

 

Mais je n'ai encore rien mentionné sur le chant. Un chant clair, maîtrisé et fort, digne de celui d'un prêtre à l'opéra. Non pas de la fioriture à la Dio, ni du "scream" grinçant à la Iron Maiden, mais un chant décomplexé et naturel, illuminé par son récit. En fait de récit, il faut savoir que dans chaque morceau se glisse au moins un "Satan", un "666", un "Bathory", "Lucifer", "Antichrist" et j'en passe... Vous l'aurez compris, le registre est à l'heure satanique, avec tout ce que cela peut entraîner de folklorique et grandiloquent, à la manière de Mercyful fate justement, mais -Satan soit loué- sans ce timbre criard de King Diamond.

 

Ambiance hantée aussi, vampirique, transylvanienne, comme un brouillard en pleine forêt d'hiver, la parole est à la maléfique Goule, mascotte de l'équipe. Celle-ci annonce la fin des temps, la célèbre de ses noires cérémonies contre nature, et prédit les pires événements aux incrédules. Cette nostalgique ambiance d'épouvante ne prendrait pas si les riffs n'avaient pas été si bien choisis, et les structures si bien construites. Le seul reproche que je puis faire à cet album c'est qu'il est trop court, même si cela répond aux formats de l'époque. Cependant, la durée des morceaux , courts eux aussi, permet une certaine dynamique dans l'écoute, d'autant plus qu'aucun n'est à jeter.

 

En conclusion, malgré un cadre rigide qui délimitait trop la créativité dans ce style musical, cette obsession de faire "rétro", Ghost m'a surpris de par sa qualité et sa vivacité. Rise Above a fait bonne pioche en mettant à l'honneur cette sortie, et cela est d'autant plus surprenant qu'il s'agisse du premier album du groupe (l'anonymat des membres nous empêche de spéculer sur la qualité des musiciens, mais on sait déjà que derrière le masque du chanteur se cache Tobias, le chanteur et lead guitar du groupe de Death Thrash Repugnant).

 

 

Achat ou pas achat ? Achat.

photo de Carcinos
le 05/01/2011

1 COMMENTAIRE

frolll

frolll le 04/07/2011 à 19:46:56

ça, c'est une des meilleures nouvelles pour le métal depuis très longtemps

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements