Hooded Menace - Ossuarium Silhouettes Unhallowed

Chronique CD album (41:31)

chronique Hooded Menace - Ossuarium Silhouettes Unhallowed

D'abord articulé en one-man band sous l'impulsion du guitariste Lasse Pyykkö (Claws), Hooded Menace semble aujourd'hui davantage être un groupe à part entière. Si le tout premier opus, Fulfill The Curse, sorti il y a dix ans a recueilli la sympathie de Carcinos, on ne va pas dire que la donne va beaucoup changer pour ce cinquième album, Ossuarium Silhouettes Unhallowed, en terme d'opinion. Bien au contraire, après un précédent grand frère aussi particulier que bancal, les Finlandais reviennent en ce début 2018 en grande forme, reprenant ses basiques en se permettant de les sublimer.

 

Les Scandinaves frappent fort avec ce Ossuarium... qui représente sans doute leur album le plus abouti qu'ils n'aient jamais sorti. A bien des égards, tout transpire l'élégance macabre se complaisant dans les « mi-chemins ». Mi-chemin entre doom et death : jamais l'album ne s'arrête à la lourdeur mollasse du doom et montrera à bien des moments un bon coup de boost vicieux dignes de combos tels qu'Autopsy ou encore Asphyx. Bien suffisant pour réveiller, attirer l'attention, voire la maintenir, du vieil hardos en train de buller au fond de la salle dès lors que que l'on passe au-dessous des 60 BPM au métronome. Mi-chemin entre école scandinave et école british : on pensera tout autant à des October Tide ou Amorphis pour la transmission glaciale de mélancolie plombante qu'à la fameuse Trinité Peaceville de la grande époque, Paradise Lost en tête, avec ce subtil soupçon de sensualité dark wave porteuse de fièvre danseuse d'outre-tombe. Voire même le chaînon manquant entre Cathedral et Candlemass selon les moments. Et enfin, mi-chemin entre riffing tranchant et affalement mélodique : enchevêtrement de riffs maidenesques submergés par diverses couches tourmentées de désolation sépulcrale.

 

Conté par une toute nouvelle figure vocale, Harri Kuokkanen (Horse Latitudes), au timbre profond digne d'un colosse fraîchement sorti de terre, Ossuarium... allie également l'ensorcellement rampant d'une lead guitar et les bons martellements de rythmiques glaciales qui font bien craquer la nuque jusqu'à la faire décrocher. Hypnotisant mais jamais chiant, Hooded Menace aime casser son propos dès que l'apathie pointe le bout de son nez, nous assénant de fausses illusions de vie tel l'utilisation d'un défibrillateur sur un agonisant épuisant son dernier quart de souffle vital. Des coups d'épée dans l'eau ne faisant que retarder l'échéance funeste de quelques mesures avant de reprendre son concerto pour macchabées des marécages comme si de rien n'était.

 

Alors, bien entendu, il n'y a rien de foncièrement original dans le propos de Hooded Menace, ne faisant que puiser à droite et à gauche de diverses chapelles fortement éculées. Mais les Finlandais arrivent tellement bien à se les approprier et les harmoniser avec un équilibre sophistiqué, le côté plus rentre-dedans des débuts ayant été atténué, qu'il en atteint une profondeur viscérale et anxiogène véritablement captivante. Sans nul doute, la galette d'outre-tombe majeure de ce début 2018.

photo de Margoth
le 18/04/2018

1 COMMENTAIRE

gulo gulo

gulo gulo le 19/04/2018 à 06:19:06

Je suis un peu triste que Pyykkö ait arrêté de chanter, mais cette orientation de plus en plus mélodieuse prise avec le précédent leur sied de mieux en mieux. Un album délicieux comme un goûter automnal au bord d'un loch.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements