Krypts - Cadaver Circulation

Chronique CD album (37:13)

chronique Krypts - Cadaver Circulation

** Quelque-part sur le Facebook de 2019 **

Mlle Hibernatus : « Ça fait un bail que je n’ai pas suivi l’actu… ‘y a quoi de bien en Death ces derniers temps ? »

Lapin Jaune : « Essaie les derniers Slugdge et Vltimas. »

Online Deathser #1 : « …  et puis le XXXXXX et le Chapel of Disease ! »

Online Deathser #2 : « … le Krypts et le YYYYYYY ! »

Online Deathser #3 : « … les derniers Chapel of Disease et Krypts ! »

Online Deathser #4 : « Et n’oublie pas les derniers ZZZZZZZ et Krypts ! »

 

OK ok, très bien. Moi aussi, les bons conseils, je prends. Surtout s’ils remportent une telle adhésion ! Quoiqu'après un survol rapide, il semble que le rond de ce Cadaver Circulation ne soit pas naturellement adapté au carré de ma duveteuse oreille… Parce que Krypts fait plutôt dans le Doom/Death abyssal que dans le Death-qui-parfois-ralentit-pour-bâtir-de-belles-cathédrales. Mais s’il fallait n'ouvrir la porte uniquement qu'aux disques ayant un premier abord familier, on n’aurait jamais le plaisir de se faire combler les conduits par des OVNI de passage. Alors faisons-nous violence et essayons de profiter de cet album qui – ce n'est pas rien – a réussi à rendre tout chose tant de mes colloc’ du web.

 

Krypts, donc, c’est la Finlande. Pas celle de la riante maison du Père Noël et des lutins malicieux qui dansent en rond au fond des bois. Pas celle des flonflons et des dorures de Nightwish, Sonata Arctica et Apocalyptica. Plutôt celle de Thergothon, Demilich, Skepticism, Convulse, Swallow the Sun, Adramalech et Hooded Menace (dont Otso Ukkonen, le batteur, a furtivement fait partie). Ce pays où des âmes en peine errent sans but, tout au bout de l’extrémité du monde, en des lieux où la terre est stérile et les ronces hostiles.

 

… Ah c’est sûr, pour profiter de ce 3e album il ne faut pas avoir envie de faire tourner les serviettes avec ses copines les sardines, serrés au fond d’une boîte !

 

Grosse bourrasque d’épais charbon, blasts broussailleux, impression de se retrouver tourneboulé dans un vortex de galets et d’eau froide après s’être fait renverser par une méchante vague, « Sinking Transient Waters » démarre comme un élève appliqué de l’école Incantation / Immolation, avec vocaux pleins d’échos spectraux, entités innommables planquées dans les coins et micros plantés au beau milieu d’un caveau aux murs recouverts de lichens. Sauf que la coulée de lave se fige rapidement pour aller mourir au fond d’un froid précipice Doomeux. Ici le paysage semble avoir été réalisé d’après les plans de ce bon vieux H.P. (pas Hewlett-Packard, Howard Phillips !) : les murs de R'lye qui se dressent alentours sont monumentaux et dépouillés de toute vie, la désolation semble sans fin… Jusqu’à ce qu’une nouvelle vague formidable renverse tout en un tumultueux fracas sous-marin. Il ne ferait pas bon tenir un club de plongée dans ces tristes contrées !

 

Les augures ne sont pas meilleurs sur « The Reek of Loss », morceau plus Doom encore, au lourd mouvement de balancier lancinant et à la lumière blafarde. Ami dépressif, ne t’aventure point en ces terres, à moins que tu veuilles en finir au plus vite. Car tout ici accule à commettre l'irréparable: les protestations millénaires de cette créature qui peine à s’extraire de la lourde gangue de plomb qui la paralyse, l’horizon cafardeux, et ces morne blattes auxquelles le désert apocalyptique n’offre même plus un bouquet de chardons à becqueter… On se croirait à un championnat de Scrabble dans une Ehpad de Meurthe-et-Moselle !! Plus loin, sur « Mycelium », variante : on tangue, hagard, d’un pied engourdi sur son jumeau hésitant, poussé par à-coups d’espaces vides en lieux flous…

 

Mais ne caricaturons pas de manière trop systématique. Car ce sont de belles fluctuations lumineuses que l'on entend ouvrir « Echoes Emanate Forms », avant que celui-ci ne se décide à mener son train inexorable. Et même si c’est en compagnie de lemmings lovecraftiens que le voyage s’effectue, on constate vite que d'élégantes enluminures aèrent ce monolithique monument de désespoir. Sur « Vanishing », surprise, c’est un groove à large encolure qui nous dégourdit la moelle pendant une bonne minute et demie… Avant que le morceau ne sombre dans une torpeur mortifère. « Circling the Between » se pare quant à lui de leads tristes mais élégantes, cette flamme faible mais belle brûlant jusqu’à un final brumeusement séduisant, de ceux qu’on ne trouve qu’en Scandinavie.

 

Il est manifeste que les web-potos amateurs de « Death » qui ont dispensé leurs conseils en début de chronique sont tout sauf de joyeux drilles. J’avais espoir que leurs coups de cœur seraient à même de me convaincre – après tout j’avais carrément accroché aux vastes visions d’apocalypse proposées par le Välde d’Humanity’s Last Breath et l’Apocalypse de Colosso… Sauf que malgré toute la majesté dont il fait preuve et l’immensité des paysages qu’il propose, DJ Krypts cale sur ses platines de trop grandes quantités d’afflictions, d’engourdissements crépusculaires et de sinistres prostrations pour que je vire ma cuti musicale. Je comprends néanmoins sans mal que ceux qui aiment regarder dans l’abîme, les deux pieds plantés dans un congélo, en se caressant les poignets à la lame de rasoir, trouvent ici matière à gros kiff métallique….

 

PS : espérons que le Chapel of Disease, tout aussi chaudement recommandé, sera plus compatible avec le velours de mes grandes oreilles…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: noire est l’abîme, suspendue la vie, figée la batterie, sans fond le désespoir... Plus Doom sépulcral que Death/Doom automnal, Cadaver Circulation séduira les âmes sombres qui aiment se laisser hypnotiser par des entités lovecraftiennes tout juste décongelées. Par contre ceux qui veulent être vigoureusement secoués par des visions apocalyptiques (le lapin qui vous cause par exemple) préféreront les nuées de sauterelles proposées quelques mois plus tard par Humanity’s Last Breath (Välde) et Colosso (Apocalypse).

photo de Cglaume
le 03/01/2022

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