Hooded Menace - The Tritonus Bell

Chronique CD album (43:32)

chronique Hooded Menace - The Tritonus Bell

Finis les palabres et discussions interminables. Je n’ai pas à argumenter plus que nécessaire : cette pochette magnifiquement régressive place de facto cet album dans mon classement des meilleures sorties de cette année. Un squelette de moine, une cloche en forme de crâne, une meute nébuleuse de fantômes hurlants : que vous faut-il de plus, bon sang ? Si cela ne trouve pas grâce à vos yeux, rien n’est plus possible pour le salut de votre âme rustre et souillée, dépourvue de toute sensibilité esthétique et d’appétence pour le Beau. Qu’elle aille rôtir en enfer ou qu’elle achète un 2 pièces à Châteauroux sans passer par la case purgatoire, qu’importe, tant qu’elle souffre le martyre. 

 

Venons-en à la musique maintenant. Hooded Menace a rajouté de la mélodie à son doom-death caverneux et les Finlandais n’y ont vraiment pas été de main morte. Alors, sont-ils devenus des traîtres à la cause du doom, des vendeurs de soupe et des plagiaires de Nightwish, ou pire, des fans d’Iron Maiden ? Pas vraiment. Hooded Menace reste un groupe pesant aux atmosphères lugubres mais se révèle paradoxalement dynamique, entraînant et accrocheur. Sans se renier, les Finlandais en deviendraient presque virtuoses et parfois baroques en multipliant les plans alambiqués et accrocheurs et superposant les harmonies à la guitare sans que ne survienne à aucun moment un quelconque sentiment d’indigestion. On y retrouve certes de nombreuses influences du heavy metal - Mercyful Fate est une référence revendiquée par le groupe - mais ce sont surtout les réminiscences des ambiances gothiques du Paradise Lost des années 90 qui me viendraient encore plus spontanément à l’esprit. The Tritonus Bell reste un album de doom / death à l’ambiance franchement mélancolique, parfois funèbre et tragique, mais, et c’est sa grande force, sait apporter de la variété, des ruptures dans les progressions et les structures de ses chansons. Avec talent, les Finlandais savent faire cohabiter des mélodies de guitare lyriques - je ne me remets toujours pas de l’envolée de l’introduction de "Chime Diabolicus" - avec les ambiances pesantes et poisseuses d’un titre comme "Corpus Asunder" qui fleure bon la crypte sombre et humide, les caveaux fétides et les rites occultes. Lorsque les albums de death / doom sont le plus souvent répétitifs ou monolithiques - ce n’est pas un reproche, c’est exactement ce que l’on apprécie chez les groupes du genre - Hooded Menace se fiche plutôt pas mal des schémas habituels et dessine un arc entre toutes ses influences, du heavy mélodique de Don’t break the oath de Mercyful Fate au doom morne du Brave Murder Day de Katatonia.

 

J’ai pu lire en parcourant les pages de webzines nettement moins recommandables que celui que vous lisez actuellement que Hooded Menace faisait ici preuve d’une certaine facilité et se vautrait dans la “guimauve” en osant varier ses compositions et revendiquer ses élans mélodiques. C’est en fait tout le contraire, dans un genre musical où l’orthodoxie et la sobriété sont élevées au rang de valeurs cardinales, le groupe prend le risque de décevoir et de voir naître les critiques les plus acerbes en enrichissant sa palette musicale et en laissant autant le champ libre aux mélodies et aux harmonies. Il ne s’agit sans doute pas des termes parfaitement adaptés pour décrire un disque de doom death, genre revêche et austère par excellence, mais The tritonus bell est un album franchement enthousiasmant et réjouissant.

photo de Marc
le 08/12/2021

1 COMMENTAIRE

cglaume

cglaume le 08/12/2021 à 11:13:11

Ça me donnerait presque envie de me doomifier dis !!!

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